18 nov. 2025

Immigration au Québec : Entre mémoire migrante et avenir citoyen

Combien de temps faut-il à un immigrant au Québec pour devenir Québécois ?


Introduction : Une société en mutation

Le Québec, comme de nombreuses sociétés contemporaines, est confronté à des transformations profondes en ce début du 21e siècle. Parmi ces transformations, l’immigration occupe une place centrale dans les débats politiques et sociaux. Ce texte explore les tensions, les paradoxes et les défis liés à l’intégration des immigrants dans la société québécoise, en mettant en lumière les enjeux culturels, historiques, linguistiques et sociaux.

 

Entre hier et aujourd’hui : une évolution contrastée

Depuis 1995, l’immigration revient régulièrement dans le discours politique québécois, souvent instrumentalisée à des fins électorales. Les immigrants, bien qu’ils se sentent Québécois et Canadiens, sont fréquemment perçus comme des «autres». Le débat public est marqué par des contradictions et des incompréhensions, notamment parce que les politiques tiennent suffisamment compte des besoins réels de la société daccueil et peu ou pas du tout de ceux des communautés ethnoculturelles.

 

Le triptyque sociétal : Famille - Démographie (régionalisation) - Langue française.

 

La famille ne répond pas du tout au profil de la famille québécoise qui depuis les années``60`` s’est totalement transformée. Elle-a évolué devenant un modèle hybride, loin des structures traditionnelles notamment avec les acquis liés à l’égalité des droits entres les femmes et les hommes, l’accès des femmes au monde du travail ainsi que la protection des enfants contre toute forme de violence.

 

La langue française, au sein des communautés ethnoculturelles n’est pas du tout prise en charge dans les réflexions politiques. Elle est fragilisée non seulement par l’influence de l’anglais mais par la diversité linguistique des nouveaux arrivants. Son enseignement aux allophones ne répond plus aux besoins des nouveaux arrivants comme cela fut lorsque ceux-ci arrivaient avec des qualifications de hauts niveaux dans la langue de leurs pays d’origine et une maitrise partielle ou totale de la langue de Molière.

 

Une histoire de l’immigration au Québec

L’immigration au Québec s’est déroulée par vagues successives :

 

·    Du 17e au 18e siècle a vu l’arrivée de communautés chrétiennes européennes (Français, Espagnols, Irlandais, Portugais…).

·    Pendant les années 1930, le profil des nouveaux arrivants a légèrement changé pour voir constater qu’elle était intra-américaines (Allemands, Italiens, Grecs…).

·    Durant les années ``50``et ``60``la poursuite du flux européen a été observé et avec l’arrivée de populations d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient la diversité s’est accrue.

·    Depuis les années 2000 : On voit une augmentation incontrôlée des demandeurs d’asile et des réfugiés, avec une baisse du nombre de résidents permanents qualifiés.

 

Cette évolution a modifié le profil des immigrants : Ils sont moins qualifiés, moins expérimentés, et souvent porteurs de valeurs peu compatibles avec celles de la société québécoise.

 

La famille immigrante : entre confrontation et adaptation

La famille immigrante d’aujourd’hui diffère de celle des précédentes. Les valeurs des immigrants restent souvent ancrées dans celles de leurs pays d’origine, ce qui crée des tensions avec les normes québécoises. Les politiques d’intégration doivent tenir compte de cette réalité, en adoptant une approche cohérente et humaine. La famille immigrante d’où qu’elle vienne répond aux caractéristiques patriarcales et cultuelles. Les valeurs qu’elle apporte avec elle sont fondées sur des repères et des standards qui n’ont plus court ou le sont relativement peu au Québec.

 

Le statut des femmes immigrantes : un enjeu majeur

Les immigrants sont des êtres humains

 

La Révolution tranquille a permis des avancées significatives pour les femmes québécoises, notamment en matière de droits, d’émancipation et de reconnaissance sociale. En revanche, les femmes immigrantes, souvent issues de sociétés patriarcales, n’ont pas bénéficié des mêmes progrès. Leur féminisme est davantage sociopolitique (lutte contre le colonialisme, contre le totalitarisme, la dictature, pour la reconnaissance des droits) que socioculturel.

