Yennayer...le
nouvel an berbère
12 janvier 2014
Assegas Ameggaz
Le 12 janvier 2014 correspond au nouvel
an 2964 du calendrier amazigh. C’est le calendrier
agraire utilisé depuis l'Antiquité par les Berbères. Même s’il est décalé de 13
jours par rapport au calendrier grégorien, un consensus est retenu pour le
fêter le 12 janvier du calendrier Julien.
Fête culturelle, c’est aussi l’une des premières
manifestations communautaires connues de la civilisation berbère.
En guise de rappel il faut savoir que ce jour
commémore l'accession, en l'an 950 av. J-C, d'un pharaon berbère, SheShonq
1er, prince de la tribu berbère des Mechaouch, qui conquit le pays
des Pharaons et y régna de 945 à 924 avant J.C. Il fut le
fondateur de la 22e dynastie égyptienne. Son action principale a été de
réunifier l’Égypte en l’an 950 avant J.C. Il occupa la Palestine et Jérusalem
et s’empara des trésors du temple de Salomon.
L’une de ses caractéristiques les plus remarquables
est d’être fêtée par toutes les populations de l’Afrique du nord. Durant cette journée un repas copieux Imensi n Yennayer est servi et des
festivités sont organisées avec pour symboliques la consécration du changement,
l’annonce de perspectives d’avenir plus fastes et l’éloignement du spectre de
la famine.
C’est aussi l’occasion d’accueillir chaleureusement les
forces du bien et du renouveau auxquelles croit le berbère. Ce repas est fait
de couscous avec de la viande de veau sacrifié (Asfel) ou de
viande séchée (Acedluh) et de volaille (un coq pour l’homme
et une poule pour la femme).
Le dessert est fait de
beignets lesfenj et de crêpes tiγrifin, de figues
sèches, d’amandes, de noisettes, de dattes.
Il invite à la communion avec
les forces du bien, les génies, gardiens, de la maison à qui sont offertes des
petites quantités d’aliments judicieusement déposées près du seuil de la porte,
dans les coins près de la cheminée, au pied de l’olivier, à la place du métier
à tisser azzetta.
Celui-ci doit être impérativement
fermé et remisé dés la veille, sans quoi les forces du bien s’emmêleraient dans
les fils et se vexeraient. Ce qui n’est pas de bon augure. Axxam, la
maison est nettoyée et embaumée à l’aide de branche de pin et durant les trois
jours qui suivent le balai fait de bruyère est caché.
Yennayer marque le retour sur terre des
morts porteurs des énergies de la fécondité. C’est pourquoi il est recommandé
aux femmes de ne pas porter de ceinture, symbole de fécondité. Celles qui
enfreignent cette règle deviendraient stériles.
La gestuelle est ordonnée de
sorte qu’elle symbolise la générosité et l’abondance. Les
berbères participants à la célébration, considèrent que par leurs actions,
la protection des forces du bien est acquise pour leur communauté et son
environnement.
Yennayer comme le disent
les anciens ce n’est pas seulement un moment de l’année célébré à la fois avec
faste mais aussi, même si cela parait paradoxal, avec cette sobriété
reconnue comme une valeur par les populations confrontées à un climat
versatile, à une terre exigeant des efforts colossaux avant qu’elle ne produise
ce qu'elles attendent d’elle.
Yennayer c’est surtout
une organisation sociale qui fait le lien entre des croyances païennes et des
pratiques en constante évolution. Des coutumes et des rites anciens perdurent et confirment sa place dans
les traditions berbères.
Alors, Assegas Ameggaz
Ferid Chikhi