L’intégration
des immigrants :
Réviser le système de sélection des immigrants -2/3
Tous énoncent que la
problématique est autrement plus complexe. La difficulté d'intégration ne se
situerait pas dans la concordance des exigences et des attentes de
l'industrie versus les profils professionnels des immigrants, mais dans les
déductions, les suppositions et le autres préjugés invoqués et confortés à
partir de quelques cas singuliers - craintes d'une inadéquation pouvant
perturber ou influer négativement sur les résultats de gestion, difficultés de
compréhension des attitudes et comportements pouvant avoir des conséquences sur
les relations interpersonnelles tant à l’interne qu’avec la clientèle, etc. -
Par les employeurs pour ne pas leur donner la chance de s'intégrer
professionnellement et par conséquent socialement.
Tous postulent que ‘’ces
immigrants qui s'adaptent rapidement à l'incertitude et à l'éloignement de
leurs pays et de leurs familles ; qui participent au changement fondamental qui
les interpellent au quotidien ; qui prennent part à la vie de tous les jours au
sein d’une société d’accueil généreuse et tolérante mais affichant des valeurs
différentes qu’ils doivent embrasser ; qui font face au choc thermique et
aux relations informelles de bon voisinage … ces immigrants sont vus comme
n’ayant pas les qualifications, les compétences, les expériences adéquates pour
une insertion professionnelle rapide et conséquente’’.
À l’évidence, il est question
d’un paradoxe qui ne dit pas son nom. Il y a d’un côté des emplois vacants avec
des critères presqu‘universels et de l’autre côté des candidats répondant
théoriquement à ces critères mais qui sont refusés pour des motifs subjectifs.
Pourtant, ils possèdent des qualifications conformes (conformité établie
par le ministère de l’immigration), une expérience (j’allais dire
internationale puisque presque tous ont travaillé dans leur pays d’origine et
pourrait faire profiter de leurs expériences les employeurs d’ici), une
attitude gagnante (ne serait-ce qu’au plan de la motivation - ils veulent
tous prouver qu’ils sont capables de …), mais au regard de l’appréciation
des recruteurs ‘’ils ne répondent pas aux attentes des employeurs’’.
Les raisons des refus sont
généralement ‘’la non maîtrise de l’anglais et/ou une soi-disant surqualification’’.
Lorsque ces deux obstacles sont levés un troisième fait son apparition comme
par enchantement et c’est celui du ‘’manque d’expérience québécoise’.
Or, personne ne peut plus occulter que ce sont là des insuffisances infondées.
Le décryptage que j’en fais,
et que fait un bon nombre d’analystes, d’observateurs et autres chercheurs
issus de l’immigration, se lit comme suit : dans certaines circonstances
il y a effectivement un réel embarras affiché à l’égard de l’attitude de
certains immigrants, pourtant, tous ont été sélectionnés, choisis et triés
sur le volet selon les exigences spécifiques du Québec et non pas du Canada ...
Or, ils n'arrivent pas à se
faire accepter par les industries quelque-soit le secteur d'activité où ils
postulent. Rares sont ceux qui arrivent à se placer dans des jobs qui répondent
à leur profil.
La question fondamentale qui interpelle
et qui est consacrée par l’actualité est la suivante : Que faut-il
faire pour arrimer les profils aux exigences des employeurs, la réciproque
étant vraie ?
L’actuel gouvernement
préconise ‘’d’aller sur le terrain pour aider les chercheurs d’emplois
à se placer en misant sur un programme d’intégration par les
compétences’’. C’est là une piste intéressante mais pour réussir une
bonne intégration ne faut-il pas des solutions plus pertinentes et
régulièrement adaptées aux flux des arrivées sont requises de la part des
institutions gouvernementales ? Par le passé, le Québec s'est adapté à des
provenances autrement plus diversifiées : Chine, Italie, Grèce, Liban, Vietnam,
Haïti ...
Mieux encore, et je pourrais
dire indubitablement, si les procédures de recrutements des immigrants doivent,
elles aussi, être adaptées aux besoins en main-d’œuvre d’employeurs tatillons
sur les attitudes et comportements beaucoup plus que sur les compétences et les
qualifications, le schéma de la sélection et de l’organisation de l’accueil et
de l’installation doit lui aussi être réaménagé, adapté et orienté vers plus
d’efficacité et moins de déperdition. Par conséquent il doit être plus
qualitatif que quantitatif. À titre indicatif, la marge d'appréciation de
l'agent d'immigration en charge de l’évaluation des profils lors de l’entrevue
de sélection, doit être bonifiée et élevée à plus
de 20% de la pondération totale, à charge pour le Ministère en charge de ce
portefeuille de procéder à des vérifications et à des validations de conformité
chaque fois que de besoin. Mieux encore, pourquoi, dans certaines situations,
ne pas faire appel à des consultants/recruteurs occasionnels issus de l’immigration
?
Ainsi le système de sélection
après avoir été révisé en profondeur pourrait être ajusté, en fonction de
l’apport de l’immigration aux régions et en tenant compte de l’expérience de
Montréal tout en évitant de reproduire les mêmes erreurs.
À suivre
Ferid Chikhi
http://www.politicoglobe.com/2013/02/lintegration-des-immigrants/
http://www.vigile.net/L-integration-des-immigrants
http://www.politicoglobe.com/2013/02/lintegration-des-immigrants/
http://www.vigile.net/L-integration-des-immigrants