9 févr. 2025

L'Algérie n'est pas une chasse gardée de la France

Voici pourquoi la France est comme un cul-de-jatte sans l’apport de l’Algérie

Février 4, 2025 –

 


Une contribution de Ferid Racim Chikhi(*) – Le président Tebboune a accordé, ce 2 février 2025, un entretien au quotidien libéral français L’Opinion. Le président Macron aurait-il le loisir d’en faire de même dans un média algérien ? Le président algérien a été clair et ses propos en adéquation avec la rupture des relations avec la France. Dans ce qui suit, j’aborde succinctement les changements dans le monde depuis les années 80, le nouveau millénaire et les nouvelles configurations géopolitiques, le dénigrement des Algériens, de l’Algérie et de ses dirigeants, les leçons d’histoire non apprises par une France revancharde et manquant de jugement situationnel.

Des changements majeurs dans le monde

Si l’on observe le cul-de-sac dans lequel se trouve l’Europe après sa contribution industrielle du XVIIe à la formation industrielle du reste du monde, on peut sans conteste souligner que son modèle de gouvernance est arrivé à échéance dès 2022, avec le Brexit. Pendant ce temps, «l’empire US» tente d’imposer son empreinte libérale et égocentrique comme l’ont fait avant lui tous les empires, romain, byzantin, ottoman, etc.

A la fin des années 50 et au début des années 60, les pays colonisés ont arraché leur indépendance avec force résistance et âpres luttes contre les colonialismes. Le géant chinois a progressé à grand pas et affiche avec humilité sa puissance aussi bien industrielle que sociétale. La formation et l’émergence de puissances économiquement indépendantes des «pays industrialisés» se sont accélérées.

Au cours des trois dernières décennies du dernier millénaire, le monde bipolaire a laissé place à une nouvelle configuration qui reste encore de nos jours en gestation et en recherche d’équilibres potentiellement avantageux pour les deux grands blocs et le reste du monde. Les points clés de ce changement ont débuté dans les années 80 avec Solidarnosc en Pologne, la Perestroïka et la Glasnost en URSS et leurs effets sur le démantèlement des Balkans, la chute du mur de Berlin et la réunification de l’Allemagne, l’émergence de nouveaux modes économiques avec les pays du Golfe, sans omettre de souligner les multiples crises générées autour des hydrocarbures, des invasions et de destructions de pays qui n’acceptaient pas la tutelle des pays atlantistes.

Clairvoyance et vision

Le nouveau millénaire voit l’émergence d’un découpage qui montre que les anciens colonisateurs, même s’ils ont cherché à maintenir leur domination directe sur leurs anciennes colonies, ont perdu énormément de leur pouvoir prédateur. Toutes ces transformations comme les ouvertures offertes par la Chine et ses alliés (BRICS) et les pays émergents (Pakistan, Indonésie, Malaisie, etc.) sont devenues, en quelques décennies, un bloc économique et industriel porteur d’espoir.

Toutefois, malgré l’onde de choc provoquée par le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (Brexit), ni l’Europe ni la France ne se remettent en question et restent ancrées aux amarres des séquelles de leurs colonialismes. Leur entêtement les conduit à œuvrer pour l’accaparement des richesses des pays et des populations qui ont dit «non à l’asservissement et au pillage».

Le dénigrement systématique de tout ce qui est algérien

En France, les gouvernants de l’équipe Macron assujettis à l’extrême-droite, avec un cadre de références sionistes, constatent que depuis moins d’une décennie, l’Algérie, non seulement est restée fidèle aux principes du non-alignement et à la non-ingérence, mais aussi a bien débuté son redressement tous azimuts, alors que ses institutions fonctionnent tant sur le plan interne qu’au plan international.

Le modèle de gouvernement et d’administration de l’Algérie sied aux Algériens, à leur culture et même à leur identité. Cependant, il constitue pour bien des délinquants de la «boulitique» française une opportunité pour dénigrer à satiété et en continu l’Algérie et les Algériens. Mieux encore, ils ont trouvé des mercenaires qu’ils instrumentalisent pour ajouter à leurs délires, en expliquant leur attitude par un «ce ne sont pas aux Algériens que nous en voulons mais à leurs gouvernants et notamment à leur armée». Par ailleurs, si ce ne sont pas ces derniers qui occupent leur temps, ce sont les seuls otages israéliens libérés en bonne santé qui sont leurs sujets de prédilection. Point de compassion pour les victimes du génocide que subissent les Palestiniens.

