13 oct. 2016

Un Numide en Amérique du Nord- 268 -

Quelle convergence pour l’Indépendance du Québec ?
Entre 2018 et 2022, sera-t-il encore question d’indépendance ?
Mon arrière-grand-père est né colonisé.
Mon grand-père est né colonisé.
Mon père est né colonisé.
Je suis né colonisé.
Mes aînés ont libéré ma patrie mais il m’a fallu 40 ans et
L’exil pour savourer un semblant de liberté.  
Trois principes pour une convergence acceptée.
L’investiture ou la course à la chefferie du Parti Québécois aura tenu en haleine bien des observateurs, des analystes, des journalistes et le commun des mortels au Québec et dans the Rest of Canada (RoC). Au final, Jean François Lisée aura été élu, en toute démocratie par une majorité éclatante de militant-e-s du Parti Québécois. Bien des indépendantistes voient en lui le chef en mesure de battre les libéraux lors des prochaines joutes électorales mais d’autres ne croient pas qu’il fera le pas vers l’indépendance du Québec avant 2022. Qui a raison ? Qui a tort ?
Par principe, je suis pour l’indépendance du Québec mais je ne suis qu'un observateur venu de ma lointaine Algérie et il m’est arrivé de proposer à discussion quelques-unes de mes réflexions sur ce sujet. Elles n’ont pas toujours l’assentiment de toutes et de tous mais elles intéressent bien du monde concerné directement ou indirectement par l’autodétermination des peuples.
Retour sur une mémoire d’enfance
J'avais à peine cinq (5) ans lorsque mes aînés ont déclenché la Révolution Algérienne un jour de la Toussaint. Une révolution qui a sonné le glas des colonisations en Afrique. Cela s’est passé le 1er novembre, au lendemain de Diên Biên Phu, cette grande bataille qui a mis aux prises les révolutionnaires Indochinois et les troupes coloniales Françaises. Au cours de cette bataille bien des Algériens se sont retrouvés comme ''sujets français'' du côté des occupants et bien d’autres, qui s'étaient rebellés, ont pris le parti des Vietnamiens (quelques-uns sont même revenus au pays accompagnés d'une Vietnamienne).
Quelques six mois plus tard (Novembre 1954) de jeunes militants du mouvement national Algérien, avaient analysé les effets de Diên Biên Phu et en ont déduit que c'était l'heure de changer les méthodes d’action et de militance pour chasser le colonisateur Français et libérer le pays. Leur vraie première action a été la réflexion et de celle-ci en est sortie la rédaction de la proclamation du 1er novembre 1954. Le contenu de ce projet révolutionnaire allait être pris à bras le corps par tout un peuple dans une guerre de libération nationale qui sonna le glas du colonialisme.
Ce qui en est advenu par la suite est une autre affaire qui pourrait être examinée en temps voulu. Pour l’heure les historiens s'attellent à nous en écrire des pans jusqu’à ce jour occultés.
Trois principes pour une convergence partagée : Participation - réalisation – intégration.
En tout état de cause, ce dont je me rappelle c’est ce grand principe partagé par tous et qui a mené ces révolutionnaires Algériens du siècle dernier jusqu’à la victoire finale : L’indépendance de l’Algérie.
Ce principe se lit comme suit : ‘’Celles et ceux qui veulent participer à la réalisation de cet idéal sont invités à intégrer les rangs du Front de Libération Nationale (FLN) à titre individuel et en accepter les règles’’. Une des règles énoncée et acceptée par toutes et par tous était l’adhésion par toutes et tous ’’à l'unicité de direction qui aussi paradoxale que cela puisse paraître était collégiale’’ (le conseil révolutionnaire d’union et d’action (CRUA) était composé de 6 membres).
Bien entendu, avant de poursuivre et avant que les libéraux et les fédéralistes ne commencent à s’offusquer, à s’étrangler et à crier à qui veut les entendre que mon propos est une hérésie et que le Québec est une province du Canada qui est un grand pays démocratique… Je tiens à souligner que la Belle Province ne se trouve pas dans le même environnement politique et encore moins soumise au même type de colonisation.
