Il existe de par le monde des citoyens qui ne se reconnaissent pas dans les discours de certains de leurs dirigeants et de médias qui se disent indépendants de toute obédience idéologique. Quel message conviendrait le mieux pour réduire leur défiance et la canaliser pour rapprocher les sociétés et les faire bénéficier des synergies culturelles, sociales et économiques ? C'est là un défi auquel Convergences Plurielles veut participer.
24 déc. 2024
Questions
29 sept. 2024
Un Numide en Amérique du Nord - 381 -
Les intellectuels Algériens doivent sortir de l’ombre
La personnalité créatrice doit penser et juger par elle-même,
car Le progrès moral de la société dépend exclusivement de son indépendance.
Albert Einstein (1879 -1955)
Souvent la question des élites et des intellectuels est posée et l’on se demande qui sont-ils ? Les élites en général et les intellectuels Algériens en particulier, sont-ils connus du grand public ? Répondre à cette problématique semble ardu mais la conjoncture, pleine de changements qui vont des trahisons aux guerres et à la subversion exposée, m’incite à énoncer le propos suivant même s’il reflète un caractère personnel. Je ne prétends pas apporter des réponses limpides aux multiples facettes de l’interrogation émise, ici et là, mais je me permets de proposer en toute humilité quelques pistes de réflexion pour définir, décrire, nommer et qualifier ce qui aurait dû se faire et qui n’a pas été fait ou ce qui s’est passé mais qui est inconnu de tous et ce qui doit être fait pour éviter encore les dérives d’un passé récent.
Connaissance et savoir ?
Avant d’aller plus loin, reconnaissons que lorsque nous abordons les problématiques relatives aux élite intellectuelles nous ne pouvons ignorer le sens, la signification, la définition de quelques concepts en lien avec les appellations retenues. Par conséquent, même si ‘’savoir et connaissance’’ semblent être des synonymes, en réalité et selon plusieurs encyclopédies et dictionnaires, l’un et l’autre renvoient au moins à deux manières d’apprendre bien différentes, voire opposées.
Selon des érudits, le savoir et la science sont une somme d’informations accumulées ; ils peuvent s’acquérir et se transmettre par un enseignement ou par des livres. La connaissance est la tentative d’accéder à la vérité ultime. C’est une quête de réponses aux grandes questions existentielles que l’Homme se pose ; le savoir est un acquis tandis que la connaissance est un chemin ; le savoir est récitation, la connaissance est compréhension et appropriation ; le savoir est affirmation alors que la connaissance est questionnement ; le savoir est certitude, la connaissance est doute ; le savoir est accumulation, la connaissance est dépouillement.
Spinoza distingue trois niveaux ou « genres » de connaissance : ‘’les perceptions ou « la connaissance par l’expérience vague », soit des idées sans ordre valable, des opinions confuses, de l’imagination… La raison qui serait la pensée ordonnée permet de saisir les propriétés des choses. La Science intuitive est l’appréhension à la fois intuitive et rationnelle des lois fondamentales, menant à la compréhension de l’essence des choses.’’
Quels liens peut-on faire avec un passé récent ?
Comme tous les Algériens de ma génération, adolescent, j'ai vécu, l'indépendance de l’Algérie. Je me disais : à présent les grandes décisions concernant le pays et son peuple se prendront en Algérie et ce sont nos ainés qui feront les choix pour tous et non pas en France, en Europe ou ailleurs dans un pays arabe ou voisin. Le 05 juillet 1962 et les jours suivants, le pays, le peuple - ainés, enfants, femmes, hommes - étaient heureux et tous ensemble allaient décider de leur devenir. C’est ce qui trottait dans ma tête de jeune adolescent nouvellement indépendant. Soixante ans (60) plus tard, mes rêves, et certainement ceux de plusieurs Algériens comme moi, se sont réalisés mais avec bien des changements majeurs et loin de ce qui vagabondait dans ma tête.
Questionnements
Mais que se passe t’il en cette décennie ‘’20’’ du second millénaire de l’indépendance? Comment se fait-il que l’Histoire s’écrive dans un autre creuset des évènements au lieu de s’écrire dans celui de la continuité naturelle censée permettre à l'Algérien de renouer avec son passé, sa mémoire enfouie, ses repères ancestraux, ses géants qui ont bâti, construit, édifié, érigé un patrimoine que bien d’autres peuples lui envient ? Que dire aujourd’hui des représentations, des descriptions, des écrits et des observations des prestigieux auteurs que furent Mahiedine Bachtarzi, Rachid Ksentini, Bach Djarah, Mme Keltoum, Ahmed Reda Houhou, Tewfiq El Hakim, Boudjedra, Mouloud Feraoun, Taos Amrouche, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, El Mouhoub Amrouche, Souheil Dib, Malek Haddad, Kateb Yacine, Assia Djebbar, Mustapha Lacheraf, les auteurs des textes de la révolution du 1er novembre 1954, ceux de la plateforme de la Soummam ou encore les contributeurs d’El Moudjahid de la guerre de libération nationale et bien d’autres ? Ils affichaient un vocabulaire châtié, une grammaire normée, des styles des plus limpides, une syntaxe et une morphologie singulières qui méritent bien des prix. Tout cela était avant, pendant et après l’indépendance. Mais depuis soixante ans, si nous excluons les Alloula, Tahar Djaout, Beida Chikhi, Zoubida Bittari, Abdelhamid Benhadouga, Yamina Mechakra, Ahlam Mostghanemi ou encore Mohamed Aknoun, Kamel Bencheikh, Naila Chikhi/Dakia, Leila Sebbar, quels sont les autres intellectuels, les auteurs, les écrivains, les poètes, les dramaturges, les romanciers qui ont fait preuve de créativité et d’inventivité ? Peut-on statuer que la littérature algérienne d’expression française et arabe s’est appauvrie pour donner de l’importance à des pseudo-écrivains mis de l’avant par des médias pervertis sous d’autres cieux que ceux de l’Algérie !
Pour mémoire, dès le 05 juillet 1962, le peuple festoyait, jouissait, jubilait, riait, se réjouissait … imaginait un avenir radieux et lumineux à la suite de périodes sombres vécues pendant plus de dix-huit décennies et une âpre lutte contre une colonisation qu’il n’a jamais voulue et une guerre de libération nationale qui a consacré la vérité de l’autodétermination du peuple. Pour l’heure, les moments d’euphorie et d’émotion commencent à peine à laisser place à la raison et à la réflexion sur le futur comme ce fut un 1er novembre 1954 et un 20 aout 1956. Et ce ne sont pas les militants engagés et déterminés, les quelques-uns de l’époque qui ont tiré la sonnette d’alarme, qui le démentiraient. En fait personne, n’entrevoyait le devenir du pays et de sa population, si ce n’est continuellement vivre sous le joug du colonialisme français. En revanche, qui depuis ces deux dates a interpelé les plus instruits ?
Les nouvelles élites intellectuelles
D’une manière plus simple, posons-nous la question suivante : Ces instruits, ont-ils été productifs comme le furent quelques-uns qui, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ont mené des actions qui consacrent la libération des peuples ? Depuis l’indépendance des milliers de diplômés Algériens des universités tant en Algérie qu’à l’étranger ont été formés. Ils ont tous, ou presque tous, occupé des emplois à tous les niveaux institutionnels, industriels, commerciaux et agricoles. Leur apport a été conséquent. Le pays a fonctionné et il fonctionne encore malgré l’adversité. Bien de ces diplômés ont géré l’État et ses différents domaines.
