24 déc. 2009

Un Numide en Amérique du Nord – 28 –

... ’’Le moralement fautif ne peut-être qu’un ignorant’’. -2 -

Mais que faire et comment faire s’agissant des excès de l’homme et de leurs conséquences sur l’environnement ? Dans sourate Al-Hijr, 15, 22 il est dit ‘’ Et Nous envoyons les vents fécondants ; Et Nous faisons alors descendre du ciel une eau dont Nous vous abreuvons et que vous n'êtes pas en mesure de conserver". De ce point de vue, et de ce que j’ai compris de ma tradition, se référer au Coran est une démarche spirituelle qui mène vers la pleine sagesse et une méditation sereine sur l’œuvre de Dieu. Cela aide à préserver les éléments sur lesquels nous avons un contrôle.
C’est dire aussi combien l’environnement et la nature sont à l’origine sensibles, parce qu’ils sont l’œuvre de Dieu et qu’ils émanent de sa miséricorde en tant que berceaux de la vie. Cela est prescrit dans sourate An-Naba –78,6. ’N’avons nous pas fait de la terre une couche ?’’ Respecter l’état de la nature c’est donc respecter l’ordre divin qui a agencé l’homme et son environnement de manière parfaite et mesurée.

La Nature obéit à des lois. L’homme qui la gère et la domine par sa raison a t’il, lui, tous les droits ? N’a t’il pas d’obligations à son égard ?  L’homme a perdu conscience aujourd’hui qu’il appartient à un monde dont il n’est pas l’auteur, mais auquel il est lié par tant de liens invisibles d’échanges chargés de significations, de sens et de signes.
Est-ce à dire que pour toi il y a des causes et des effets en la matière ? Bien entendu, nous sommes de simples passants, de simples locataires, des nomades en transit, j’allais dire des immigrants…. Ce monde ne nous appartient pas. Il ne nous appartient pas de le détruire parce que nous ne l’avons pas construit. Il apparaît donc vital que des principes de respect de notre environnement doivent être développés et honorés.
Alors et pour conclure je suis partisan de ceux qui veulent repenser les choix et les valeurs pour éviter celles qui conduisent au chaos. Mais je me questionne sur ce qui hâte l’épuisement des ressources et la destruction de l’environnement ou encore peut-on conclure que c’est la dégradation voire la perversion des valeurs morales naturelles et spirituelles qui sont à l’origine de ce processus ?
Il y a ceux qui considèrent que c’est la perte du sens de la vie humaine et l’illusion entretenue de l’enrichissement continuel par les virtualités de la mondialisation et l’accroissement rapide des échanges matériels basés sur le seul profit qui en sont la cause mais il y a aussi ceux qui contrediront cette hypothèse.
Les premiers feignent d’oublier que l’Homme est l’être sublime, la créature sublime de Dieu. Les autres prétendent ignorer que par ses actions irréfléchies le même Homme sème la désolation et précipite la dégradation de l’environnement, de la nature, de l’écologie, de la terre. Même s’il a le rôle et la mission ultime de défendre et de préserver ses caractéristiques. A ce niveau de la réflexion je prendrai à témoin Socrate qui a dit :’le moralement fautif ne peut-être qu’un ignorant’’. 
Sommes-nous si ignorants que cela, pendant cette ère où la technologie permet de faire le tour du monde en un clic de souris ? Je suis convaincu que l’homme en spiritualisant ses rapports au monde et à son environnement traitera avec plus d’amour et de responsabilité la Nature. 
C’est ainsi qu’il démontrera qu’il a compris le lien qui existe entre sa fragilité et celle de la terre et qu’il apprendra à en user avec sagesse et raison.’’ Un silence, une inspiration et un moment de méditation se succèdent. Le Numide se tait.
Ferid Chikhi

