1 mai 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 106 -

Le premier printemps sans Elle …
Son dernier au-revoir
Aujourd’hui, je ne lui ai pas parlé comme chaque printemps. Depuis le 1er mai 1999, je l’appelais et conversais avec Elle le temps de passer en revue toutes les bonnes nouvelles, parler de la santé des plus âgés de la famille, de celles et ceux qui étaient malades et, je lui souhaitais un joyeux anniversaire. Celui de ma naissance. Elle me répétait sans s'en lasser '’mais c’est le tien‘’. Je convenais avec elle que c’était un moment de fête et de joie pour Elle et pour Papa. Elle acquiesçait par un ‘’c’est vrai’’. J’enclenchais par un ‘’dis moi, aujourd’hui, quel est le moment le plus agréable dont tu te souviens, à l’instant …’’, et avec une pincée d’un sourire presqu’imperceptible et que je devinais sur son visage elle me répondait, ‘’Ah ! Il faisait très beau ce jour là. Un moment radieux de printemps comme on n’en voit plus’’.
Je poursuivais par un ‘’Mais quoi encore ?’’ ’La famille, disait-elle, les gens et les amis étaient contents et heureux.’’ En poursuivant mon questionnement Elle m’avouait que ma naissance, Elle l’avait souhaitée et attendue plus de cinq années depuis celle de Beïda,  sous le regard accommodant des femmes de la famille. ‘’Arezki, mon père, devait avoir un garçon, pensaient-elles, même si Beida les comblait de bonheur, mais elles n’osaient pas aller à l’encontre de l’avis de ma grand-mère - Djoher - Nana, pour tous - qui chérissait mon père et qui par ricochet les adorait Elle et ma sœur''.
Elle m’a souvent répété que ‘ce 1er mai 1949, était un jour de printemps radieux, plein de soleil. Les oiseaux gazouillaient dans les arbres. Les hirondelles voletaient dans le ciel de Batna. Les youyous stridents exprimaient la joie débordante des femmes et emplissaient tous les espaces de la maison.  Les visites des membres de la famille, des proches et des ami(e)s étaient discontinues durant plus d’une semaine. Mon père, généralement discret, ne cachait ni sa joie ni son bonheur et son ravissement était partagé par tous’’.
Chaque printemps, en chacun de ces 1er mai, depuis la fin du dernier millénaire, malgré la distance qu’elle seule savait combler par ses mots, ses silences et ses non-dits, nous nous parlions. Un intervalle ''espace et temps'' qui nous séparait mais qui était selon sa propre définition un intervalle de connexion, de rapprochement et de communion. Un moment de proximité maternelle, qu’elle seule savait remplir par son écoute et ses conseils bien à-propos. Un bonheur que je n’avais jamais ressenti auparavant lorsque j'allais chaque année lui rendre visite en ce jour spécial et que depuis je vivais intensément lors de chacun de ces appels.
En ce jour de printemps 2011, la tristesse m’a envahie aux aurores. Puis, à 7 heures du matin, heure de ma venue en ce bas monde, j’entendis les gazouillis des oiseaux et son souvenir m’envahit. Un moment de vérité comme j’en ai rarement vécu … Depuis plus de dix ans, à distance, nous nous parlions et nous apprécions cet instant de plaisir, mais aujourd’hui, je ne lui ai pas parlé comme chaque année depuis mon 1er mai passé en terre germanique et depuis 10 ans passés en terre Canadienne. Elle s’en est allée en septembre dernier avec un dernier au-revoir ... Les larmes, à elles seules, pourront-elles un jour diluer ces laps de temps et les souvenirs qui les habitent ? J'en doute.
Ferid Chikhi

25 avr. 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 105 -


L’exploration de l’autre -5-
Au-delà du voyage spirituel, des chemins de vie
Des chemins de vie ! Lorsque j’ai pris conscience que ceux que j’ai empruntés, non seulement, je ne les ai jamais imaginés mais aussi que je n’avais jamais prévu d’y poursuivre une quelconque quête de spiritualité ou de recueillement, j’ai aussi compris que l’infini n’est pas la porte d’à côté.  Dans ma pratique religieuse, la foi et la spiritualité vont de pair et se complètent. Alors que je n’avais que 12 ans, j’ai appris, de mon grand oncle maternel, qu’elles vont de pair parce qu’il y a trois types de récitations d’un chapitre ou d’un verset pendant une prière.  Il y a les prières qui se font ordinairement, instinctivement, formellement … le matin ou dans la journée. Il y a celles qui se font à l’aube et le soir. Il y a aussi, une troisième, la meilleure, celle qui a été recommandée au ProphèteQSSSL dans la sourate - 73 - Al Muzzamil (L’enveloppé) : La prière pendant la nuit est plus efficace et plus propice pour la récitation. Tu as, dans la journée, à vaquer à de longues occupations.
Ce chapitre recommande de prendre le temps qu’il faut pour réciter le Coran, lentement et clairement. Il appelle à méditer les mots qu’on lit et à s’en imprégner pour faire l’agrégation entre la foi et le spirituel. Alors, je me suis dit, si ma pratique religieuse m’indique que la foi et la spiritualité vont de pair et se complètent, pourquoi ma pratique sociale ne devrait-elle pas être sur le même modèle et conjuguer échange, compréhension, partage et solidarité ?
Sur les Chemins de vie que j’ai empruntés j’ai eu, parmi tant d’autres, des rencontres apaisantes et sereines. Beaucoup d’entre-elles m’ont incitées à aller de plus en plus vers l’autre parce qu’il est étrange et l’étrange doit être exploré, découvert pour faire de celui qui le porte un proche et non pas un étranger quelque soit son origine.
Ferid Chikhi