La France n’apprend pas de son histoire

En plus de la dictée sioniste, ces détracteurs se réfèrent à des théories sociales d’une autre époque, oubliant que les Algériens ne sont pas des fanatiques mais des résistants qui peuvent être conservateurs face aux intrusions inappropriées. Ils ne sont pas des intégristes au point de s’ostraciser, mais peuvent se référer aux fondements de la religion majoritaire et surtout que les référents de la Révolution de Novembre 1954 en ont fait un pays indépendant depuis plus de 63 ans. Il en ressort que l’État algérien est souverain et que l’ère de la colonisation est bel et bien terminée.

Le plus odieux dans toute cette pièce de théâtre, c’est la référence à l’Etat de droit et à la liberté d’expression qui autorise des acteurs amateurs, en mal de notoriété, de proférer des mensongères en continu. «Géométrie variable», disent des Français sérieux.

Des dates à retenir ? Le 24 juillet 2024, le 4 novembre 2024 et le 16 novembre 2024. Une petite recherche sur Google et apparaissent les causes visibles des agressions systématiques de l’Algérie par la France.

En clair, le plus exécrable du côté français réside dans cette tendance qu’ont certains de leurs influenceurs de pacotilles à considérer l’Algérie comme une chasse gardée de la France et que rien ne doit se faire sans son aval. Au-delà du pillage de ses richesses et particulièrement de ses ressources humaines, ces influenceurs de la dernière heure savent que sans l’apport de l’Algérie, la France est comme un cul-de-jatte : quelque chose lui manque et pourtant, ils persistent à endosser leurs appels à sanctionner l’Algérie avec fermeté en ciblant, depuis plusieurs mois, ses dirigeants.

Dénoncer l’accord de 1968, disent des nostalgiques d’une ère à jamais révolue, sous couvert d’une liberté d’expression qu’ils bafouent toute honte bue. L’histoire et la mémoire ne sont pas des sujets qui intéressent ces pyromanes des temps modernes. Ce qui est curieux, c’est que le gouvernement français ne bouge pas et laisse ses schizophrènes de la politique primaire s’en prendre aux relations entre les deux pays.

Quelques voix positives se font entendre

Heureusement, ici et là, quelques voix se font entendre pour tenter de calmer les esprits et pour dénoncer la rupture annoncée. Or, cette rupture est bel et bien consommée depuis le 24 juillet 2024, date de rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. Ce que ne semble pas avoir compris l’Elysée et le Quai d’Orsay. Question de principes ! L’Algérie a rompu et ne reviendra pas en arrière, parce qu’elle sait que le retour de manivelle qu’elle subira sera plus violent que toutes les diatribes auxquelles elle est confrontée depuis toujours, tant en France qu’en Europe.

Contre toute attente, l’Algérie et les Algériens savent qu’un pays ne se construit pas en une décennie après avoir subi la pire des colonisations de l’histoire de l’humanité. Un pays s’édifie sur plusieurs décennies après avoir longuement travaillé. Or, il n’y a que ceux qui ne travaillent pas qui ne font pas d’erreur. La France macronienne et ses mythomanes l’ont-ils compris ?