Malgré cela, ces élites ont-elles participé à la gouvernance selon des profils appropriés et en adéquation avec les exigences attendus des ‘’décideurs’’ ? D’aucuns seraient tentés de répondre par l’affirmative puisqu’ils ont été remerciés soit par des promotions soit par des congédiements. Et, c’est là qu’intervient la définition du concept qui navigue confusément entre celui qui est partie prenante de ‘’l’Élite’’ et celui qui fait partie des ‘’Intellectuels’’. De manière générale j’émets l’hypothèse qu’il y a une confusion de fond faite par les deux groupes pour ne pas parler de méconnaissance de ces deux concepts, mais si nous revenons à une définition simple et partagée par beaucoup, l’élite est un groupe plus ou moins minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement. L’élite est constituée des gestionnaires dans les institutions économiques, industrielles, commerciales, etc. En Algérie, ces gestionnaires, au stade actuel du développement du pays, n’ont pas tous le savoir-faire pour créer un groupe ou des groupes avec leurs intérêts propres et influer sur le cours normal de l’évolution et du progrès.
Selon des définitions bien arrêtées, on ne peut ignorer qu’il existe aussi des élites intellectuelles. ‘’Généralement, le terme d'élites intellectuelles désigne d'une part les auteurs d'ouvrages de recherches et de réflexions édités par des maisons d'édition reconnues, d'autre part les professions intellectuelles supérieures : enseignants des cycles supérieurs titulaires du doctorat’’. Néanmoins, ‘’la particularité de ces dernières est d'être difficilement quantifiables en ce sens où être un intellectuel ne nécessite ni un diplôme d'enseignement ni la publication d'ouvrages par une maison d'édition’’. Or, un grand nombre des graduants, des doctorants et autres chercheurs ont soutenu, devant d’éminents professeurs, des thèses de doctorats et des mémoires mais combien ont été édités, promus pour le grand public. Encore, en 2024 existe-t-il une seule publication scientifique et universitaire qui met de l’avant les travaux de recherches ces doctorants ?
L’Algérie et le reste du monde
Nous ne pouvons ignorer que bien des réponses à des questions qui concernent le commun des mortels résident dans l'apport des intellectuels, leur rôle et leur contribution à l'effort de vulgarisation de la pensée et de l'expression d'idées nouvelles qui sensibilisent à l'indépendance de la société dans tous ses segments et à la libération des idées, de la pensée et de la parole. Les idées et les réflexions des intellectuels sont à même de canaliser cette quête d'indépendance et de liberté qui fluctue en fonction de l'adversité. En laissant le champ libre à ceux qui sont contre ces libertés, les gouvernants s’approprient des succès qui ne relèvent pas de leurs actions même s’ils si le peuple s’en réjouit. Or, il y aussi des dérives qui ébranlent les fondements de la personnalité, de l'identité et de la culture des Algériens. Et ce faisant, les intellectuels ignorent ou feignent d’ignorer les cultures d'influences qui isolent sur le plan médiatique une Algérie qui conçoit son développement, sa modernité, et ses progrès selon ses propres politiques et à la convenance de ses populations en dépit d’une mobilité de ses ressources humaines imposée parles puissances de ce monde.
Un monde en ébullition
D'un point de vue général, le monde et l’Algérie sont deux espaces intrinsèquement liés. Depuis la fin du dernier millénaire, les deux ont vécu des mutations marquantes et significatives. Des changements tectoniques impactent les politiques domestiques de tous les pays. En Europe de l'Est, les Balkans ont retrouvé leur géographie initiale contre celle tracée par les Nations unies. L'Union européenne s'est fragilisée depuis le Brexit et la montée des nationalismes contre la mobilité internationale. La problématique des conséquences de la Covid-19 a remis en question tous les programmes de santé publique, mettant à mal les institutions supranationales. Bruxelles tremble à la pensée que l’Ukraine ne flanche malgré le soutiens de l’OTAN et que la RUSSIE ne se rénove alors que les séquelles héritées du ‘’bloc de l'Est’’ figent la pensée européenne. À ce moment précis, la Chine et ses alliés consolident leurs assises. Au même moment, les changements climatiques fragilisent encore plus le monde des moins nantis et que l’Intelligence Artificielle ne semble pas être la panacée.
Cela fait trente-cinq ans que l'Allemagne s'est réunifiée et voit la montée des extrêmes droites. Les pays baltes se sont libérés de l'emprise de leur voisin de l'Est. L'Asie moderne émerge sur l'échiquier mondial. Le Moyen-Orient est dépecé et redécoupé. Les guerres menées par les É.-U. et leurs alliés jettent à la mer ou sur les chemins de l'incertitude des millions de réfugiés d'Asie, du Moyen-Orient et d'Afrique. L'Amérique latine se rebiffe et l'Islamisme et son terrorisme ne sont toujours pas vaincus mais restent encore financés par les pouvoir occidentaux et manipulés par le Sionisme. La Palestine, Gaza et le Sud Liban sont agressés par un génocidaire des temps modernes et les populations sont décimées alors que l’ONU continue de palabrer sans trouver la bonne solution.
Qu’a donc enfanté le Hirak ?
En Algérie, le Hirak a, certes, libéré des énergies, cependant, c’était sans compter sur les capacités de transformation d’un système conçu pour survivre aux hommes et aux évènements selon la fameuse for mule du défunt président Houari Boumediene. L’Économie hybride héritée des années ‘’70’’ ne s’est pas renouvelée et cherche encore un port d’attache par des alliances tel que la régénérescence du non-alignement, l’Europe, la Chine, les pays arabes, les faiblesses perfides des voisins, etc… Le tout toujours à l'affût de quelques milliards de dollars provenant de la cession des barils de pétrole ou de mètres cubes de gaz. Le monde change et les leaders de ce monde, par pays, font appel à toutes leurs intelligences. En est-il de même pour ceux de l’Algérie ?
Le gouvernement mené par le Président Tebboune a rebondi sur le Hirak et tente de redresser la trajectoire du navire au moment où quelques esprits malins ayant trouvé une écoute manœuvrière chez des influenceurs néfastes font dans la subversion au nom de l’indépendance, de l’identité, de la langue,…avec caprices, et déraison, comme si les millions d’autres Algériens n’avaient rien compris à leur avenir. Qu’on le veuille ou non, une alerte à la remise en question de soi, des institutions, des grands axes de développement de la société, un appel à la raison retentit fort et rappelle à l'ordre tout le monde. Le Président, malgré son âge avancé, trouvera-t-il l’énergie nécessaire et suffisante pour anticiper les mouvements contradictoires. aussi bien endogènes qu’exogènes et saura t’il mobiliser les intelligence Algériennes ?
Ferid Racim Chikhi
Analyste Senior
GERMAN
10 juil. 2024
Un Numide en Amérique du Nord -380 -
La France et le RN : des questions presque existentielles !
Demain, la République française sera confrontée à une incertitude que ni le RN, ni les forces de gauche, ni la MP et encore moins le commun des mortels français ne saura décrypter pendant au moins quelques mois.
Si, le RN prend les rênes de la gouvernance comme le signalent les sondages, tout en complétant la montée des extrêmes droites en Europe, malgré le retour de la Grande-Bretagne à gauche, saura-t-il, et pourra-t-il, faire abstraction de la moitié du peuple qui ne lui accorde pas sa confiance et même si le « macronisme » l’a ignorée, snobée, négligée ?