18 avr. 2011

Un Numide en Amérique du Nord -104-

L’exploration de l’autre -4-
La course après son souffle
Un autre aspect de cet organisme m’avait emballé. C’était ni plus ni moins que son fonctionnement : Les ‘’Soirées sur l’actualité’’ qui portent un ‘’Second regard sur le monde’’ et qui offrent l’opportunité à des moments et en un lieu pour faire le point, échanger nos craintes et nos espoirs, trouver du sens à nos idées tout en posant des gestes pertinent.
Certes je ne remettais en question ni mes choix, ni mes valeurs et encore moins ma façon de vivre. Je n’avais pas un tel besoin mais, la curiosité, ce méchant défaut a pris le dessus sur la prudence et la réserve.
Nous nous sommes retrouvés, Leila et moi, à parler avec des Québécois de souche des défis que nous confrontons tous les jours, des mauvaises nouvelles comme des bonnes qui se succèdent et qui souvent perturbent notre quotidien. La course après son souffle ... expression du jour, de tous les jours.
Ma première participation n’allait pas être la dernière, malgré le fait que je sois musulman. Les échanges sont toujours cordiaux et ouverts. Des thèmes bien choisis par Jacques et Denise, deux personnes forts sympathiques, toujours accueillantes et surtout authentiques.
Les autres participants sont à l’écoute de nos propos et n’hésitent pas à questionner même sur les sujets les plus délicats. Les sujets qui fâchent. Mais lorsque ce sont des gens simples, malgré leur culture, leur éducation et leur instruction de haut niveau ou tout simplement leur expérience de vie, qui cherchent des réponses à leurs questions cela devient de l’exploration.
Ça ne heurte pas. Ça incite à sonder sa mémoire pour y valider si la bonne réponse n’y est pas déjà imprégnée. Si elle ne s’y trouve pas, vous le dites et, personne ne vous en tiendra rigueur.
A suivre …  
Ferid Chikhi

11 avr. 2011

Un Numide en Amérique du Nord - 103 -

L’exploration de l’autre -3-
Parmi les besoins humains ... le sens de sa vie ... 
Tous ces immigrants sont confrontés au même paradoxe qui pourrait se lire comme suit : d’une part, les causes du départ de leur pays, - parce que la démocratie y fait défaut, parce que les conditions économiques est à l’origine de la précarité économique qu’ils vivent ou encore en raison de la guerre - et d’autre part, leur intégration à la société d’accueil notamment à cause de la problématique de la reconnaissance de leurs acquis universitaires et professionnels.
La reconnaissance d’un registre de connaissances, de savoir faire et de savoir être est tellement cruciale même si dans l’absolu c’est sur la base de ces deux paramètres auxquels vient s’ajouter la maîtrise de la langue française qu’ils ont été sélectionnés …  la problématique est que la non reconnaissance invite tous les immigrants du Québec à renier leur passé - au Québec il est question de faire le deuil du passé - et à partir de nouveau de zéro.
J’ai fais de cet énoncé une règle, un précepte, un enseignement ou selon certains le commencement d’une nouvelle vie telle que celle de tous ces immigrants qui arrivent en cette terre du nouveau monde qu’est l’Amérique du Nord, le Canada en tant que pays entre deux océans. Un pays ou deux solitudes (l’anglophone et la francophone) se regardent comme chiens de faïences.
Puis le Québec, terre d’accueil par excellence de l’immigration francophone. Un pays qu’une partie des habitants voudrait couper de l’ouest et que les citoyens de l’ouest veulent à tout prix garder dans la confédération, de peur de perdre soit leur âme soit leur esprit ou peut être les deux en même temps. C’est dire qu’emprunter de nouveaux chemins dans ce vaste monde n’est pas aisé parce que le risque de l’inconnu est toujours présent.
Pour le moment je ne vais pas élaborer autour de la suggestion de Lamine mais je reste sur les chemins de vie que j’ai empruntés. Chemins au pluriel et vie au singulier. J’ai vite compris que nous pouvions emprunter plusieurs chemins mais nous le faisons au cours d’une seule vie. Un jour un petit entrefilet dans un hebdomadaire local invitait à une discussion sur ‘’l’étranger et l’accueil des immigrants dans les pratiques religieuses’’ lancée par un organisme communautaire qui souligne dans l’exergue de ses missions que ‘’Parmi les besoins humains, il y a celui de trouver le sens de sa vie et de s’accomplir comme personne, y compris dans sa dimension spirituelle’’.
Les pratiques religieuses. Ce concept tellement banalisé a été le déclic qui m’a amené à chercher qui étaient les personnes qui présidaient aux destinés de cet organisme. Je n’ai pas trouvé les informations nécessaires et suffisantes pour me donner une idée précise de leur profil. J’ai eu quelques appréhensions et comme le dit l’adage ‘’tu chasses le naturel il revient au galop’’ ; très vite la curiosité du journaliste qui sommeillait en moi depuis plus de dix années émergea et …  me voici embarqué dans une belle histoire.
A suivre …  
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 381 -

  Les intellectuels Algériens doivent sortir de l’ombre  La personnalité créatrice doit penser et juger par elle-même,  car Le progrès moral...