F. R.-C.

(*) Analyste senior chez GERMAN

24 déc. 2024

Questions

Les pour et les contre

Les cas Sansal et Daoud, qui, selon toute évidence et, vus sous l’angle des donneurs de leçons qui se sont érigés en juges, n’en font qu’un et il interpelle les Algériens et en particulier tous les intellectuels, qu’ils soient pour ou contre l’un ou l’autre ou encore restent dans l’indécision.
Quand on relève que quelques personnages en vue dans l’Hexagone et ailleurs en Europe émettent une seule hypothèse, celle qui consiste à cibler les gouvernants algériens en les qualifiant, sans ménagement, de dictateurs, on se rend très vite compte qu’il ne s’agit plus d’une polémique soulevée à la suite de la détention de Boualem Sansal, mais bel et bien d’une agression médiatique caractérisée menée tambour battant par les mêmes laudateurs, concepteurs d’une phraséologie périmée et sans effet sur la justice algérienne. Celle-ci suivra son cours normal, et la décision qu’elle prendra apaisera, d’un côté, les consciences des Algériens et, d’un autre côté, éclaboussera les brailleurs de tout bord.
Vu d’Amérique du Nord, quelques exilés algériens, qui se sont fait une place dans le froid canadien, ont abordé la question relative à la posture de ces deux individus, et qu’ils soient du centre, du sud, de l’est ou de l’ouest, ils distinguent globalement le droit à la liberté d’expression et les limites de celle-ci dans un cadre de références établi par chaque Etat et ses institutions législatives.
En fait, nous avons beau être du côté de la liberté de conscience, celui de la liberté de pensée ou, par extension, celui de la liberté d’expression, l’éthique veut que l’on s’interroge sur les motivations profondes de ce branle-bas médiatique qui occulte tout un pan de la problématique.
En France, vu l’uniformisation de l’information exigée par ceux qui ont acquis les médias lourds, les influenceurs, les animateurs des plateaux et les accès autorisés aux sources d’information qui les fabriquent, selon le même schéma suprémaciste, les médias lourds ne se gênent pas de se mettre du côté des politiques, qu’ils soient de droite, du centre ou de gauche et de casser de l’Algérien.
C’est ainsi que des individus et des petits groupes d’approbateurs, de courtisans, d’encenseurs, tous en mal de notoriété, épelant mot à mot ce que leurs mentors leur dictent, tentent d’influencer non pas des gouvernants mais tout l’Etat algérien et, partant, sa justice en invoquant soi-disant l’exigence et la garantie du droit à la liberté d’expression pour tous, même si le cadre de références légales est mis à mal. Alors, à quoi servent les institutions et leurs lois ?
Par ailleurs, le pire dans cette démarche, c’est que ces Algériens devenus nouveaux influenceurs accusent ceux qui n’adhèrent pas à leurs cris effarouchés d’être du côté des dirigeants, des «dictateurs» et du pouvoir algériens ; eux ne le sont pas cependant, ils s’expriment par les médias sociaux sachant que les autres tribunes des médias lourds de leurs pays d’accueil leur sont inaccessibles, y compris pour parler de leurs créations.
Dès lors, et sans aller plus loin, trois questions à un euro «français» se posent :
1) Est-il normal qu’au nom du droit à la liberté d’expression, un écrivain ayant un statut récent de binational soit plus anti-Algérien et arrive à ameuter une horde d’hyènes qui ne cache nullement sa haine de l’Algérie et qui dit s’attaquer non pas à son peuple mais à ses seuls dirigeants, occultant ainsi une réalité fondamentale, essentielle et incontournable, à savoir que l’Algérie est une et indivisible outre qu’elle est un Etat souverain et indépendant ?
2) La liberté d’expression n’est pas à sens unique. Dès lors, l’élite et les intellectuels algériens n’ont-ils pas le droit de soutenir leur Etat, ses gouvernants et leurs pays contre un des leurs, devenu subitement «historien» et dissimulant le principe fondamental consacré par le droit international selon lequel les frontières héritées depuis l’indépendance sont intangibles ?
3) Les négociateurs d’Evian (Algériens et Français) n’avaient-ils pas décidé du territoire algérien, y compris le Sahara, ainsi que, pour une période, Reggane et Mers El-Kebir ?
Sansal ne pouvait pas ignorer ces paramètres, et en y touchant il a déraillé en insultant, non pas seulement l’Algérie et ses citoyens mais aussi ceux qui se sont sacrifiés par vagues et de génération en génération, depuis 1830 pour recouvrer la dignité de tous et le territoire occupé par les forces colonialistes. Malheureusement pour lui, peut-être dans des moments d’aveuglement et sous la dictée de ses mentors, il a confirmé sa distance et son ingratitude à l’endroit de l’Algérie, Etat, gouvernants et peuple. Il a choisi d’emprunter un segment d’histoire qui, s’il venait à être considéré parce qu’énoncé par un «influenceur» bénéficiant du soutien de quelques associations et autres groupes réactionnaires, remettrait en cause toutes les frontières du monde.