 

Les défis sont nombreux : La francisation, l’apprentissage du numérique, l’accès à l’emploi, à la santé, au logement, à l’éducation. L’émancipation des femmes immigrantes est essentielle pour éviter leur marginalisation et favoriser leur pleine citoyenneté. Le soutien aux jeunes filles immigrantes est tout aussi crucial pour leur permettre de s’engager activement dans la société québécoise en devenir.

Cependant, l’émancipation des femmes immigrantes en provenance du Sud est freinée par des pratiques patriarcales, des conflits, des violences aussi bien familiales que communautaires, des influences a distance qui deviennent des handicaps. Au Québec, les luttes féminines ont permis des progrès notables depuis les années 1960. Il est donc impératif d’étendre ces actions aux femmes immigrantes, en favorisant leur autonomie économique, leur accès à l’éducation et leur reconnaissance sociale.

 

Jeunes immigrants : entre chocs culturels et résilience

Je suis Québécois mais mon père est d’origine Algérienne

 

Les jeunes immigrants, qu’ils soient nés au Québec ou arrivés récemment, vivent des chocs culturels multiples : Même si le choc du départ, finit par s’estomper au fil du temps celui de l’arrivée se vit sur le plan identitaire. Le statut migratoire des parents influence leur propre intégration. Souvent, les parents perdent leur statut social antérieur, ce qui affecte la cohésion familiale. Malgré ces obstacles, de nombreux jeunes réussissent brillamment dans leurs études, s’engagent dans des activités communautaires et contribuent activement à la société québécoise. Pourtant, ils sont encore perçus comme des immigrants, même s’ils sont nés ici.

Il dit parler en français mais je ne le comprends pas

Apprentissage du français : un levier d’intégration

La maîtrise du français est essentielle pour l’intégration des immigrants. Les cours de francisation doivent être adaptés aux besoins des apprenants, notamment en milieu professionnel. Les contenus actuels sont souvent insuffisants ou inadaptés.

Les immigrants francophones (issus d’anciennes colonies françaises) ont plus de facilité à apprendre le français que ceux venant de pays anglophones ou moyen orientaux. Cela confirme que le capital linguistique francophone étant lui-même en déclin dans certains pays du Sud, les bassins de recrutement devraient être revus avec d’autres critères.

 

Planification et régionalisation : un défi stratégique

La régionalisation de l’immigration ne peut être prescrite sans préparation. Elle nécessite une coordination entre les lieux d’arrivée et les régions d’accueil, une répartition équitable des ressources, et une réduction des délais de traitement des dossiers. Le document de planification triennale 2026-2029 du gouvernement a fait l’objet de critiques avoir seulement ciblé les seuils en occultant les autres paramètres. La quête d’harmonie sociale exige une réflexion approfondie sur les impacts sociaux de l’immigration, tant pour les Québécois que pour les immigrants eux-mêmes.

Conclusion : vers une intégration réfléchie

A mon humble avis, la planification de l’immigration devrait anticiper les contraintes identitaires, politiques culturelles, sociales et économiques. Elle devrait promouvoir des solutions adaptées aux besoins des populations. Si certains paramètres plaident pour une augmentation des seuils d’immigration (pénurie de main-d’œuvre, vieillissement démographique), d’autres justifient leur réduction (inadéquation des profils, tensions sociales).

 

Le Québec a tout intérêt à repenser ses politiques d’immigration pour favoriser une intégration réussie, mutuellement avantageuse aussi bien pour la société d’accueil que pour les sociétés immigrantes. Cela implique de reconnaître dès le départ les immigrants comme des citoyens à part entière, capables de contribuer aux transformations futures de la société dans toutes ses composantes.

 

Ferid Racim Chikhi

5 oct. 2025

Québec : Pour une immigration qualitative !