Le Rassemblement national aura-t-il la marge de manœuvre suffisante pour imposer ses visions souvent hors contexte ? Environ 70% du peuple français laisseront ils faire ou accepteront-t-ils les politiques qui vont les réduire encore plus ?
Le RN pourrait-il s’adapter à la real politique tant au plan domestique qu’international ? Que feront les chancelleries à Paris et leurs gouvernements qui sont des partenaires certains de la France ? (gaz, pétrole, construction automobile, etc.).
Le 14 Juillet est aux portes d’un changement de gouvernance que beaucoup n’ont pas anticipé, comment se tiendra-t-il ?
Et les Jeux olympiques, deux semaines plus tard, du vendredi 26 juillet 2024 au dimanche 11 août 2024 ? Quels risques ? Quelles attentes ? Peut-on faire une analogie avec ceux de Berlin de 1936 si le RN arrive en première place et en fera-t-il un tremplin pour sa politique ?
A toutes ces problématiques, des réponses ont été avancées par des influenceurs favorables à l’extrême droite ; des journalistes ont posé des questions auxquelles ils répondaient avec la crainte que cette extrême droite ne soit pas élue et ne changera pas le destin de la France ; même s’ils le veulent sans ambiguïtés ; d’autres ont énoncé leurs idées, pensées, leurs avis, leurs éditoriaux parfois avec des nuances mais souvent directs et dans un langage cru et pas forcément les leurs.
Et les Franco-Algériens dans tout ça ? Certes, ils constituent une force indéniable mais elle est compartimentée, désunie, fragmentée, parcellaire… Une partie est dans l’enthousiasme, une autre est dans le confort acquis depuis fort longtemps, une autre encore est dans l’agitation craignant les retombées des politiques extrémistes du RN ; cependant, presque toutes sont dans l’appréhension d’une ère qui ne sera pas forcément lucide.
Chacun a ses réponses ou des réponses. Les unes plus vraisemblables que les autres et comme dit l’adage : «Chacun voit l’heure à son horloge.»
Ferid Racim Chikhi
9 juin 2024
Un Numide en Amérique du Nord - 379 -
L’émotion vient avant la raison
Lorsque les auteurs écrivent ils
ont auparavant longuement réfléchi.
Lorsque les auteurs écrivent ils
puisent en eux le bon et le mauvais et ils l'expriment par écrit.
Lorsqu’un individu s’exprime tout dépend de sa culture d’origine. S’il vient d’une culture d’oralité souvent l’émotion précède ce qu’il dit et lorsqu’il est issu d’une culture de l’écrit souvent la raison précède l’expression de sa pensée.
Un jour un de mes prof d'arabe au lycée m'avait expliqué qu'entre l'écriture en français et celle en arabe la pensée ne suit pas les mêmes les pistes, les mêmes chemins, les mêmes voies par lesquelles elle éclot ; elle le fait en choisissant deux outils d'expression soit l'écrit soit la parole. Le cheminement le plus incertain c’est lorsque la même personne a une langue maternelle
différente de l’arabe ou le français, dans notre cas c’est Tamazight (Chaoui, Kabyle, Cheliht, Targui, Mzabi…). Ce qui se passe à ce moment précis c’est que la traduction instantanée se fait sans que le locuteur ne le sache. Le résultat c’est que ce qui est dit diffère de ce qui est perçu ou compris.Alors, essayons de suivre ce qui est
insulté et ciblé par des individus dont le niveau de connaissance et de savoir
est insignifiant. Ne dit-on pas que celui qui insulte est dans l’émotion et ce
n’est que plus tard qu’il l’apprend à ses dépens.
L’auteur stigmatisé par cette chaine d’incultes qui se sentent de leur côté insultés par ses propos sont piégés dans une manipulation sordide par quelques idiots utiles qui opposent leur Kabylité obtuse à l’Algérianité des autres qu’ils qualifient d’Arabes et d’Islamistes. Or, entre ce qu’écrit cet auteur prolifique et qui a fait le tour du monde et ce qu’il dit dans un contexte déterminé et limité dans l’espace et dans le temps est scruté à la loupe et sort de l’ordinaire.
Ça me rappelle d’éminents auteurs
Algériens nommés Mohammed Arkoun, Rachid Boudjedra, Tahar Ouettar que les uns
aiment et que d’autres détestent mais qui restent les meilleurs fils de
l’Algérie.
Ferid Racim Chikhi
08 juin 2024
4 avr. 2024
Un Numide en Amérique du Nord - 378
Pour un Québec émancipé et indépendant !
La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !?
Depuis quelques mois, les discussions vont bon train pour un Québec indépendant. Elles sont par moment déconcertantes et parfois surprenantes. Pourtant, selon bien des observateurs, les auteurs de ces échanges, notamment parmi les indépendantistes tenaces et les communautés ethnoculturelles, rares sont ceux qui abordent le type d’institutions du futur Québec ; il n’est jamais question des personnes qui seront concernées par les textes législatifs ; d’aucun ne parle point de la question du syndrome Parizeau . Par ailleurs au sein du Parti Québécois il existe selon les publications accessibles au public deux co-porte-paroles issus de la diversité, alors une question de bon sens se pose : pourquoi deux et pas un ou trois ou encore un par communauté ? Et, pourquoi un porte-parole de la diversité ? Ci-après, une opinion succincte et des questionnements pour un Québec intégrateur et pluriethnique et un projet de société. Quelques pistes de réflexion aideraient à aborder les différentes questions.
Déconcertant et surprenant
Lorsque le 4 septembre 2012, La Première du Québec a été ciblée par un attentat politique terroriste au Métropolis, la tendance était à la banalisation du crime et à la censure de l’information afin que cela ne fasse pas tache d’huile et cela se passait au Canada, plus précisément au Québec. Ce silence imposé pourrait avoir encouragé l’auteur de la menace qui a visée Paul St Pierre Plamondon, élu à l’Assemblée nationale du Québec et chef du parti Québécois. Cependant, signe des temps, plus personne n’en parle!
Comme tout le monde, souvent interpelé par les attentats terroristes il m’arrive de réfléchir et d’analyser apostériori ces évènements. Je sais que des attentats arrivent tous les jours aux USA et ailleurs dans des pays ciblés par les manipulateurs de l’ombre, mais jamais en cette terre d’accueil de milliers d’immigrants constitués de résidents permanents, de réfugiés et de demandeurs d’asile ayant fui leurs pays d’origine traversés par des coups d’État, des guerres, les corruptions multiformes, etc... Quand je chemine le long de mes examens de conscience et que j’estime être en désaccord avec une personne donnée c’est dans un cadre de références bien structurées que nous mettons à plat nos divergences avec un objectif, celui de trouver des axes de convergences.
Durant mes réflexions j’imagine que la menace pour dissuader une personne de ne plus s’exprimer n’existe pas au Québec, un pays démocratique avec un État de droit et les libertés consacrées, malgré quelques insuffisances, par la charte des droits et des libertés... Il est vrai que parmi nous il en existe qui savent qu’une charte des droits et des libertés avec une constitution qui n’a pas été signée par les élus du peuple Québécois n’est pas en adéquation avec les aspirations du peuple, même si elle reste la loi.
Parfois, je me demande ce que vaudraient cette charte et les autres textes de lois que le Fédéral peut remettre en question par ses juges et des textes d’applications qui changent au gré du temps et des gouvernements successifs depuis les années ‘’80’’, si cela se passait dans notre pays devenu indépendant ?
Quelles institutions voudrions-nous avoir ?