Ferid Racim Chikhi
In Algérie Patriotique du 08 décembre 2024.
https://www.algeriepatriotique.com/2024/12/08/questions/ 

29 sept. 2024

Un Numide en Amérique du Nord - 381 -

 Les intellectuels Algériens doivent sortir de l’ombre 


La personnalité créatrice doit penser et juger par elle-même, 

car Le progrès moral de la société dépend exclusivement de son indépendance. 

Albert Einstein (1879 -1955)

 Souvent la question des élites et des intellectuels est posée et l’on se demande qui sont-ils ? Les élites en général et les intellectuels Algériens en particulier, sont-ils connus du grand public ? Répondre à cette problématique semble ardu mais la conjoncture, pleine de changements qui vont des trahisons aux guerres et à la subversion exposée, m’incite à énoncer le propos suivant  même s’il reflète un caractère personnel. Je ne prétends pas apporter des réponses limpides aux multiples facettes de l’interrogation émise, ici et là, mais je me permets de proposer en toute humilité quelques pistes de réflexion pour définir, décrire, nommer et qualifier ce qui aurait dû se faire et qui n’a pas été fait ou ce qui s’est passé mais qui est inconnu de tous et ce qui doit être fait pour éviter encore les dérives d’un passé récent.

Connaissance et savoir ?

Avant d’aller plus loin, reconnaissons que lorsque nous abordons les problématiques relatives aux élite intellectuelles nous ne pouvons ignorer le sens, la signification, la définition de quelques concepts en lien avec les appellations retenues. Par conséquent, même si ‘’savoir et connaissance’’ semblent être des synonymes, en réalité et selon plusieurs encyclopédies et dictionnaires, l’un et l’autre renvoient au moins à deux manières d’apprendre bien différentes, voire opposées.

Selon des érudits, le savoir et la science sont une somme d’informations accumulées ; ils peuvent s’acquérir et se transmettre par un enseignement ou par des livres. La connaissance est la tentative d’accéder à la vérité ultime. C’est une quête de réponses aux grandes questions existentielles que l’Homme se pose ; le savoir est un acquis tandis que la connaissance est un chemin ; le savoir est récitation, la connaissance est compréhension et appropriation ; le savoir est affirmation alors que la connaissance est questionnement ; le savoir est certitude, la connaissance est doute ; le savoir est accumulation, la connaissance est dépouillement.

Spinoza distingue trois niveaux ou « genres » de connaissance : ‘’les perceptions ou « la connaissance par l’expérience vague », soit des idées sans ordre valable, des opinions confuses, de l’imagination… La raison qui serait la pensée ordonnée permet de saisir les propriétés des choses. La Science intuitive est l’appréhension à la fois intuitive et rationnelle des lois fondamentales, menant à la compréhension de l’essence des choses.’’

Quels liens peut-on faire avec un passé récent ?

Comme tous les Algériens de ma génération, adolescent, j'ai vécu, l'indépendance de l’Algérie. Je me disais : à présent les grandes décisions concernant le pays et son peuple se prendront en Algérie et ce sont nos ainés qui feront les choix pour tous et non pas en France, en Europe ou ailleurs dans un pays arabe ou voisin. Le 05 juillet 1962 et les jours suivants, le pays, le peuple - ainés, enfants, femmes, hommes - étaient heureux et tous ensemble allaient décider de leur devenir. C’est ce qui trottait dans ma tête de jeune adolescent nouvellement indépendant. Soixante ans (60) plus tard, mes rêves, et certainement ceux de plusieurs Algériens comme moi, se sont réalisés mais avec bien des changements majeurs et loin de ce qui vagabondait dans ma tête.