Ce n'est pas le nombre qui compte c'est la qualité des profils

En ce mois d’octobre 2025, au Québec, l'immigration se hisse au sommet des dossiers fortement politisés. Qu’elle soit de date récente ou ancienne l’immigration depuis trois décennies attirent les regards de tous les Québécois.

Depuis les années ‘’90’’ et jusqu’à nos jours, si ce ne sont pas des individus ce sont des communautés entières qui sont pointées du doigt. Les noirs ont été les premiers à faire les frais d’une focalisation exacerbée par des propos les uns aussi indignes que les autres dans un Québec qui se qualifie d’accueillant.

Puis, depuis, la fin des ‘’2000’’ ce sont les musulmans qui ont grimpé au podium et de nos jours tous les demandeurs d’asiles qui seraient la cause de tous les maux de la société québécoise.

Pourtant, tous participent au développement d’une société industrielle, qui voudrait encore progresser mais semble faire du surplace, en raison essentiellement d’une navigation sans vue sociétale des gouvernants.

Depuis ce mois d'octobre 2025, les travaux de la commission des relations avec les citoyens de l’Assemblée nationale planche sur la planification de l’immigration pour la période 2026/2029. Le gouvernement et quelques organisations en charge opérationnelle échangent sur ce dossier qui réduit la tension sur ceux de l'économie, de l'industrie, etc. Période pré électorale oblige. Table de concertation des réfugiés et des immigrants, patronat et autres chambres de commerce, organismes spécialisés dans l'accueil, l'installation et l’emploi des nouveaux arrivants, etc, vont en parler jusqu'à la fin du mois.

Avec plus de 600.000 immigrants (tous statuts confondus) arrivés, depuis 2019, en terre Québécoise, il faut admettre que les conditions de leurs accueil ne sont pas toutes réunies : Logement, emploi, santé, éducation, et bien d'autres affaires qui, si elles (les conditions) sont bien réunies feraient le bonheur de tous. Mais, attention, les services en question craquent sous le poids du nombre... et le pire réside à mon avis dans la demande du monde du travail, tous territoires confondus, qui exige plus d'immigrants pour occuper les milliers de postes vacants et l'IA n'est pas pour répondre aux déficits observés, ici et là, et ceux qui selon certains, émergeront si le nombre de (+)90.000 n'est pas atteint en 2026.
Athmane, un demandeur d’asile ayant fui, non pas seulement, son pays mais le continent entier d’où il vient, me confiait : ‘’Ce n’est pas parce que je suis demandeur d’asile que je n’ai pas de qualifications, d’expériences ou de compétences…pourtant, je ne trouve pas de travail’’.

Pourtant, des milliers sont PAB, commis d’entrepôt, agents d’entretien ménager, commis de plancher, agents techniques (ingénieurs), chauffeurs (médecin, architectes), plongeurs (cuisiniers), etc. Pendant, ce temps la CRC entend des organisations dont quelques-unes ne sont pas toujours au fait des problématiques du terrain.

À méditer …!

https://lnkd.in/ekHiYbqJ

9 févr. 2025

L'Algérie n'est pas une chasse gardée de la France

Voici pourquoi la France est comme un cul-de-jatte sans l’apport de l’Algérie

Février 4, 2025 –

 


Une contribution de Ferid Racim Chikhi(*) – Le président Tebboune a accordé, ce 2 février 2025, un entretien au quotidien libéral français L’Opinion. Le président Macron aurait-il le loisir d’en faire de même dans un média algérien ? Le président algérien a été clair et ses propos en adéquation avec la rupture des relations avec la France. Dans ce qui suit, j’aborde succinctement les changements dans le monde depuis les années 80, le nouveau millénaire et les nouvelles configurations géopolitiques, le dénigrement des Algériens, de l’Algérie et de ses dirigeants, les leçons d’histoire non apprises par une France revancharde et manquant de jugement situationnel.