Et si, le citoyen Québécois, convient de son avenir en optant pour un Québec indépendant ? Le droit lui appartiendrait aussi d’opter pour une fédération comme les autres pays d’Amérique du Nord ou pour une République pour se différencier des deux autres voisins continentaux.
Dans sa plateforme de projet national le Parti Québécois évoque une seule fois l’option républicaine. Il n’est nulle part question du projet de société qui la sous-tend. Il n’y a aucune mention du découpage territorial et de l’organisation institutionnelle d’un Québec indépendant. À mon avis ce projet ne saurait être le point d’initiation d’un projet de société qui convient aux ambitions des Québécois et à celles de ses communautés aussi diversifiées qu’elles le sont en ce moment. Il y a certes les grandes lignes de ce qui sera fait en matière de langue, d’éducation, d’écologie, etc. … mais les grands axes d’un vrai projet de société sont absents comme le sont les textes fondateurs du Québec indépendant. Je tiens à souligner que les autres organisations qui se qualifient d’indépendantistes ne font pas mieux.
Qui sont concernés par ces textes
En ce qui concerne la future citoyenneté, dont personne ne parle, malgré une entité en charge au Parti Québécois, tous les textes conçus et publiés n’évoquent que très peu les immigrants. Parfois, il est question de ceux qui sont au Québec depuis plusieurs décennies mais ce sont surtout ceux venus d’Europe dont il est question. Presque jamais ceux qui viennent d’Afrique, d‘Asie, des Caraïbes, du Moyen Orient ou d’Afrique du Nord. Les textes et la documentation politiques s’adressent tous aux Québécois de souche…
Le Syndrome Parizeau
De ma culture d’origine, j’ai appris à ne jamais évoquer ceux qui sont partis. Mais leurs idées, bonnes ou mauvaises, leurs pensées, leur appartenance et leur posture politique peuvent faire l’objet d’avis, de commentaires, de discussions et des éclaircissements afin d’éviter les interprétations souvent tendancieuses.
À titre indicatif, j’ai vu, par exemple, le Bloc Québécois (je sais ce n’est pas le PQ) réunir des nouveaux arrivants de quelques communautés ethniques, j’ai applaudi. Toutefois, parmi ces personnes présentes quelques-unes m’ont dit, explicitement : c’est toujours la même chose, ils réunissent quelques personnes. Ça dure quelques minutes et ils en font une tartine… ce sont des images qui frappent mais elles sont vites oubliées.
C’est là, que le fameux énoncé de Parizeau intervient. Il a dit vrai en ciblant ‘’… des communautés …’’. Or, les communautés en 1995 ne sont pas celles de 2020 ; à cette époque, elles étaient presque toutes d’origine européenne et venaient parfois des États-Unis, exception faite des boat people Vietnamiens ou ceux venus du Chili. mais dans l'esprit de tous ce sont toutes les communautés d’immigrants y compris celles arrivées depuis les années ‘’00’’ qui étaient concernées et les adversaires jouent sur la nuance. C'est pour cela que je parle du Syndrome Parizeau. Aujourd'hui presque tous les immigrants pensent que le PQ ne veut pas d’eux, entre autres à cause de cette tirade et la manière dont elle avait été traitée par les adversaires et certains influenceurs, y compris au sein du PQ. À cela vient s’ajouter la période des accommodements raisonnables qui a mis de l’avant les partisans et a cacher les pourfendeurs de l’ombre. Alors, je me suis demandé, depuis sa désignation à la chefferie du Parti Québécois, Paul Saint Pierre Plamondon, a-t-il une seule fois accueilli des nouveaux arrivants ? A-t-il une seule fois réuni des immigrants, même choisis pour échanger avec eux ?
Dans les faits, si hier le Parti Québécois s’est concerté avec quelques communautés, l’a-t-il fait depuis la dernière décennie ? De nos jours il y a quelques groupes avec lesquels des membres s’affichent mais ce n'est pas généralisé et mis à part quelques personnes qui apparaissent plus comme des ''alibis'', elles sont ainsi perçues de l'extérieur de l’organisation alors que la diversité est représentée par deux Co-porte-paroles très loin des autres.
Et pourquoi deux porte-paroles issus de la diversité au PQ ?
Comme au Parti Québécois (il existe les Québécois et les autres, les immigrants), il existe aussi pour la diversité deux Co-porte-paroles. A Montréal, je croise tous les jours le chemin de deux sociétés éloignées l’une de l’autre : La société Québécoise et la Société des immigrants. En raison du multiculturalisme qui non seulement ostracise ces derniers mais les éloigne de la société d’accueil et sépare les communautés les unes des autres. Le pire c’est lorsque des bien-pensants, individus et partisans, évoquent l’inclusion, ignorant que l’étymologie du concept est latine - inclusio (enfermement) - s’agissant de compromission, d’emprisonnement, de réclusion … et le pire, c’est que tous ceux qui s’occupent de la diversité sont des immigrants, à qui aucune chance n’est donnée pour s’impliquer autrement.
Pour un Québec intégrateur et pluriethnique :
Pour ma part, c’est dans la perspective d’une intégration intensive que :
J’applaudirais si une Déclaration ayant pour Objectifs l’Indépendance du Québec et pour disposition la concrétisation d’une République Sociale-Démocrate venait à être conçue et vulgarisée;
J’applaudirais le jour où je verrai un Projet de Société regroupant tous les grands agrégats d’un rassemblement des Québécois de quelques origines que ce soit;
J’applaudirais le jour où je verrai une véritable définition de ce que sera le citoyen Québécois dans une république Québécoise.
J’applaudirais le jour où je verrai la mise en œuvre d’un Plan de Communication s’adressant à toute la population (comprenant celle qui est d’une autre obédience politique, etc…).
Projet de société du Québec
En fait la question à laquelle nous revenons systématiquement est la suivante : Veut-on faire du Québec une fédération ou veut-on en faire une république ? Une république de citoyens qui parle plus aux immigrants ou une fédération de sujets qui les laissera de pierre. Pourquoi une république et pas une fédération ? Parce que pour motiver, sensibiliser et mobiliser les immigrants à faire partie du projet de société à venir, les concepts politiques doivent leur parler. Les mots ont leur importance disent les anthropologues, les linguistes, les sociologues, etc… Alors, tant que le parti Québécois, tant que ses membres, tant que les indépendantistes n’ajustent pas leur langage pour parler aux immigrants … j’imagine l’éloignement de ces derniers du projet indépendantiste.
Le Québec que j'ai en tête
En fait, un Québec moderne devrait être édifier autour de quelques paramètres qui ne sauraient occulter les suivants : ainsi le Québec que j’ai en tête
1. C’est celui des héritiers des révolutionnaires tranquilles qui ont tracé le chemin vers l’indépendance, malgré une adversité significative et persistante depuis plus d’un demi-siècle;
2. C’est celui des agriculteurs qui produisent de quoi alimenter non seulement les Québécois mais aussi une partie de l'Amérique du Nord;
3.C’est celui des bâtisseurs qui ont édifié l’industrie et le commerce du Québec moderne;
4. C’est celui des chercheurs des universités et des intellectuels qui accompagnent le citoyen dans sa quête d’un bien être toujours renouvelé;
5. C’est celui des femmes qui ont rejoint le monde du travail et qui ont transformé une société religieuse en une autre moderne, de développement et de progrès...!
6.C’est celui de ces enfants de deuxième, troisième, quatrième générations et leurs héritiers intégrés à une société ouverte pour faire une place à tous.
