Le Québec est-il en abondance d’emplois ?
Au Québec, avec un taux moyen de chômage de 5%, les Capitaines
d'industries font de son économie une des meilleurs de l'OCDE. Dans cette zone
le taux de chômage est stable à 5.6% en novembre 2017. Allemagne (3.6%) - Pays-Bas (4.4%) - Belgique
(6.7%) - France (9.2%) - Italie (11.0%) - Espagne (37.9%) - Italie (32.7%).
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Il est une évidence que personne ne
saurait nier, c'est que les progrès technologiques, les innovations
industrielles et les avancées managériales réalisées par des capitaines
d'industrie clairvoyants et visionnaires ont fait du Québec une puissance
industrielle et économique dont le reste du Canada ne saurait se passer face au
géant étatsunien et les économies émergentes.
Mais, ces progrès et ces avancées
semblent être, quelque peu, freinés par le déficit démographique dont l'impact
sur la main d'œuvre est percutant. Selon les observateurs et les spécialistes
du management, il y a au Québec « une pénurie alarmante d'une main-d'œuvre
qualifiée » et un taux de chômage de 4,9% en janvier 2018. Du jamais vu depuis
le milieu des années 70 ».
Une question me vient à l'esprit et
s'énonce comme suit : pourquoi parler de pénurie de candidats plutôt que
d'abondance d'emplois ?
Les employeurs sont très inquiets et
ils le disent avec force voix. La situation ira en « s'aggravant » si le
gouvernement n'y remédie pas rapidement. Une question me vient à l'esprit et
s'énonce comme suit : pourquoi parler de pénurie de candidats plutôt que
d'abondance d'emplois ? En fait, les causes ne sont pas les mêmes et les
conséquences ou les effets de l'un et de l'autre ne se ressemblent pas.
En utilisant le concept de la « pénurie
» qui veut tout simplement dire «rareté» c'est-à-dire un manque, une
insuffisance, un «déficit», les gestionnaires sont en position d'attente et se
placent, à l'évidence, du mauvais côté de la problématique et par conséquent
réfléchissent à remplacer ce qui n'existe plus par ce qui n'existe pas d'autant
plus que les candidats immigrants ne passent pas le filtre de la sélection. Ce
qui est contraire à l'esprit novateur des capitaines d'industrie dont il est
question plus haut.
Donc, si nous examinons, les
indicateurs de l'emploi, consentons aux opérateurs autant qu'aux politiques, le
fait qu'ils soulignent la pénurie de plus en plus aigüe de la main-d'œuvre
qualifiée et les caractéristiques de ce phénomène ont été observées et
analysées par des économistes, des spécialistes des ressources humaines, des
gestionnaires et bien d'autres chercheurs, mais ce qui constituerait un
paradoxe singulier, personne ne parle de l'origine de l'abondance des emplois.
Pourtant, chacun focalise en fonction
de sa spécialité sur la démographie, ses paramètres du vieillissement de la
population et ceux du départ en retraite des plus âgés ainsi que sur
l'immigration censée être la solution idoine, mais qui est pensée sans tenir
compte des besoins de l'industrie. Or, si nous regardons de cet autre côté du
mur et si nous considérons l'abondance d'emplois et les difficultés de les
pourvoir, nous pouvons comprendre que les employeurs ne trouvent plus les
profils répondant à leurs exigences malgré un bassin de chercheurs d'emplois
constitués d'environ 330 000 chômeurs dont une grande partie d'immigrants
n'ayant pas l'expérience québécoise ou ne répondant pas aux valeurs
industrielles du pays.
Quelles
solutions organisationnelles ?
Selon des analyses diverses, en plus
du manque d'expérience québécoise, d'autres paramètres clés creusent le déficit
en question et il s'agit du : salaire horaire, conditions et avantages sociaux,
organisation du travail sont parmi tant d'autres des éléments sur lesquels une
attention soutenue devrait être portée.
Si l'on ajoute les paramètres relatifs
aux normes et aux standards professionnels, on peut conclure que les conditions
sont réunies pour que l'abondance des emplois perdure.
À lui seul, le salaire horaire n'a pas
suivi les fluctuations de l'inflation et ses effets sur le pouvoir d'achat des
consommateurs. Quant aux équipements et autres instruments de production, mis à
part quelques domaines d'activités, les installations techniques, n'ont pas
évolué au rythme de la technologie et des avancées en matière de numérisation.
Si l'on ajoute les paramètres relatifs aux normes et aux standards
professionnels, on peut conclure que les conditions sont réunies pour que
l'abondance des emplois perdure.
Alors que faire ? En situation
d'abondance d'emplois ce qui coûte cher à une entreprise, c'est la fidélisation
des employés compétents et productifs. En effet, bien des employés sont tentés
de migrer vers d'autres secteurs en offrant leurs compétences et leurs
expériences acquises si ce n'est pas chez les compétiteurs ou dans d'autres
secteurs.
Ces employés qui ont capitalisé une
belle expérience propre à chaque entreprise vont chercher ailleurs ce qu'ils ne
trouvent pas chez leurs employeurs actuels, soit de meilleures conditions de
travail, d'avantages sociaux, de salaires, d'organisation, de supervision, de
conciliation travail / famille, etc.
Pour faire face à cette situation, les
services de ressources humaines sont tenus de repenser leurs modèles de
rétention pour que leurs employés se stabilisent et n'envisagent pas d'être «
hameçonnés » par les concurrents.
Au remodelage des services de gestion
des ressources humaines, il faut ajouter que les procédures aussi nécessitent
une oxygénation qui porterait sur cinq axes convergents : la révision des
grands aspects de la culture d'entreprise et la consolidation des conditions de
travail (réaménagement de l'amplitude horaire, amélioration des avantages
sociaux et la flexibilité de la supervision) ; la mise en oeuvre de programmes
de développement des compétences en tenant compte de la diversité culturelle ;
la mobilité interne des ressources humaines et, aussi paradoxal que cela puisse
paraître, veiller à la résultante que sera la fidélisation des employés ;
l'ouverture aux immigrants avec un soutien plus intelligent, non pas du
ministère de l'Immigration, mais celui, du ministère de l'Emploi.
Avec ces dispositions « l'abondance
d'emplois » sera mieux prise en charge et le déficit en employé pourrait être
réduit.
Ferid Chikhi