Les monarchies en dessus de l’Écosse, la Catalogne, le Québec…
Cependant, il reste que la coquille dans laquelle sont enfermées la société, l’identité et la culture Québécoises, n’est pas du tout confortable sachant que l’Épée de Damoclès est toujours suspendue et bien tenue par les Fédéralistes toutes obédiences politiques confondues, et qui plus est, sont tous monarchistes. Comment l’Écosse et la Catalogne sont-elles arrivées à mobiliser toutes leurs citoyennes et tous leurs citoyens ? La réponse pourrait se résumer de la sorte : C’est en parlant le même langage, au-delà des divergences et des perspectives. C’est aussi en acceptant le principe unique qui est : Faisant l’indépendance et nous verrons après.
La situation est certes différente pour le Québec mais n’est-il pas déjà admis par toutes et par tous que cette province, est un GRAND PAYS à part, avec une société à part, une identité et une culture distinctes en Amérique du Nord ? Alors, il est tout à fait normal que ce pays, sa société, son identité et sa culture puissent s’exprimer sans contraintes et sans être soumis comme sujets d’un gouvernement supranational exogène dans un Canada à jamais monarchiste et non indépendant, par conséquent que la chance soit donnée ou arrachée pour s’autogouverner serait tout à fait appropriée et opportune.
De quelques principes de la convergence
Ce qui est suggéré ? C’est que le Parti Québécois avec Jean François Lisée et sa direction en cours de formation, ne doivent plus être seulement ceux des péquistes mais ceux de tous les Québécois-e-s de quelques origines que ce soit. C’est la démarche suivie par l’Écosse et la Catalogne, le ralliement des forces vives de la société civile : Jeunes, femmes, immigrants, ainés, Francophones, Anglophones, Hispanophones, Est européens, Nord-africains, Arabes du Moyen Orient, etc. Celles et ceux qui ne veulent pas se rallier grand bien leur fasse. Viendra le jour où les circonstances et la conjoncture les pousseront à le faire. En Algérie, ces militants du schisme et de l’attentisme avec l’égo démesuré se sont rallier au lendemain du cessez le feu, le 19 mars 1962, à peine trois mois avant (le 04 juillet 1962) la proclamation d’indépendance.   
Alors se pose les questions suivantes, pour le Québec, le parti Québécois est-il en mesure avec Jean François Lisée de rallier toutes et tous les indépendantistes, les vrais, pas les assimilées ? Le projet de convergence sera-t-il opérationnel entre 2018 et 2022 ?
Pour les mois à venir, le Parti Québécois devra s’atteler à renforcer cette convergence tant voulue par celles et ceux qui la croient réalisable. Si elle est probable, des principes à respecter et à faire accepter sont nécessaires pour franchir l’étape du ralliement : il s’agit d’abord du maintien dans les rangs de toutes celles et de tous ceux qui s’y trouvent au 7 octobre 2016, ensuite il faudra veiller à augmenter le nombre de militant-e-s en allant chercher encore plus de Québécoises et Québécois toutes origines confondues. Cela devrait être suivi d’une explication de ce que sont la convergence et le ralliement à l’interne et ainsi faire des militant-e-s des vecteurs de rassemblement.
Par ailleurs, la convergence ne doit pas être faussée par un énoncé illisible. Il doit être clair et limpide dans la définition et les étapes, les valeurs et les règles participatives. Cette convergence doit être codifiée et pour cela un projet de plate-forme ou de proclamation doit être conçu et publié afin de donner la chance à toutes et à tous d’en prendre connaissance et d’y adhérer ou de l’ignorer en assumant les conséquences qui en découleront. Enfin, la convergence doit être consacrée autour du grand principe du ralliement de toutes et de tous et sans condition.
Est-ce possible dans ce Québec de la troisième décennie de ce millénaire ?
Ferid Chikhi   

