Québec : La pénurie est néolibérale, la prospérité
est sociale-démocrate !
Depuis, quelques mois les gouvernants
néolibéraux du Québec, malgré une retenue feinte de leurs propos et leurs commentaires,
assistés de leurs économistes qui n’entendent pas les appels étouffés des
employeurs, veulent nous faire accroire qu’ils s’inquiètent de la pénurie de
candidats aux emplois disponibles toutes activités industrielles et
commerciales confondues.
Pourtant, ne devrait-on pas se réjouir
des réalisations, fort appréciables des capitaines d’industries qui depuis plus
de deux décennies n’ont ménagé aucun effort pour inventer, innover et créer des
emplois ? Ils sont créatifs, ils sont innovateurs ces chefs d’entreprises
qu’elles soient artisanales, familiales, petites ou moyennes, qui partent d’un
petit investissement, souvent autour de cinq mille (5000$) dollars et, pour
beaucoup comme travailleurs autonomes, arrivent cinq à dix années plus tard à
concrétiser leurs idées en des réalisations tangibles. De nos jours, ils
s’impliquent dans l’automatisation et la numérisation des fonctions de
productions et de gestion de leurs organisations. Les gouvernants néolibéraux pour leur
part, jubilent en clamant que c’est une période de plein emploi malgré 5% de
chômeurs.
Ces mêmes gouvernants, osent orienter les causes de la pénurie en
main d‘œuvre sur les départs en retraite, une population vieillissante, une
immigration insuffisante pour ne pas dire non-qualifiée. Mais, la cause, la vraie, pourrait se
situer ailleurs que dans ces facteurs pour le moins aussi responsables mais pour
une infime partie. En observant les déficits de management, trois paramètres
ressortissent. Le premier est le manque de planification, réduite aux
indicateurs et autres statistiques au niveau provincial et fédéral. Le second, se
situe dans le manque de formation adaptée pour amener les chômeurs à se mettre
au diapason des exigences des employeurs et accéder ainsi aux emplois de base alors
qu’au même moment, les néolibéraux du gouvernement réduisent les budgets des
assistés sociaux. Le troisième concerne les exigences des jeunes finissants qui
ne répondent pas aux capacités salariales et sociaux professionnelles des
employeurs, ce qui a pour conséquence la mobilité rapide de ces jeunes. Alors, comment faire ? Si nous regardons
l’avers de la médaille plutôt que de rester figé sur l’envers, en quelques mots,
changer le paradigme, tel qu’il est posé par les néolibéraux, pour réduire non
pas la pénurie mais aller dans le sens de l’abondance des emplois ? Ne
serait-il pas un chemin critique à défricher ?
Une observation fine laisse apparaître
que la planification au niveau gouvernemental et la prévision des effectifs au
sein des entreprises, sont totalement occultées. Certes, il existe des statistiques publiées
régulièrement, mises de l’avant et interprétées selon les besoins par ‘’les
spécialistes’’ qui ne connaissent, ni le monde du travail et ses
besoins en main d’œuvre, ni l’évolution et les progrès réalisés par les
industries. Dès lors, les analyses sont biaisées à la source. Par ailleurs,
presque tous les économistes focalisent essentiellement sur les causes des
pénuries sans corrélation avec l’emploi.
Les
facteurs du changement
Prenons le facteur démographique. Postulons qu’un démographe n’est pas
forcément un ‘’spécialiste de l’économie’’ ; son point de vue est
toujours intéressant mais appliqué à l’économie, on devrait le considérer avec circonspection.
Ce facteur, est examiné sous plusieurs coutures et l’équation qui est de mise met
en exergue, d’un côté celle des départs en retraite et, de l’autre celle des
finissants, qui débutent un emploi. Cependant, aucun de ces spécialistes ne
parlent d’un troisième paramètre, celui des 5% de chercheurs d’emplois. Considérant, le développement des
compétences, non seulement, des employés en activité, ce qui pourrait les
fidéliser et éviter leur mobilité chronique mais aussi celui, des chercheurs
d’emplois. Des mesures gouvernementales pourraient être mise en œuvre pour les
aider à se mettre à niveau, à convertir leurs compétences et au mieux
bénéficier d’une orientation professionnelle suivi d’une insertion dans les
secteurs les plus en demande. Mais là, il s’agit d’une solution qui est loin de
convenir à des néolibéraux qui sont convaincus que le maintien d’un bassin de ‘’chercheurs
d’emplois professionnels’’ est meilleur que pas de chômeurs du tout.
Enfin, regardons ce que nous propose
l’éducation nationale - des finissants des centres de formation
professionnelle, des CEGEPS et des universités qui ne se présentent pas comme
étant la solution attendue par les employeurs en raison, là aussi, d’une
équation déséquilibrée ; les exigences, souvent trop élevées des jeunes en
question, branchés sur les technologies de l’information, ayant bénéficié de
formations, pas forcément très à-jour, et ne pouvant être opérationnels dès
leur recrutement, ne correspondent pas aux capacités aussi bien salariales que
sociales des industries. Il reste, une autre observation, qui
se présente comme une faille dans l’édifice économique du quebec. Il s’agit de
la planification. Aucune, entreprise de petite ou moyenne envergure ne
considère cette fonction comme étant essentielle pour ses réalisations, ses
performances, sa pérennité et le reste de ses fonctions qu’elles soient
stratégiques ou opérationnelles. Alors, même si cette fonction est occultée
comment peut-on anticiper l’avenir et notamment celui De remédier aux déficits
en main d’œuvre ? La saturation au sein du secteur de la santé en est un
symptôme non négligeable.
Les Capitaines d’Industrie du Québec
sont certes des créateurs et des Innovateurs, comment peut-on
penser que le facteur
planification des ressources humaines leur a échappé ? Le mal se situe, à mon
humble avis, beaucoup plus dans les gouvernances néolibérales assumées tant au
niveau provincial que fédéral qui naviguent à vue et laissent place au sein des
entreprises à une (GPA) Gestion Par Affolement. Le remède est rien d’autre qu’une
nouvelle politique sociale-démocrate qui prendrait en compte des qualifications
toujours renouvelées des acteurs, des compétences au diapason des besoins des
entreprises, des progrès industriels qui se transforment grâce à
l’automatisation et à la numérisation et une planification serrée pour
anticiper l’avenir et la pérennité des entreprises.
Ferid Chikhi