21 déc. 2009

Un Numide en Amérique du Nord – 27 –

L’environnement et le réchauffement climatique…
Une mode ou un nouveau pouvoir !? - 1 -
Le Numide, le débat fait rage sur l’environnement, les changements climatiques. Une forte opposition s’est enclenchée depuis plusieurs années entre les puissances traditionnelles, les pays émergeants et les pays pauvres. Hier Kyoto et aujourd’hui Copenhague. Les environnementalistes crient à la supercherie et les gouvernants affichent difficilement leur satisfaction. Qu’est ce que ce débat des temps modernes t’inspire, sachant qu’en 2007, tu as participé à une rencontre sur la protection de la terre, organisée par un comité de rapprochement Interreligieux de la rive sud de Montréal ? 
‘’Je comprends l’environnement, la protection de la terre, le réchauffement climatique et je ne sais quoi d’autres, comme les nouveaux concepts de prise de pouvoir du 21ième siècle. Ils sont utilisés ça et là selon les idéologies fortes du moment. Le tout dépendant du groupe de pression ou du pays auxquels appartiennent les auteurs des déclarations et des actions décidées ou mises en œuvre, que ce soit pour ou contre. 
C’est là encore, quitte à me répéter, et de mon point de vue un moyen de s’accaparer le pouvoir, en tout cas d’un pouvoir dominant. Et pour m’en tenir à la deuxième partie de ta question, il est vrai que j’ai participé à un panel composé de témoins des religions monothéistes et complété par une amérindienne et un bouddhiste. 
Les discussions sont parties de chacune des pratiques des membres du panel et ce qui a été extraordinaire c’est qu’à la fin de la rencontre tous les présents se sont rendus compte que le cheminement emprunté par les panelistes convergeait vers le même point avec des démarches plus ou moins similaires et semblables malgré le fait qu’elles aient été formulées différemment.  

Veux-tu dire que même les pouvoirs religieux s’y mettent pour cette prise de pouvoir ? Pas dans la même optique. Ils montrent qu’ils ne veulent pas être à la traîne. Cependant, ça se fait en concertation et notamment pour être en mesure de démontrer qu’eux-aussi ils peuvent en parler et faire référence aux textes qui les fédèrent.
Ce qui est différent dans la démarche du comité de rapprochement Interreligieux du diocèse de St Jean-Longueuil c’est que par la préservation de la terre et de la nature il est proposé de trouver les similitudes, les parentés, les rapports entre les différentes croyances.
Ça peut être une voie que pourraient emprunter tous les croyants pour arriver à ce but contrairement à ceux qui parlent de développement durable.
Comment les autres panelistes ont-ils apprécié ta réflexion ? Bonne question. Mais avant de parler des impressions et des perceptions des personnes présentes il faut savoir que mon point de vue faisait appel à des souvenirs de mon adolescence et à la relecture de quelques sourates du Coran pour bâtir mon exposé.
Donc, me référant au Coran et à mon parcours de vie je me suis interrogé sur l’action de l’être humain à l’égard de ses semblables et de la nature. Sais-tu que le Coran présente l'homme comme l'être noble par excellence ? Dieu  lui a donné la prééminence sur toutes les autres créatures, en le désignant comme son Lieutenant sur la terre dans sourate Al Baqarah, 2,30 et en lui  insufflant de son esprit (As-Sajda, 32,9).  
En outre l’Islam prône que dans chacune de ses actions l’homme doit avoir à l’esprit la suprématie de Dieu. Mais, de nos jours, ce même homme, semble avoir oublié ce principe dans son rapport à l’environnement naturel.  Pourtant, dans sourate 'Al Ankaboute - 29, 20 il est écrit’Dis ‘’parcourez la Terre et voyez comment Il a commencé la création... ".
C’est dire que la nature est belle et comme toute chose belle elle est aussi fragile. Elle a été confiée à la protection de l’homme dont la survie dépend étroitement de l’environnement minéral, animal ou végétal. Mais qu’en fait-il ?  Pourtant, l’Islam invite à considérer que l’humanité, telle qu’elle, est résulte de la volonté Divine et que chaque être humain est responsable de l’évolution de cet projet en agissant avec sagesse et respect envers les richesses de la nature et de l’environnement.
Par exemple l’eau dans le Coran est citée une soixantaine de fois. Elle est le premier élément existant sur la terre. Dans la sourate - Hud, 11 – il est dit’Et c’est lui qui a créé les cieux et la terre en six jours – alors que Son Trône était sur l’eau’’.  Elle est essentielle à toutes les espèces. Dieu dit dans sourate Al Anbiya, 21, 30 : « Et fait de l’eau tout chose vivante» et dans sourate Al-Mu’minune - 23, 18 il est dit "Et nous avons fait descendre l'eau du ciel avec mesure; Puis Nous l'avons maintenue dans la terre(…)".
Ferid Chikhi

19 déc. 2009

Un Numide en Amérique du Nord -26 -

État d’âme…juste et libre…



Libre … et … vivant…
«Je veux être ici-bas libre, ailleurs responsable,
Je suis plus qu'un brin d'herbe
et plus qu'un grain de sable ;
Je me sens à jamais pensif, ailé, vivant. »
(Victor Hugo, La Légende des siècles)