Questionnements

Mais que se passe t’il en cette décennie ‘’20’’ du second millénaire de l’indépendance? Comment se fait-il que l’Histoire s’écrive dans un autre creuset des évènements au lieu de s’écrire dans celui de la continuité naturelle censée permettre à l'Algérien de renouer avec son passé, sa mémoire enfouie, ses repères ancestraux, ses géants qui ont bâti, construit, édifié, érigé un patrimoine que bien d’autres peuples lui envient ? Que dire aujourd’hui des représentations, des descriptions, des écrits et des observations des prestigieux auteurs que furent Mahiedine Bachtarzi, Rachid Ksentini, Bach Djarah, Mme Keltoum, Ahmed Reda Houhou, Tewfiq El Hakim, Boudjedra, Mouloud Feraoun, Taos Amrouche, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, El Mouhoub Amrouche, Souheil Dib, Malek Haddad, Kateb Yacine, Assia Djebbar, Mustapha Lacheraf, les auteurs des textes de la révolution du 1er novembre 1954, ceux de la plateforme de la Soummam ou encore les contributeurs d’El Moudjahid de la guerre de libération nationale et bien d’autres ? Ils affichaient un vocabulaire châtié, une grammaire normée, des styles des plus limpides, une syntaxe et  une morphologie singulières qui méritent bien des prix. Tout cela était avant, pendant et après l’indépendance. Mais depuis soixante ans, si nous excluons les Alloula, Tahar Djaout, Beida Chikhi, Zoubida Bittari, Abdelhamid Benhadouga, Yamina Mechakra, Ahlam Mostghanemi ou encore Mohamed Aknoun, Kamel Bencheikh, Naila Chikhi/Dakia, Leila Sebbar, quels sont les autres intellectuels, les auteurs, les écrivains, les poètes, les dramaturges, les romanciers qui ont fait preuve de créativité et d’inventivité ? Peut-on statuer que la littérature algérienne d’expression française et arabe s’est appauvrie pour donner de l’importance à des pseudo-écrivains mis de l’avant par des médias pervertis sous d’autres cieux que ceux de l’Algérie ! 

Pour mémoire, dès le 05 juillet 1962, le peuple festoyait, jouissait, jubilait, riait, se réjouissait … imaginait un avenir radieux et lumineux à la suite de périodes sombres vécues pendant plus de dix-huit décennies et une âpre lutte contre une colonisation qu’il n’a jamais voulue et une guerre de libération nationale qui a consacré la vérité de l’autodétermination du peuple. Pour l’heure, les moments d’euphorie et d’émotion commencent à peine à laisser place à la raison et à la réflexion sur le futur comme ce fut un 1er novembre 1954 et un 20 aout 1956. Et ce ne sont pas les militants engagés et déterminés, les quelques-uns de l’époque qui ont tiré la sonnette d’alarme, qui le démentiraient. En fait personne, n’entrevoyait le devenir du pays et de sa population, si ce n’est continuellement vivre sous le joug du colonialisme français. En revanche, qui depuis ces deux dates a interpelé les plus instruits ?

Les nouvelles élites intellectuelles 

D’une manière plus simple, posons-nous la question suivante : Ces instruits, ont-ils été productifs comme le furent quelques-uns qui, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ont mené des actions qui consacrent la libération des peuples ? Depuis l’indépendance des milliers de diplômés Algériens des universités tant en Algérie qu’à l’étranger ont été formés. Ils ont tous, ou presque tous, occupé des emplois à tous les niveaux institutionnels, industriels, commerciaux et agricoles. Leur apport a été conséquent. Le pays a fonctionné et il fonctionne encore malgré l’adversité. Bien de ces diplômés ont géré l’État et ses différents domaines. 

Malgré cela, ces élites ont-elles participé à la gouvernance selon des profils appropriés et en adéquation avec les exigences attendus des ‘’décideurs’’ ? D’aucuns seraient tentés de répondre par l’affirmative puisqu’ils ont été remerciés soit par des promotions soit par des congédiements. Et, c’est là qu’intervient la définition du concept qui navigue confusément entre celui qui est partie prenante de ‘’l’Élite’’ et celui qui fait partie des ‘’Intellectuels’’. De manière générale j’émets l’hypothèse qu’il y a une confusion de fond faite par les deux groupes pour ne pas parler de méconnaissance de ces deux concepts, mais si nous revenons à une définition simple et partagée par beaucoup, l’élite est un groupe plus ou moins minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement. L’élite est constituée des gestionnaires dans les institutions économiques, industrielles, commerciales, etc. En Algérie, ces gestionnaires, au stade actuel du développement du pays, n’ont pas tous le savoir-faire pour créer un groupe ou des groupes avec leurs intérêts propres et influer sur le cours normal de l’évolution et du progrès.