Le Parti Québécois doit sortir de sa bulle
Mon questionnement vient de ce que j'entends et vois sur le terrain avec les communautés ethniques et je n'en reviens pas de l'éloignement du Parti Québécois de ces ‘’sociétés immigrantes’’. Je dis bien sociétés immigrantes parce qu’elles sont coupées de la société d'accueil. À mon avis le Parti Québécois pourrait créer l'évènement à condition qu'il se départisse du syndrome de Jacques Parizeau, qu’il sorte de sa bulle et qu'il initie une véritable politique d'intégration des immigrants. Il doit changer la donne pour que les immigrants se rapprochent de lui et éviter que même s'ils sont indépendantistes dans l'âme beaucoup d’entre eux se soient éloignés de lui.
Ferid Racim Chikhi
9 mars 2024
Un Numide en Amérique du Nord - 377
Le Revenant : la société kabyle du temps des Ottomans et des Espagnols

Par Ferid Racim Chikhi – Le 27 janvier dernier, Mahfoudh Messaoudene a présenté son ouvrage Le Revenant, un roman qui, dès les premières pages, vous tient en haleine. La quarantaine de personnes présentes ont bien communié avec l’auteur mais il faut reconnaître que la salle était trop exiguë pour une telle présentation. L’animation de la rencontre s’est déroulée sous la direction du philosophe Ali Kaidi.
Yidhir, à la quête de son héritage et de son foyer…
Le Revenant, c’est l’histoire d’Yidhir, un homme ayant vécu en Kabylie au XVIe siècle et qui s’en est allé faire la guerre pour le compte des Ottomans contre les Espagnols afin de libérer Bougie. Il vient de Tighilt, un village de montagne comme on en trouve en Kabylie.
C’est une histoire imaginée se déroulant à une époque bien réelle avec des périodes se situant au milieu du XVIe siècle et mettant aux prises les Turcs, les Espagnols et les Algériens (Kabyles, Algérois, etc.).
C’est une introspection d’une partie de la société kabyle, encadrée par des coutumes, des références aux anciens, des traditions et, par conséquent, souvent ancestrales mais fortement imprégnées de nouveautés religieuses (des dogmes, des règles associés aux usages et aux rituels …) vite dépassées parce que des situations nouvelles surviennent avec le temps et les changements que connaît le monde et que la Kabylie ne peut éviter.
Ce qui est prenant dans ce roman, ce sont les dépassements des uns et des autres, soit en raison de traditions codifiant la vie de tous les jours, soit parce que le patriarcat est prégnant. Le cas de l’héritage qui a été résolu dans bien des situations par l’indivision pour ne pas déshériter la femme fait que dans d’autres conjonctures et d’autres lieux, une coutume qui s’impose au détriment du bien-être et sans tenir compte de l’apport de l’homme et de la femme à un moment ou à un autre de leur vie a des répercussions qui vont au-delà des sentiments. En tout état de cause, l’avis de la femme, sa place dans la société kabyle sont souvent ignorés parce que les habitudes et les pratiques coutumières, celles de la famille ou celles du village sont plus fortes, ce qui donne encore plus de poids au respect de la cohésion sociétale. Mais la femme kabyle reste un pilier de la société dans son ensemble et le fondement gardien des valeurs pour les générations futures.
Le profil comportemental du Kabyle et consensus sociétal
Dans ce roman, Mahfoudh Messaoudene fait le portrait du Kabyle, en surlignant ses défauts et ses qualités, ses caractéristiques et ses valeurs dessinées par la communauté et le patriarcat. Dans cette grande communauté comme bien d’autres ailleurs en Algérie, la majorité n’est pas la référence. Ce qui est la référence, c’est le consensus. Il en est de même pour les valeurs, le respect, notamment, des conventions prime, qu’elles soient traditionnelles ou coutumières ; c’est aussi, comme ailleurs en Algérie, le respect de l’aîné et des autres patriarches au sein de la famille, envers les aînés et, bien entendu, celui qui est dû à la femme mais dans un cadre de références bien ficelé. Deux autres valeurs encadrent les faits du jour, celle du partage et de la solidarité au sein de la famille de la communauté du village et de l’environnement en général, toujours sous le leadership des patriarches
Chacun fait preuve d’engagement envers les siens, les proches, le voisinage… même lorsque la personne ne va pas dans le sens des conventions. Son avis est respecté, on ne dit pas de mal de lui et on le laisse faire mais, de l’autre côté, la recherche du consensus est essentielle pour le laisser ou, au contraire, le rejeter.
Parmi les qualités citées par l’auteur, on rencontre le courage, la détermination, l’engagement, la fierté, la passion, la résistance et, surtout, la solidarité. En communauté, nous dit Mahfoudh, le Kabyle est égocentrique, tout est en lui.
Le sens de l’observation chez le Kabyle
Il en fait de même avec ce monde qui entoure les protagonistes du «revenant». Avec pertinence et sans détours, il nous brosse les péripéties de Yidhir et, avec un sens de l’observation vitale, il attire notre attention sur une Espagne où la religion catholique vit ses moments de grande inquisition, faisant du XVIe siècle une époque où la bestialité religieuse chrétienne est innommable, où l’individu, s’il ne se plie pas aux nouvelles mœurs, est méprisé et mis à mort. C’est aussi une époque où revient la foi en s’imprégnant d’amour et de compassion (voir la partie portant sur l’échange des prisonniers).
Ainsi, la grande communauté kabyle est un ensemble de regroupement de personnes unies par les liens du sang et l’environnement où elle s’installe ; elle est décrite avec des mots simples que le commun des mortels peut comprendre mais qui attachera encore plus le lecteur de ce roman pour le terminer d’une traite.
L’apparition de l’islam en Kabylie
Malgré une recherche documentaire très serrée, Mahfoudh Messaoudene, peut-être sans le vouloir, puise dans l’oralité traditionnelle et c’est – ce n’est qu’une hypothèse – pour cela que son roman laisse parfois des zones d’ombre sur des faits d’histoire, des épisodes descriptifs fort intéressants à plusieurs endroits. Par exemple, selon des érudits des Chorafa et des marabouts, l’islam avait, malgré une forte résistance des Kabyles des plaines, pénétré la haute Kabylie par les dou’âa des marabouts et des Soufis de la confrérie Errahamania et ceux venus du Rio de Oro, cela a fortement influencé l’islamisation de la région sans effusion de sang et en octroyant le maintien de ce que la Kahina avait demandé à ses enfants avant sa mise à mort : «Préserver l’identité et la culture de la nation», tout un programme idéologique.
L’islam, à cette période, était fortement influencé par les marabouts ainsi que par les zaouïas. Toutefois, cette influence n’est pas perceptible dans ce roman alors que des tribus entières occupaient l’espace montagneux du Djurdjura. C’est le cas des Aït Betroun, constitués des Aït Yenni, des Aït Ouacif, des Aït Boudrar, des Aït Bou Akkach et des Aït Menguellet, constitués des Aït Menguellet proprement dits, des Akbil, des Aït Attaf, des Aït Bou Youcef, des Aït Messaoud. Ces tribus ont toujours eu une grande influence sur les autres tribus de la région. Il y avait d’autres familles plus puissantes que les At El Kadi mais elles sont à peine effleurées (les Ath Abbes, les Ath Frawcen, les Ath Menguelat…).
Enfin, il faut souligner le fait que, mis à part quelques remarques qui pourraient paraître inappropriées et au-delà de quelques imperfections, c’est un ouvrage à la fois anthropologique, historique, psychologique et sociologique, à lire et à faire lire.