11 déc. 2009

Un Numide en Amérique du Nord -25 -

À la rencontre des Mohawks…- 2-
des qualités et des valeurs qui font les uns et les autres…
Après quelques minutes de silence, véritable moment de méditation j’ose un, à quoi penses-tu ? Es-tu encore en voyage interne comme tu aimes si bien le faire ou peux-tu me parler de cette réserve indienne où tu t’es rendu en ce mois de juillet 2005 ?
‘’Hey ! Là tu viens de poser trois questions..’’. En fait j’aimerais que tu poursuives ton récit parce qu’il contient des informations que j’ignorais et d’autres qui m’ont fait revivre des moments de notre adolescence.  
'’Bon, commençons par quelques éléments. J’ai appris dans mes lectures de bandes dessinées des faits d’histoire, des évènements, des moments extraordinaires. Pour moi c’étaient des aventures auxquelles je croyais en partie. C’était pour moi, pour toi et tous les autres copains des moments d’évasions, de voyages et de rêves. Ce n’était pas seulement Blek Le Roc, il y avait aussi Miki le Ranger, Zembla, Akim, Tex Bill, Tartine Mariole, les pieds Nickelés, Tintin et Milou, etc.…
J’étais loin d’imaginer qu’un jour je confirmerai le contenu d’une partie de ces lectures. En rencontrant les résidents de Kanawake, qui soit dit en passant et au début de notre rencontre, n’ont pas été très loquaces - il a fallu quelques heures d’observation et de silence pour que la discussion s’engage - ils m’apprirent que ce territoire est une réserve amérindienne dite Mohawk du Québec. Située au sud ouest de Montréal. Vers 1830 ce village était le plus grand du Bas Canada. 
Ses résidents sont officiellement appelés "Native American of Caughnawaga" ou "Iroquois tribe of Caughnawaga", et les autres amérindiens, par exemple ceux de Châteauguay, les dénomment "Amérindiens du Sault", "Gens du Sault" ou "Sauvages du Sault".
Eux (les habitants de Kahnawake) disent s'appeler "Iroquois du Sault-Saint-Louis". Cette appellation ne cesse de se transformer au fil du temps. Au XIXe siècle, l’iroquois était la langue principale la plus parlée alors que le français était parlé par une forte majorité.
Cela veut-il dire qu’eux aussi ont vécu une acculturation ou une aliénation culturelle ? ‘’Je penche pour le pire. C’est une fission après une désintégration. Certains appellent ça un génocide, d’autres une assimilation…et j’en passe.’’ Mais eux qu’en disent-ils ? ‘’Il y a ceux qui confirment, il y a ceux qui infirment. Les plus intéressants sont ceux qui travaillent sur la mémoire pour refaçonner leur identité en préservant le peu qui en reste’’.
Existe t-il des résultats probants ? ‘’Bien entendu, par exemple, les gens de Kahnawake s'identifient à la confédération iroquoise, dont les villages se trouvent encore dans l’État de New York et constituent six (6) nations distinctes : Mohawk, Onondaga, Cayuga, Oneida, Tuscorora et Seneca. Ça ressemble quelque peu au travail de consolidation identitaire que font les numides, aujourd’hui, appelés berbères.’’ 


Que veux-tu dire par la ? Peux-tu préciser ta pensée ?  '’Par le passé,  il y avait 7 villages amérindiens du Bas-Canada, regroupés dans ce qui était dénommé la Fédération des Sept-Feux ou des Sept Nations. Kahnawake est le "chef-lieu" de ce pacte fédératif. Il sert à titre d'organisation politique centrale tout en respectant l'autonomie des communautés alliées.’’
Est-ce que tu penses aux villages de Kabylie … ? ‘‘Elle est intéressante ta question. Non je ne pense pas seulement aux villages de la Kabylie… Mais laisse-moi te dire que je suis toujours contrarié par les propos des personnes qui dés que quelqu’un aborde l’identité se braque sur la Kabylie. Pourtant, la problématique identitaire est encore plus forte chez les autres communautés berbères.’’
Je sens que Le Numide est irrité par ma question. Il se tait, passe la main sur la tête, ferme les yeux quelques trente secondes et les rouvre, me fixe en fronçant les sourcils et me dit ‘’ Puisque tu parles de la Kabylie, il y a un proverbe du Djurdjura qui dit, redoute l’homme noble si tu le traites avec mépris – redoute l’homme vil si tu le traites avec honneur’’
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 381 -

  Les intellectuels Algériens doivent sortir de l’ombre  La personnalité créatrice doit penser et juger par elle-même,  car Le progrès moral...