Des changements majeurs dans le monde

Si l’on observe le cul-de-sac dans lequel se trouve l’Europe après sa contribution industrielle du XVIIe à la formation industrielle du reste du monde, on peut sans conteste souligner que son modèle de gouvernance est arrivé à échéance dès 2022, avec le Brexit. Pendant ce temps, «l’empire US» tente d’imposer son empreinte libérale et égocentrique comme l’ont fait avant lui tous les empires, romain, byzantin, ottoman, etc.

A la fin des années 50 et au début des années 60, les pays colonisés ont arraché leur indépendance avec force résistance et âpres luttes contre les colonialismes. Le géant chinois a progressé à grand pas et affiche avec humilité sa puissance aussi bien industrielle que sociétale. La formation et l’émergence de puissances économiquement indépendantes des «pays industrialisés» se sont accélérées.

Au cours des trois dernières décennies du dernier millénaire, le monde bipolaire a laissé place à une nouvelle configuration qui reste encore de nos jours en gestation et en recherche d’équilibres potentiellement avantageux pour les deux grands blocs et le reste du monde. Les points clés de ce changement ont débuté dans les années 80 avec Solidarnosc en Pologne, la Perestroïka et la Glasnost en URSS et leurs effets sur le démantèlement des Balkans, la chute du mur de Berlin et la réunification de l’Allemagne, l’émergence de nouveaux modes économiques avec les pays du Golfe, sans omettre de souligner les multiples crises générées autour des hydrocarbures, des invasions et de destructions de pays qui n’acceptaient pas la tutelle des pays atlantistes.

Clairvoyance et vision

Le nouveau millénaire voit l’émergence d’un découpage qui montre que les anciens colonisateurs, même s’ils ont cherché à maintenir leur domination directe sur leurs anciennes colonies, ont perdu énormément de leur pouvoir prédateur. Toutes ces transformations comme les ouvertures offertes par la Chine et ses alliés (BRICS) et les pays émergents (Pakistan, Indonésie, Malaisie, etc.) sont devenues, en quelques décennies, un bloc économique et industriel porteur d’espoir.

Toutefois, malgré l’onde de choc provoquée par le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (Brexit), ni l’Europe ni la France ne se remettent en question et restent ancrées aux amarres des séquelles de leurs colonialismes. Leur entêtement les conduit à œuvrer pour l’accaparement des richesses des pays et des populations qui ont dit «non à l’asservissement et au pillage».

Le dénigrement systématique de tout ce qui est algérien

En France, les gouvernants de l’équipe Macron assujettis à l’extrême-droite, avec un cadre de références sionistes, constatent que depuis moins d’une décennie, l’Algérie, non seulement est restée fidèle aux principes du non-alignement et à la non-ingérence, mais aussi a bien débuté son redressement tous azimuts, alors que ses institutions fonctionnent tant sur le plan interne qu’au plan international.

Le modèle de gouvernement et d’administration de l’Algérie sied aux Algériens, à leur culture et même à leur identité. Cependant, il constitue pour bien des délinquants de la «boulitique» française une opportunité pour dénigrer à satiété et en continu l’Algérie et les Algériens. Mieux encore, ils ont trouvé des mercenaires qu’ils instrumentalisent pour ajouter à leurs délires, en expliquant leur attitude par un «ce ne sont pas aux Algériens que nous en voulons mais à leurs gouvernants et notamment à leur armée». Par ailleurs, si ce ne sont pas ces derniers qui occupent leur temps, ce sont les seuls otages israéliens libérés en bonne santé qui sont leurs sujets de prédilection. Point de compassion pour les victimes du génocide que subissent les Palestiniens.

La France n’apprend pas de son histoire

En plus de la dictée sioniste, ces détracteurs se réfèrent à des théories sociales d’une autre époque, oubliant que les Algériens ne sont pas des fanatiques mais des résistants qui peuvent être conservateurs face aux intrusions inappropriées. Ils ne sont pas des intégristes au point de s’ostraciser, mais peuvent se référer aux fondements de la religion majoritaire et surtout que les référents de la Révolution de Novembre 1954 en ont fait un pays indépendant depuis plus de 63 ans. Il en ressort que l’État algérien est souverain et que l’ère de la colonisation est bel et bien terminée.