Selon des définitions bien arrêtées, on ne peut ignorer qu’il existe aussi des élites intellectuelles. ‘’Généralement, le terme d'élites intellectuelles désigne d'une part les auteurs d'ouvrages de recherches et de réflexions édités par des maisons d'édition reconnues, d'autre part les professions intellectuelles supérieures : enseignants des cycles supérieurs titulaires du doctorat’’. Néanmoins, ‘’la particularité de ces dernières est d'être difficilement quantifiables en ce sens où être un intellectuel ne nécessite ni un diplôme d'enseignement ni la publication d'ouvrages par une maison d'édition’’. Or, un grand nombre des graduants, des doctorants et autres chercheurs ont soutenu, devant d’éminents professeurs, des thèses de doctorats et des mémoires mais combien ont été édités, promus pour le grand public. Encore, en 2024 existe-t-il une seule publication scientifique et universitaire qui met de l’avant les travaux de recherches ces doctorants ?   

L’Algérie et le reste du monde

Nous ne pouvons ignorer que bien des réponses à des questions qui concernent le commun des mortels résident dans l'apport des intellectuels, leur rôle et leur contribution à l'effort de vulgarisation de la pensée et de l'expression d'idées nouvelles qui sensibilisent à l'indépendance de la société dans tous ses segments et à la libération des idées, de la pensée et de la parole. Les idées et les réflexions des intellectuels sont à même de canaliser cette quête d'indépendance et de liberté qui fluctue en fonction de l'adversité. En laissant le champ libre  à ceux qui sont contre ces libertés, les gouvernants s’approprient des succès qui ne relèvent pas de leurs actions même s’ils si le peuple s’en réjouit. Or, il y aussi des dérives qui ébranlent les fondements de la personnalité, de l'identité et de la culture des Algériens. Et ce faisant, les intellectuels ignorent ou feignent d’ignorer les cultures d'influences qui isolent sur le plan médiatique une Algérie qui conçoit son développement, sa modernité, et ses progrès selon ses propres politiques et à la convenance de ses populations en dépit d’une mobilité de ses ressources humaines imposée parles puissances de ce monde. 

Un monde en ébullition 

D'un point de vue général, le monde et l’Algérie sont deux espaces intrinsèquement liés. Depuis la fin du dernier millénaire, les deux ont vécu des mutations marquantes et significatives. Des changements tectoniques impactent les politiques domestiques de tous les pays. En Europe de l'Est, les Balkans ont retrouvé leur géographie initiale contre celle tracée par les Nations unies. L'Union européenne s'est  fragilisée depuis le Brexit et la montée des nationalismes contre la mobilité internationale. La problématique des conséquences de la Covid-19 a remis en question tous les programmes de santé publique, mettant à mal les institutions supranationales. Bruxelles tremble à la pensée que l’Ukraine ne flanche malgré le soutiens de  l’OTAN et que la RUSSIE ne se rénove alors que les séquelles héritées du ‘’bloc de l'Est’’ figent la pensée européenne. À ce moment précis, la Chine et ses alliés consolident leurs assises. Au même moment, les changements climatiques fragilisent encore plus le monde des moins nantis et que l’Intelligence Artificielle ne semble pas être la panacée. 

Cela fait trente-cinq ans que l'Allemagne s'est réunifiée et voit la montée des extrêmes droites. Les pays baltes se sont libérés de l'emprise de leur voisin de l'Est. L'Asie moderne émerge sur l'échiquier mondial. Le Moyen-Orient est dépecé et redécoupé. Les guerres menées par les É.-U. et leurs alliés jettent à la mer ou sur les chemins de l'incertitude des millions de réfugiés d'Asie, du Moyen-Orient et d'Afrique. L'Amérique latine se rebiffe et l'Islamisme et son terrorisme ne sont toujours pas vaincus mais restent encore financés par les pouvoir occidentaux et manipulés par le Sionisme. La Palestine, Gaza et le Sud Liban sont agressés par un génocidaire des temps modernes et les populations sont décimées alors que l’ONU continue de palabrer sans trouver la bonne solution.

Qu’a donc enfanté le Hirak ?