F. R. C.
Mahfoudh Messaoudene est ingénieur en génie civil, installé au Québec depuis 2003.
Le Revenant, de Mahfoudh Messaoudene, éd. : L’Harmattan 2023 – Lettres Berbères
https://www.algeriepatriotique.com/2024/03/06/le-revenant-la-societe-kabyle-du-temps-des-ottomans-et-des-espagnols/#comments
10 févr. 2024
Un Numide en Amérique du Nord - 376 -
Histoire et mémoire : sortir de l’émotionnel pour aller vers le raisonnable
L’Algérien est-il condamné à
apprendre son histoire seulement au travers de ce qu’écrivent les érudits des
pays ennemis d’hier et adversaires d’aujourd’hui, alors que les règles et les
normes de l’oralité, qu’il connaît depuis des millénaires, ont complètement été
modifiées et réorganisées pour satisfaire les contrefacteurs du moment ?
L’écriture de l’histoire est un acte patriotique qui se suffit à lui-même.
Malheureusement, beaucoup d’historiens se sont érigés en experts.
Depuis quelques années, l’on assiste, incrédules et embarrassés, à des tentatives d’écriture de l’histoire de l’Algérie sans que l’avis de l’Algérien ne soit entendu et encore moins pris en considération. Même si quelques rencontres ont été organisées pour en parler, des séminaires ont été aménagés par suite de commandes décrétées et ordonnées, le tout s’est soldé par des dommages plus que par des avantages. Ce qui est singulier, c’est que l’écriture de cette histoire ne semble concerner que celle de la Révolution de Novembre 1954, et tout au plus quelques péripéties du Mouvement national, qui vont dans le sens des tendances d’une caste, donc sans aucun lien ni intérêt pour les périodes qui les ont précédées. Alors, demandons-nous, en quoi cela peut être utile ? Est-ce cohérent, pertinent, raisonnable ?
Pourquoi vouloir écrire et enregistrer des événements, des épisodes, des faits d’une période donnée tout en ignorant ceux du passé ? L’acte de résistance de l’Algérien face aux conquérants, aux envahisseurs et autres infiltrés date de la nuit des temps. C’est dire que si l’on sort un tant soit peu de l’émotionnel et que l’on fasse appel à la raison, les données et leur analyse seront certainement plus appréciables.
Sortir de l’émotionnel, c’est enregistrer les témoignages des acteurs ayant vécu de près ou de loin les différents actes, événements et épisodes d’un moment dont plusieurs parleront de leur vivant. C’est noter la mémoire vive pour en faire un libellé utile pour les générations futures. C’est aussi le premier niveau du raisonnement qui aide à séparer le bon grain de l’ivraie. Aux historiens de distinguer entre la mémoire perceptive, l’épisodique, la procédurale et la sémantique. Il reste que le travail de consignation des historiens ne suffit pas. Il faut y ajouter celui des sociologues, des philosophes, etc.
Les idéologies fallacieuses
L’intérêt de cette écriture est bien entendu et avant tout idéologique. Parce que parler et enregistrer les recherches sur tout ou partie de l’histoire millénaire, c’est remettre en question un discours ambiant fort dérangeant pour bien des personnes qui naviguent à vue et qui refusent de lever le couvercle du puits du savoir et de la connaissance. Elles sont convaincues que l’ignorance du peuple addict à la religiosité et au football est un facteur de cohésion. Or, elles ignorent qu’avec ou sans elles, l’histoire s’écrit d’elle-même, comme s’est écrite celles d’Athènes, de Bagdad, de Cordoue, de Damas, de Rome et de bien d’autres lieux prestigieux qui ont marqué les temps et les esprits.
Ce qui est grave, c’est que lorsque des dirigeants algériens se laissent assiéger par les codes, les conventions, les normes, les règles, les théories, et bien des usages des ennemis et autres adversaires qui ne veulent pas que l’histoire de l’Algérie soit écrite par des Algériens, ils convoquent des comités et des commissions pour faire oublier le vrai problème, celui de laisser les experts effectuer leur travail.
La méthodologie de l’ancien occupant ne convient pas
En fait, lorsqu’il est question de l’histoire, l’Occident a formé ses historiens, ses journalistes, ses sociologues, ses anthropologues et l’ensemble de ses érudits à écrire les témoignages de ceux qui ont vécu des événements, à les retranscrire et à en faire des ouvrages ou de nos jours des vidéos qui profitent à ses cultures, ses identités, ses civilisations et surtout à leurs citoyens, pour se souvenir et ne jamais oublier.
Ainsi sont officialisés par écrit des actions, des aventures, de entreprises, des événements, des faits, des incidents, des péripéties qui serviront de références aux analyses et aux commentaires des anthropologues, des historiens, des journalistes, des sociologues, pour d’autres écrits qui font par la suite l’histoire selon leurs auteurs.
Ce sont les Allemands, les Belges, les Britanniques, les Etatsuniens, les Français, les Grecs, les Italiens, les Turcs. Les Russes, etc., qui ont écrit et qui écrivent les histoires de leur pays. Pourquoi faut-il que l’histoire de l’Algérie soit écrite à deux mains : celle de l’ancien colonisateur indu occupant et celle de l’Algérien qui a libéré sa patrie ?
L’histoire et la mémoire de l’Algérie sont la propriété intellectuelle et patrimoniale des seuls Algériens, qu’ils partagent ou non avec ceux qu’ le veulent. Mais les vraies questions qui devraient nous interpeller sont l’authenticité et l’utilisation de l’instrument et le véhicule qui transmettront aux futures générations cette écriture par de vrais patriotes.
Parmi ces questions, demandons-nous :
1) Quelle sera la langue d’usage et de transmission ? Sera-t-elle la langue arabe ou celle d’un autre occupant ? Sera-t-elle cette langue mal enseignée et mal maîtrisée ? Sera-t-elle celle du dernier occupant qui pourtant a perduré un peu plus d’un demi-siècle après l’indépendance mais qui reste pour le moment la langue la plus fonctionnelle ?
2) Pourrait-on se défaire de la religiosité ambiante pour être critique et raisonnable sans que les émotions ne prennent le dessus ?
3) La recherche des informations fera-t-elle l’objet d’une méthodologie et d’une épistémologie spécifique ou sera-t-elle expérimentale ?
4) Ceux qui, dans les centres d’archives et de documentation, ainsi que ceux qui sont dans les universités prennent part à ce travail colossal sont-ils sincères ou se réfèrent-ils aux seuls écrits des indus occupants ou, au contraire, iront-ils chercher l’information sur le terrain ?
5) Quel sera le profil des membres des comités de rédaction et de synthèse ? Ces comités seront-ils indépendants ou «rattachés» à quelque instance ?
Les questions d’authentification exigent que les personnes en charge de cette histoire et de cette mémoire respirent impérativement l’honnêteté, l’intégrité, le patriotisme et soient absolument loin des cercles dominants.Bien entendu, d’autres critères devront être définis pour que cette œuvre soit une véritable révolution pour le pays et qu’à travers sa lecture, la future société algérienne soit édifiée dans la transparence universelle.
Ferid Racim Chikhi
2 janv. 2024
Un Numide en Amérique du Nord - 375
Transformations internationales :
effets en fonction de la posture de l’Algérie
Cette contribution déroule sous forme de synthèse des éléments que je qualifie de sensibles par leurs interrelations et que rencontre l’Algérie en ce début de 2024. Une nouvelle année qui présente des caractéristiques en lien avec les changements majeurs que vit le monde. Les effets des transformations internationales sur le plan notamment géopolitique pourraient avoir des répercussions positives en fonction de la posture de l’Algérie au double plan interne et externe.