Le plus odieux dans toute cette pièce de théâtre, c’est la référence à l’Etat de droit et à la liberté d’expression qui autorise des acteurs amateurs, en mal de notoriété, de proférer des mensongères en continu. «Géométrie variable», disent des Français sérieux.

Des dates à retenir ? Le 24 juillet 2024, le 4 novembre 2024 et le 16 novembre 2024. Une petite recherche sur Google et apparaissent les causes visibles des agressions systématiques de l’Algérie par la France.

En clair, le plus exécrable du côté français réside dans cette tendance qu’ont certains de leurs influenceurs de pacotilles à considérer l’Algérie comme une chasse gardée de la France et que rien ne doit se faire sans son aval. Au-delà du pillage de ses richesses et particulièrement de ses ressources humaines, ces influenceurs de la dernière heure savent que sans l’apport de l’Algérie, la France est comme un cul-de-jatte : quelque chose lui manque et pourtant, ils persistent à endosser leurs appels à sanctionner l’Algérie avec fermeté en ciblant, depuis plusieurs mois, ses dirigeants.

Dénoncer l’accord de 1968, disent des nostalgiques d’une ère à jamais révolue, sous couvert d’une liberté d’expression qu’ils bafouent toute honte bue. L’histoire et la mémoire ne sont pas des sujets qui intéressent ces pyromanes des temps modernes. Ce qui est curieux, c’est que le gouvernement français ne bouge pas et laisse ses schizophrènes de la politique primaire s’en prendre aux relations entre les deux pays.

Quelques voix positives se font entendre

Heureusement, ici et là, quelques voix se font entendre pour tenter de calmer les esprits et pour dénoncer la rupture annoncée. Or, cette rupture est bel et bien consommée depuis le 24 juillet 2024, date de rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. Ce que ne semble pas avoir compris l’Elysée et le Quai d’Orsay. Question de principes ! L’Algérie a rompu et ne reviendra pas en arrière, parce qu’elle sait que le retour de manivelle qu’elle subira sera plus violent que toutes les diatribes auxquelles elle est confrontée depuis toujours, tant en France qu’en Europe.

Contre toute attente, l’Algérie et les Algériens savent qu’un pays ne se construit pas en une décennie après avoir subi la pire des colonisations de l’histoire de l’humanité. Un pays s’édifie sur plusieurs décennies après avoir longuement travaillé. Or, il n’y a que ceux qui ne travaillent pas qui ne font pas d’erreur. La France macronienne et ses mythomanes l’ont-ils compris ?

