Crédibilité des
institutions :
Si le Canada se porte bien, l’Algérie va t’elle aussi
bien ?
Le propos qui suit n’est en
aucune manière un essai de comparer le Canada à l’Algérie. Il s’agit seulement
d’un point de vue, un instantané concernant ma perception de ce qui se passe en ce moment en Algérie. D’entrée
de jeu, je souscris à l’idée que la perception d’une situation, d’un événement
ou d’un fait que l’on vit directement ou indirectement n’est pas la même que
l’on soit impliqué ou non, surtout lorsque la distance est un autre critère que
l’on se doit d’intégrer pour être partial.
Vue du Canada, en cette journée
dominicale et pluvieuse par intermittence, à la veille de la reprise des
travaux de la commission Charbonneau qui tente de faire la lumière sur la
corruption qui a sévi depuis plusieurs décennies dans certaines municipalités
du Québec, alors que le maire de la capitale de l’Ontario s’en prend aux médias
qui tente de remettre en question sa réputation parce qu’il aurait fumer du
crack et que le premier Ministre a été dans l’obligation de se défaire de son
chef de cabinet suite à une affaire de remboursement illégal de frais de
logements, l’Algérie, à quelques milliers de kilomètres de là, vit à un autre
rythme.
Un rythme qui oscille entre le
silence ‘’dérangeant’’ des
institutions au sujet de l’information relative à la maladie du Président de la
république que d’aucuns assimilent à de la ‘’discrétion’’
et à de la ‘‘décence’’ tentant de
faire accréditer la thèse qu’il s’agit d’un événement relevant de la vie privée
… le soutien des partis de l’alliance présidentielle qui parlent de ‘’sagesse’’ et de ‘’mesure’’ considérant les moments difficiles que traverse le pays … les clameurs et autres vociférations d’un 3 ième groupe, il faut
le dire, hétéroclite qui comptent quelques journalistes et politiciens
revanchards, etc. qui considèrent qu’il est préférable d’informer au mieux le
citoyen au motif qu’il y va de la liberté de la presse et de la démocratie
alors que leurs vraies intentions anticipent les changements qui pointent à
l’horizon et qui remettraient en question leurs intérêts financiers.
Le paradoxe parce qu’il existe un
paradoxe, réside d’une part dans la nécessaire authenticité de la référence
informative et d’autre part dans la désinformation, qui occupe le même espace,
avec des moyens tout à fait obsolètes dans un pays où la rumeur fait souvent
plus de dégâts que de bien.
Ce qui est spécifique, j’allais
dire singulier, dans la situation que connait l’Algérie, c’est qu’un grand
nombre de dirigeants des institutions, des instances gouvernementales, des
partis politiques, des médias, certains journalistes et intellectuels savent
que, depuis plus d’une décennie avec les technologies de l’information, la
communication a totalement changé d’image, de densité, de vitesse de
transmission, de véracité, et les termes de l’authentification ainsi que ceux
de la remise en question sont presqu’instantanés.
Dans les moments difficiles
Pourtant, rien de ce savoir ne
semble être mis en œuvre pour améliorer la relation avec le simple citoyen. Les
sites Internet des ministères, des entreprises publiques, des organisations
gouvernementales sont désuets, en décalage avec la réalité, indigents par le
contenu, etc. Les visiter est une pure perte de temps.
Malgré cela et à contrario,
personne ne peut nier que les médias sociaux font du temps réel et de la
crédibilité les deux critères les plus incontestables, les plus avérés, les
plus plausibles. Ce qui ne semble pas avoir été correctement intégré, outre
mesure, par les dirigeants et autres responsables de tous les niveaux hiérarchiques
à tel point que l’algérien se sent presque dans l‘obligation de se tourner vers
ce qui lui parvient de l’Hexagone que de ses propres gouvernants.
Il est vrai que d’aucuns
considèrent que l’Algérie vit une période d’incertitudes et serait à la veille
d‘une explosion sociale et politique différente de toutes les précédentes. Mais
est-ce vrai ? Comment peut-on le soutenir sachant que ses institutions fonctionnent peut être pas avec l'efficacité attendue d'elles, mais disons-le comme par miracle, alors que son Président est en convalescence en France, Le
président de son Sénat est en Équateur (Quito) alors que son Premier Ministre est en
Afrique (Addis Abeba), pendant que les
deux grands partis de la majorité présidentielle vivent des moments de
réorganisation et d’ajustements qui n’en finissent pas, que le seul vrai parti d'opposition poursuit son travail de fourmi pour la refondation de l'État et que le plus vieux
parti de l’après indépendance vient de clore son 5ième congrès en gratifiant son fondateur, Hocine Ait Ahmed, du titre ''Président d'honneur du parti''.
La vie, en Algérie, suit son
cours normal, la société ne cesse de protester, de s’affirmer ... avec ses
grèves et ses émeutes mêmes localisées. Les embouteillages asphyxient les
villes et les inondations paralysent des quartiers entiers alors que les
séismes même s’ils déstabilisent la population sont acceptés comme la vraie
fatalité.
Sur un tout autre plan un projet
de révision constitutionnelle que presque personne n’agrée, une vie
socioculturelle et politique perçue avec cynisme et souvent accueillie avec une
dérision désopilante par le simple citoyen
… et malgré tout, au vu des palpitations, des convulsions, des
soubresauts, des tentatives de calmer les esprits, l’Algérie donne des signes
de vigueur même si sa jeunesse se débat dans les méandres du non emploi et de
la mal vie, que son intelligentsia reste muette et que le citoyen en général
tente d’exprimer ses craintes face au manque de leadership et de charisme de
ses gouvernants.
Et comme le dit Baaziz dans sa
chanson ‘’Algérie,
mon amour !
Ô
mon pays, dans les moments difficiles l'on ne trouve que toi
Ô
cher pays, des gens t’ont projeté
Dans
les ténèbres et l’obscurantisme
Ils
ont voulu te jeter dans le fleuve
Et
humilier ton peuple.
Malgré
tout bledi je t'aime
Ferid Chikhi