Le propos ne se veut en aucune manière une
médisance. Il se veut plus l’expression d’une opinion ou encore du fossé qui
existe entre les décisions et les apports de l’institution présidentielle et
gouvernementale, la lenteur de leur mise en pratique, peut-être en raison du
manque d’un échéancier et d’un système d’évaluation des opérateurs.
Nul ne saurait occulter que le monde est
actuellement dominé par le génocide que commet l’entité sioniste et ses
protecteurs anglo-saxons et euro-étasuniens contre les Palestiniens, et même
les pays qui ont vécu ou vivent encore la guerre sont effacés des supports
médiatiques les plus en vue dans le monde occidental pour mettre en évidence
les actions sauvages d’Israël contre des civils innocents. Pour sa part,
l’Algérie, égale à elle-même, poursuit son soutien aux peuples opprimés et
regarde l’avenir avec confiance. Du moins, c’est ce qui ressort du premier
discours sur l’état de la nation, prononcé récemment par le président de la
République, devant les deux chambres parlementaires réunies pour la
circonstance.
Un
premier discours sur l’état de la nation
Depuis le début du post-Hirak – élection du
président de la République –, il est question de réformes dans presque tous les
domaines d’activité. Mais l’Algérien lambda les ressent-t-il dans son quotidien
? Cinq années d’exercice. Pourtant, l’appréciation est pour beaucoup mitigée.
Pour la grande majorité de la population, les effets de ces réformes sont lents
à voir le jour et les dérives culturelles, économiques, idéologiques, sociales,
etc., sont latentes en raison essentiellement d’un manque flagrant de
compétences ou, pour le moins, d’un déficit d’expérience chez les agents de
l’Etat en charge de les mettre en pratique. Sur un plan plus large, le
changement de stratégie et de l’équipe en place avec un chef du gouvernement,
certes aguerri aux affaires diplomatiques mais pas encore pour les affaires
internes, exigent une feuille de route avec des objectifs clairement définis et
une marge de manœuvre qui lui permettrait d’atteindre les cibles de façon
appropriée.
Le président de la République a prononcé un premier
discours sur l’état de la nation. Les deux chambres parlementaires ont apprécié
cette nouvelle forme de reddition des comptes, même si, par ailleurs, il est
évidemment clair que les réalisations présentées ne font pas l’unanimité et que
le pays stagne dans la pensée unique.
Bien entendu, faute d’une véritable liberté de
traitement de l’information, les opposants, et ils sont nombreux, frétillent
sur les réseaux sociaux. Ils s’en donnent à cœur joie pour exprimer ce qu’ils
en pensent. Leurs persiflages, leurs attaques violentes et à la limite de la
correction n’apportent rien de nouveau, tant ils sont sans arguments. Ils sont
assenés par quelques commettants qui se cachent parmi une élite absente (au
pays et) du pays et présente des signes d’aliénation visibles pour ne pas dire
semble avoir perdu son âme. Ils se sont autoproclamés opposants au pouvoir en
place. Leur cible privilégiée est bien entendu l’institution présidentielle et
pour cause, ils considèrent que ce ne sont pas les 39,88% des électeurs qui se
sont exprimés contre 60% qui se sont abstenus, qui la rendent légitime.
Cependant, que l’on soit d’accord ou pas, pour un
pays qui s’est libéré du césarisme des précédents dirigeants, plusieurs
problématiques agissent comme des petits cailloux dans la chaussure de
l’Institution présidentielle. A titre indicatif, l’on peut citer sur le plan
interne celui des détenus d’opinion et des subversifs, celui de la bureaucratie
toujours prégnante ou encore le manque de civisme de la population qui restent
parmi tant d’autres les plus visibles et montrent à l’évidence que le
rattrapage, qu’il soit culturel, économique, politique ou social, s’avère difficile.
Un déficit
en compétences satisfaisantes
Même s’il existe bien d‘autres impératifs, il est
clair que pour chacun, on sait qu’il y a des raisons objectives qui expliquent
pourquoi ils sont mal appréhendés. L’une de ces raisons, et elle ne date pas d’aujourd’hui,
ce sont les compétences et les expériences capitalisées des agents de l’Etat.
L’examen des actes de gestion de ces agents, et particulièrement les
opérationnels, ceux qui sont en contact avec le public, le confirme. Bien
entendu, les responsables sont au premier chef concernés par les résultats
médiocres relevés ici et là, que ce soit dans le secteur financier à la
traîne (banque, fiscalité, douane, etc.), encore sclérosé malgré des directives
pour une numérisation diligente ; une justice toujours sous influence ; le
service public général (wilayas, municipalités, voirie, services postaux, etc.)
fortement désorganisé ; l’inexistence d’un système d’évaluation des
performances sous-tendu par une formation continue et permanente. Les derniers
limogeages décidés par le chef de l’Etat en font la démonstration.
Il existe un secteur névralgique très vulnérable
tant que des réformes profondes n’y sont pas introduites : celui de
l’éducation nationale, totalement en manque de rationalisation et toujours entre
les mains de pseudo-professionnels fermés à l’universalisme. Dans ce secteur –
de l’école à l’université –, si les différents paliers ne sont pas rapidement
séparés du contenu du Livre et de la mosquée, rien ne progressera. Il faut
laisser la mosquée pour la paix de l’âme et il est urgent de redonner â l’école
sa fonction première, celle de préparer les générations futures a la cohésion
et à l’harmonie sociétales par un enseignement résolument fait d’arts, de
littérature, d’histoire, de mathématiques, de philosophie, de physiques, de
sciences, de sociologie et, surtout, d’ouverture d’esprit.
Le manque de compétences et le manque d’expérience
sont un enjeu que les tenants de l’Etat doivent considérer avec attention. Il
est vrai que les agents en poste détiennent des diplômes universitaires, mais
au cours des trois dernières décennies, ils ont rarement acquis l’expérience
nécessaire et suffisante pour faire que les performances des institutions
soient améliorées systématiquement et, surtout, évaluées sur la base de règles
sanctionnant les résultats atteints par les services de l’Etat. Sans ces
compétences ainsi que leur capital expérience, et, notamment, sans les
influences exogènes, leurs performances continueront de faire du surplace au
grand dam de la population.
Mieux encore, en matière d’administration générale,
et à titre indicatif, si l’équilibre n’est pas développé entre la stratégie
générale, les activités opérationnelles et les ressources humaines, sans de nos
jours ignorer la numérisation, l’échec sera toujours au rendez-vous. Afin d’y
remédier, il importe de lier ou d’arrimer la stratégie avec les opérations (1)
de terrain qui doivent être menées d’abord par des autorités qualifiées et
avérées ; développer en continu des relations avec les organismes intéressés,
les employés, les usagers, les partenaires et, bien entendu, les
institutions ; perpétuer et insister sur l’amélioration des compétences et
des capacités professionnelles des opérateurs à tous les niveaux, et ce par des
formations de courte durée et en mode continu.
En matière de développement
organisationnel, j’ai croisé, des «experts» algériens de «haut niveau».
Ils étaient fiers d’être appelés à proposer des démarches pour résoudre des
problèmes dans certains secteurs d’activité. Très compétents là où ils
exercent, ils n’ont pourtant aucune expérience opérationnelle en Algérie. Leurs
interventions resteront un échec qui coûte cher.