En Algérie, le Hirak a, certes, libéré des énergies, cependant, c’était sans compter sur les capacités de transformation d’un système conçu pour survivre aux hommes et aux évènements selon la fameuse for mule du défunt président Houari Boumediene. L’Économie hybride héritée des années ‘’70’’ ne s’est pas renouvelée et cherche encore un port d’attache par des alliances tel que la régénérescence du non-alignement, l’Europe, la Chine, les pays arabes, les faiblesses perfides des voisins, etc… Le tout toujours à l'affût de quelques milliards de dollars provenant de la cession des barils de pétrole ou de mètres cubes de gaz. Le monde change et les leaders de ce monde, par pays, font appel à toutes leurs intelligences. En est-il de même pour ceux de l’Algérie ?

Le gouvernement mené par le Président Tebboune a rebondi sur le Hirak et tente de redresser la trajectoire du navire au moment où quelques esprits malins ayant trouvé une écoute manœuvrière chez des influenceurs néfastes font dans la subversion au nom de l’indépendance, de l’identité, de la langue,…avec caprices, et déraison, comme si les millions d’autres Algériens n’avaient rien compris à leur avenir. Qu’on le veuille ou non, une alerte à la remise en question de soi, des institutions, des grands axes de développement de la société, un appel à la raison retentit fort et rappelle à l'ordre tout le monde. Le Président, malgré son âge avancé, trouvera-t-il l’énergie nécessaire et suffisante pour anticiper les mouvements contradictoires. aussi bien endogènes qu’exogènes et saura t’il mobiliser les intelligence Algériennes ?

Ferid Racim Chikhi

Analyste Senior

GERMAN




10 juil. 2024

Un Numide en Amérique du Nord -380 -

 La France et le RN : des questions presque existentielles !

Demain, la République française sera confrontée à une incertitude que ni le RN, ni les forces de gauche, ni la MP et encore moins le commun des mortels français ne saura décrypter pendant au moins quelques mois.

Si, le RN prend les rênes de la gouvernance comme le signalent les sondages, tout en complétant la montée des extrêmes droites en Europe, malgré le retour de la Grande-Bretagne à gauche, saura-t-il, et pourra-t-il, faire abstraction de la moitié du peuple qui ne lui accorde pas sa confiance et même si le « macronisme » l’a ignorée, snobée, négligée ?

Le Rassemblement national aura-t-il la marge de manœuvre suffisante pour imposer ses visions souvent hors contexte ? Environ 70% du peuple français laisseront ils faire ou accepteront-t-ils les politiques qui vont les réduire encore plus ?

Le RN pourrait-il s’adapter à la real politique tant au plan domestique qu’international ? Que feront les chancelleries à Paris et leurs gouvernements qui sont des partenaires certains de la France ? (gaz, pétrole, construction automobile, etc.).

Le 14 Juillet est aux portes d’un changement de gouvernance que beaucoup n’ont pas anticipé, comment se tiendra-t-il ? 

Et les Jeux olympiques, deux semaines plus tard, du vendredi 26 juillet 2024 au dimanche 11 août 2024 ? Quels risques ? Quelles attentes ? Peut-on faire une analogie avec ceux de Berlin de 1936 si le RN arrive en première place et en fera-t-il un tremplin pour sa politique ?

A toutes ces problématiques, des réponses ont été avancées par des influenceurs favorables à l’extrême droite ; des journalistes ont posé des questions auxquelles ils répondaient avec la crainte que cette extrême droite ne soit pas élue et ne changera pas le destin de la France ; même s’ils le veulent sans ambiguïtés ; d’autres ont énoncé leurs idées, pensées, leurs avis, leurs éditoriaux parfois avec des nuances mais souvent directs et dans un langage cru et pas forcément les leurs.

Et les Franco-Algériens dans tout ça ? Certes, ils constituent une force indéniable mais elle est compartimentée, désunie, fragmentée, parcellaire… Une partie est dans l’enthousiasme, une autre est dans le confort acquis depuis fort longtemps, une autre encore est dans l’agitation craignant les retombées des politiques extrémistes du RN ; cependant, presque toutes sont dans l’appréhension d’une ère qui ne sera pas forcément lucide.

Chacun a ses réponses ou des réponses. Les unes plus vraisemblables que les autres et comme dit l’adage : «Chacun voit l’heure à son horloge.»

Ferid Racim Chikhi

L'Algérie n'est pas une chasse gardée de la France

Voici pourquoi la France est comme un cul-de-jatte sans l’apport de l’Algérie Février 4, 2025 –   Une contribution de Ferid Racim Chik...