F. R.-C.

(*) Analyste senior chez GERMAN

24 déc. 2024

Questions

Les pour et les contre

Les cas Sansal et Daoud, qui, selon toute évidence et, vus sous l’angle des donneurs de leçons qui se sont érigés en juges, n’en font qu’un et il interpelle les Algériens et en particulier tous les intellectuels, qu’ils soient pour ou contre l’un ou l’autre ou encore restent dans l’indécision.
Quand on relève que quelques personnages en vue dans l’Hexagone et ailleurs en Europe émettent une seule hypothèse, celle qui consiste à cibler les gouvernants algériens en les qualifiant, sans ménagement, de dictateurs, on se rend très vite compte qu’il ne s’agit plus d’une polémique soulevée à la suite de la détention de Boualem Sansal, mais bel et bien d’une agression médiatique caractérisée menée tambour battant par les mêmes laudateurs, concepteurs d’une phraséologie périmée et sans effet sur la justice algérienne. Celle-ci suivra son cours normal, et la décision qu’elle prendra apaisera, d’un côté, les consciences des Algériens et, d’un autre côté, éclaboussera les brailleurs de tout bord.
Vu d’Amérique du Nord, quelques exilés algériens, qui se sont fait une place dans le froid canadien, ont abordé la question relative à la posture de ces deux individus, et qu’ils soient du centre, du sud, de l’est ou de l’ouest, ils distinguent globalement le droit à la liberté d’expression et les limites de celle-ci dans un cadre de références établi par chaque Etat et ses institutions législatives.
En fait, nous avons beau être du côté de la liberté de conscience, celui de la liberté de pensée ou, par extension, celui de la liberté d’expression, l’éthique veut que l’on s’interroge sur les motivations profondes de ce branle-bas médiatique qui occulte tout un pan de la problématique.
En France, vu l’uniformisation de l’information exigée par ceux qui ont acquis les médias lourds, les influenceurs, les animateurs des plateaux et les accès autorisés aux sources d’information qui les fabriquent, selon le même schéma suprémaciste, les médias lourds ne se gênent pas de se mettre du côté des politiques, qu’ils soient de droite, du centre ou de gauche et de casser de l’Algérien.
C’est ainsi que des individus et des petits groupes d’approbateurs, de courtisans, d’encenseurs, tous en mal de notoriété, épelant mot à mot ce que leurs mentors leur dictent, tentent d’influencer non pas des gouvernants mais tout l’Etat algérien et, partant, sa justice en invoquant soi-disant l’exigence et la garantie du droit à la liberté d’expression pour tous, même si le cadre de références légales est mis à mal. Alors, à quoi servent les institutions et leurs lois ?
Par ailleurs, le pire dans cette démarche, c’est que ces Algériens devenus nouveaux influenceurs accusent ceux qui n’adhèrent pas à leurs cris effarouchés d’être du côté des dirigeants, des «dictateurs» et du pouvoir algériens ; eux ne le sont pas cependant, ils s’expriment par les médias sociaux sachant que les autres tribunes des médias lourds de leurs pays d’accueil leur sont inaccessibles, y compris pour parler de leurs créations.
Dès lors, et sans aller plus loin, trois questions à un euro «français» se posent :
1) Est-il normal qu’au nom du droit à la liberté d’expression, un écrivain ayant un statut récent de binational soit plus anti-Algérien et arrive à ameuter une horde d’hyènes qui ne cache nullement sa haine de l’Algérie et qui dit s’attaquer non pas à son peuple mais à ses seuls dirigeants, occultant ainsi une réalité fondamentale, essentielle et incontournable, à savoir que l’Algérie est une et indivisible outre qu’elle est un Etat souverain et indépendant ?
2) La liberté d’expression n’est pas à sens unique. Dès lors, l’élite et les intellectuels algériens n’ont-ils pas le droit de soutenir leur Etat, ses gouvernants et leurs pays contre un des leurs, devenu subitement «historien» et dissimulant le principe fondamental consacré par le droit international selon lequel les frontières héritées depuis l’indépendance sont intangibles ?
3) Les négociateurs d’Evian (Algériens et Français) n’avaient-ils pas décidé du territoire algérien, y compris le Sahara, ainsi que, pour une période, Reggane et Mers El-Kebir ?
Sansal ne pouvait pas ignorer ces paramètres, et en y touchant il a déraillé en insultant, non pas seulement l’Algérie et ses citoyens mais aussi ceux qui se sont sacrifiés par vagues et de génération en génération, depuis 1830 pour recouvrer la dignité de tous et le territoire occupé par les forces colonialistes. Malheureusement pour lui, peut-être dans des moments d’aveuglement et sous la dictée de ses mentors, il a confirmé sa distance et son ingratitude à l’endroit de l’Algérie, Etat, gouvernants et peuple. Il a choisi d’emprunter un segment d’histoire qui, s’il venait à être considéré parce qu’énoncé par un «influenceur» bénéficiant du soutien de quelques associations et autres groupes réactionnaires, remettrait en cause toutes les frontières du monde.

Ferid Racim Chikhi
In Algérie Patriotique du 08 décembre 2024.
https://www.algeriepatriotique.com/2024/12/08/questions/ 

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