Dans toute organisation, le déploiement des
compétences et des expertises s’opère en fonction de ses stratégies et de ses
plans d’action. Cependant, cela ne semble pas être un facteur déterminant dans
celles du gouvernement. Et c’est peut-être pour cela qu’il est légitime, depuis
le Hirak, que le commun des mortels pense que le président de la République a
beau mettre de l’avant ses réformes et les changements qu’il a entrepris depuis
son élection, l’insatisfaction est toujours présente et même les défenseurs,
les vrais, ceux de l’Etat, doutent des résultats des décisions énoncées.
L’incompréhension persiste encore sur les motifs du manque de discernement qui
fait que l’intelligence et la raison du service public ont été évacuées des
différents processus de stabilisation de l’Etat.
Le cas de la justice et celui de l’éducation
nationale en sont un bon exemple. Lorsqu’il faut patienter que les mises à
niveau soient faites, les appréhensions au sujet des cas traités créent le
tourment qui se transforme en égarement. Surtout qu’en la matière, les
décisions judiciaires se prennent encore et encore sur diverses influences que
subissent des magistrats et c’est toute la confiance en la gouvernance qui est
vulnérabilisée. Parmi les cas les plus sensibles, celui des détenus d’opinion,
qu’il faut distinguer des subversifs, embarrasse et gêne bien des citoyens.
Oui, personne n’ignore que la justice est intransigeante, cependant, il y a
toujours eu un minimum de circonstances atténuantes pour alléger les peines et
rendre ces égarés illusionnés, aussi subversifs soient-ils, à leurs familles et
à la vie civile, même avec des restrictions civiques temporaires, mais légales.
Les autres
affaires nationales et la diplomatie
Sur un tout autre chapitre, il y a de cela quelques
mois, dans ces mêmes colonnes (2), j’avais mis l’accent sur les succès de la
diplomatie algérienne. Des succès palpables, puisqu’il est question d’une
continuité pour ne pas dire d’une permanence de l’œuvre des aînés durant la
Révolution du 1er Novembre 1954. Ils ont été consolidés par de nouvelles
percées observées que ce soit en Asie, en Afrique, en Europe ou dans le reste
du monde. L’un des faits marquants est le mandat obtenu pour siéger au sein du
Conseil de sécurité de l’ONU. Membre non permanent, elle saura prendre part aux
échanges, notamment en portant la voix des pays victimes des retombées d’un
ordre mondial à l’agonie et bâti par des puissants sans scrupules.
Toutefois, on relève un ralentissement pour ne pas
dire un engourdissement des activités. Que ce soit sur le plan régional et
méditerranéen, avec le renforcement des relations avec la Turquie et celui de
la coopération avec l’Italie, ce qui n’est pas le cas avec la France. Les
affaires étrangères carburent bien me dira-t-on, cependant, il est évident que
la stratégie a changé au regard des enjeux nouveaux. En matière de gouvernance
des Etats, le changement des leaders et autres animateurs de la politique nationale
découle des nouvelles stratégies que le pays met en œuvre. La diplomatie
procède de la même démarche : elle sert les intérêts du pays. Cela ne peut
pas se faire en raison de situations qui font que ces enjeux sont mal perçus ou
créent des adversités entre les animateurs gouvernementaux.
«Communauté»
ou «communautés» ?
Dans son discours sur l’état de la nation, le
président de la République a mis en avant son soutien aux communautés
algériennes vivant à l’étranger et particulièrement la plus proche, c’est-à-dire
celle qui réside en France en particulier et en Europe en général. Deux axes
ont été mis en exergue : d’abord la perte de sens des gouvernants français
et autres européens, ensuite les contingences politico-économiques avec leurs
effets sur le social, qui devraient inciter les Algériens à regarder vers la
mère patrie. Or, nous savons qu’en France, la communauté est stratifiée.
Plusieurs segments ou catégories de binationaux, de générations, de résidents,
de sans-papiers, sans compter ceux qui se revendiquent comme algériens parce
que natifs d’Algérie.
Les modifications apportées à la loi sur
l’immigration ne sont pas sans effets sur les enjeux générés par les liens avec
l’ancienne puissance coloniale. Nous savons que le laxisme a dilué les appartenances,
non pas et seulement, aux anciennes colonies devenues indépendantes depuis plus
de soixante années, mais a, aussi, englouti bien des ressortissants dans les
espaces communautaristes et idéologiques. Alors, une toute petite question bien
singulière me vient à l’esprit : que ce soit la Fédération des Algériens
en France ou le nouveau venu, le MOUDAF, ont-ils procédé ne serait-ce (qu’au)
recensement des binationaux qui œuvrent dans les nombreux domaines d’activité ?
La question se pose aussi pour les autres associations d’Algérie dans le reste
du monde.
Pourtant, avant de revendiquer quoi que ce soit, le
seul cas de la sensibilisation et de la mobilisation des communautés
algériennes montre que les services diplomatiques, comme les organisations de
la société civile, sont hors-jeu. Les ajustements nécessaires mettent du temps
à se concrétiser, alors que la participation des Algériens à l’étranger est un
atout certain face aux adversaires et, essentiellement, aux ennemis du pays.
Par ailleurs et pour conclure, un récent sondage
(décembre 2023) laissait apparaître des clivages menant à la rupture avec les
ratonnades des années 50 et 60, pour s’orienter vers la chasse aux musulmans,
avec les Algériens en ligne de mire. Nous savons qu’un sondage est une image
instantanée d’une situation qui n’est pas sous contrôle. L’islam, y compris
celui pratiqué en France, comme celui du reste du monde, est hétéroclite et
complexe, ne serait-ce que par le schisme sunnisme-chiisme. Il est aussi
diversifié que les cultures qu’il habite. Il peut réunir, mais ne saurait unir
des Turcs, des Sénégalais, des Maliens, des Nigériens, des Egyptiens, des
Qataris, des Ouigours, des Albanais, des Bosniaques, même des convertis de tout
bord, etc. Et les politiques français ont de quoi toujours diviser pour
s’opposer à une force qui, si elle était unie, nuirait à la cohésion sociétale
et républicaine française. Cependant, ils ne peuvent ni évaluer ni s’opposer à
des communautés qui ne veulent pas être assimilées, mais seulement intégrées comme
citoyennes à part entière.
En France, un ressourcement de la citoyenneté est
peut-être nécessaire, non pas sur la base du seul triptyque – liberté, égalité,
fraternité –, trois concepts complémentaires mais souvent mal perçus ou
quelque peu érodés, parce que, de nos jours, distants de la laïcité. Cela
réduit à néant la conception de la fraternité servie en fonction des idéologies
partisanes. Par conséquent, ce ressourcement recadrerait les prises de position
dans la stricte conception républicaine. Bon ! Bien entendu, c’est, là, une
affaire française qui nous concerne seulement de loin, mais que les liens
historiques remettent au goût du jour seulement lorsque les droites viennent
polluer l’ambiance.
En revanche, les choix nouveaux de
l’Algérie devraient être simples. Ils doivent être tournés vers le bien-
être du citoyen. Citoyen, c’est ce concept qu’il faudra définir de façon
explicite dans la Constitution.
F.-R. C.
Analyste Senior, Groupe d’études et de recherche
Méditerranée Amérique du Nord (German)
1) Gestion
des entreprises : amélioration systématique des performances et activités
opérationnelles stratégiques, Mémoire de fin de cycle INPED, juin
1991. Mise à niveau ESG : UQAM.
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