Les auxiliaires qui instrumentalisent la religion contre les
voix citoyennes
Réagissant à l’attaque au
couteau contre un policier américain à l’aéroport de Flint, au Michigan,
commis
par un Montréalais, comme Premier Ministre du Québec vous avez déclaré « On ne peut pas dissocier cet acte-là
[l'attaque de Flint] de la version pervertie de l’islam radical, que certains,
dans cette communauté religieuse, font circuler. Moi j'entends souvent des
imams dire que c'est pas ça l'islam, mais il faut le dire plus fortement et
surtout entre eux également, à l'intérieur même de leurs débats religieux et
idéologiques. ». Ces propos ont provoqué un tôlé de réactions, non pas
au sein de ce qui est généralement qualifié de ‘’communauté musulmane du
pays’’, mais de quelques voix, toujours les mêmes, qui les qualifient d’« inacceptables » et de
« malheureux ».
Comme par hasard, aujourd’hui, ces
voix se réclamant de la citoyenneté, alors qu’hier encore, et
même aujourd’hui,
parlent au nom des musulmans du Québec, et tout le monde le sait, ces voix sont
proches de vous et de votre gouvernement.
Quelques autres voix rebondissent
allègrement sur les vos propos pour souligner que c’est une excellente
déclaration de sa votre part puisque pour la première fois vous liez le terrorisme à l’Islam, et elles appellent
à un débat sur la question.
Alors, faut-il se ranger derrière les
premières qui avec une hypocrisie – le Nifaq dont ils usent selon le bon
vouloir de leurs mentors - incommensurable, se réveillent pour réclamer la
citoyenneté de leur pays d’accueil, sachant que depuis des années elles parlent
d’une universalité virtuelle que leur confèrerait l’Islam ou faut-il se
positionner avec les secondes qui n’attendent que le contexte approprié - que vous
le Premier ministre du Québec venez de créer - pour sceller
définitivement le terrorisme et le radicalisme de l’Islam ?
Pourtant, Monsieur le Premier
Ministre, la bonne question ne serait-elle pas d’écouter, pour une fois, les
voix musulmanes qui ont toujours été citoyennes et éprises de paix ; ces
voix qui ne cherchent que la tranquillité pour vivre intelligemment avec celles
et ceux qui les ont accueillis à bras ouverts ?
Monsieur le Premier Ministre, ces voix
sont inaudibles, parce que votre gouvernement et vous-même avez privilégié
l’écoute d’auxiliaires qui instrumentalisent la religion à des fins politiques,
qui encouragent et alimentent par leur déclarations opportunistes aussi bien la
xénophobie, l’exclusion, la ghettoïsation que la marginalisation des citoyens
de confession musulmane dont la seule volonté, le seul désir est de vivre comme
tous les autres citoyens et surtout pas comme des membres d’une communauté qui
n’existe dans les esprits retors.
Monsieur le Premier Ministre, ces voix
sont celles de citoyens qui travaillent pour se mettre au diapason et pour être
productifs, améliorer le standard de vie de leurs enfants et le leur… Ils sont,
non pas seulement, inaudibles mais invisibles et ne veulent aucunement se faire
des portes paroles autoproclamés d’une idéologie qui utilise l’Islam pour se
faire valoir.
Ces voix, Monsieur le Premier
Ministre, sont celles de citoyens et citoyennes du Québec.
Ferid Chikhi