http://quebec.huffingtonpost.ca/ferid-chikhi/convergence-independance-du-quebec_b_12435998.html 

http://vigile.quebec/Quelle-convergence-pour-l

12 sept. 2016

Un Numide en Amérique du Nord - 267 -

Islamisme & Terrorisme : du sympathisant au djihadiste
‘’Vulnérabilité sociale ou problématique de santé mentale’’
 ‘’ Pour bien comprendre le présent et anticiper le futur
Il faut parfois rechercher des ancrages dans le passé, même le plus récent’’
El Houcine Messaoud
Ancien militant PPA MTLD
Cette année, la commémoration des attentats du 09/11/01 coïncide avec l’annonce du gouvernement qui invite les Canadiens à un exercice démocratique assez particulier qui consiste en une participation via Internet à une vaste consultation sur toutes les questions relatives à la sécurité nationale en vue d’un projet de loi destiné à remplacer la Loi antiterroriste qu'avait adoptée le gouvernement de Stephen Harper, le 6 mai 2015.
Ce billet, troisième de la série[i], publiée depuis le 25 juillet 2016, reprend des éléments de réflexions et d’observations concernant le conditionnement, l’enrôlement et la radicalisation des jeunes dans les rangs des Islamistes. Réalité ou fiction ?
Depuis les années ‘’90’’ les procédés et les démarches de prévention de la radicalisation des jeunes et moins jeunes sont portées à la connaissance des citoyens, par des rapports d’enquêtes, des analyses et divers écrits. Ils sont conçus dans le bon ordre de la rectitude politique en fonction des besoins de l’heure qu’ils soient géostratégiques, étatiques ou informationnels.
Mais, me dira-t-on qu’est ce qui attire ces individus dans le djihad armé ? Question à l’évidence essentielle. C’est, souligneront certains, leur vulnérabilité sociale et parfois leur problématique de santé mentale. Cependant, les plus critiques diront, dans les deux cas c’est foncièrement leur prise en charge en amont qui a failli. 
Les enseignements de l’histoire Algérienne.
Il y a quelques années de cela, ‘’El Houcine Messaoud’’, un proche et ancien résistant du mouvement national Algérien m’avait dit ‘’Pour bien comprendre le présent et anticiper le futur Il faut parfois rechercher des ancrages dans le passé, même dans le plus récent’’. La mémoire n’étant pas infaillible, rappelons qu’en Algérie, des articles de presse et bien des chroniques sur les actes terroristes étaient rédigés dans l’urgence sur des coins de tables. Ce n’est que bien plus tard que des ouvrages, des mémoires et des recueils de chroniques mettaient en exergue les causes et les effets des violences islamistes ainsi que les dérives politiques qui ont durement affectées et ébranlées les fondements de la nouvelle et jeune société Algérienne.
En Europe et en Amérique du Nord, la donne est différente. L’information et l’analyse par les médias majeurs est dense mais semble passer à côté de l’essentiel. La médiatisation des faits divers, qui tournent en boucle sur le petit écran, occulte l’apparition de nouvelles méthodes d’endoctrinement et d’enrôlement, sans compter que cette façon de traiter l’information porte un grave préjudice à la cohésion citoyenne et à l’économie des pays où les attentats sont perpétrés.
En Algérie, deux paramètres sont apparus dès le début de la guerre contre les civils. Ils avaient permis, aux islamistes, y compris ceux infiltrés dans des rouages de l’état, d’occuper le terrain pour une prise de pouvoir quel qu’en fusse le prix. Le premier était organisationnel et consistait en la mise en œuvre d’un maillage des mosquées autour d’œuvres de bienfaisance et en l’occupation des municipalités grâce à des fraudes majeures.  Le second était fonctionnel et consistait en l’ouverture, des mosquées sous contrôle islamiste, à tous les individus de statut social précaire. Ils avaient maille à faire avec l’état pour diverses raisons (effets de l’exode rural tels que le manque de logements, précarité sociale, chômage, exclusion scolaire, délinquance, etc.). Ce bassin d’‘’Islamistes en devenir’’ allait constituer un des fondements de leur expansion.  
L’objectif était double, d’un côté, la création d’une véritable armée de désœuvrés convertis en militants aguerris par des formations paramilitaires et de l’autre, aussi paradoxale que cela puisse paraître, le racolage et la canalisation de diplômés des universités exclus des emplois clés des organisations et des institutions industrielles, commerciales et économiques, à caractère public.
De nos jours qui sont les candidats au ‘’djihadisme’’ ?
L’État des lieux nous indique qu’à quelques éléments près, la stratégie de l’implantation de l’Islamisme est la même partout. Bien entendu avec des adaptations en fonction des population cibles. Au Canada et au Québec, même si elles sont similaires par le fonds, les pratiques sont les mêmes avec un paramètre commun, le conditionnement communautariste et social qui touche les familles, les femmes, les jeunes – garçons et filles – (décrocheurs et désœuvrés, écoliers finissant leur primaire ou leur secondaire (le cours d’ECR participe de ce fait). Les jeunes se recrutent parmi ceux dont la frustration est visible. Ils vivent un stress non diagnostiqué. Quelques-uns sont dépressifs et connaissent des troubles anxieux, des peurs et diverses phobies, comme si les dangers et les risques pourtant laissés, par leurs parents, à des milliers de kilomètres du Québec étaient encore là et à venir.
Par contre, il est difficile de trouver des arguments plausibles quant à l’endoctrinement de finissants des universités. Une de leurs caractéristiques réside dans le fait qu’ils fuient les débats d’idées des groupes ouverts mais sont ‘’invités – récupérés’’ pour rejoindre des groupes informels d’étudiants originaires des pays du Proche Orient et d’Afrique du Nord, etc. En général, ils ne participent pas aux activités des associations traditionnelles. Leur endoctrinement est comme instantané pour devenir des dépisteurs, des éveilleurs et des mentors des futurs radicalisés, mais le conditionnement est latent et présenté comme ayant servi au lavage de cerveau.
Leur discours, fortement imprégné de Wahhabosalafisme est victimaire. Il dénonce les agressions de l’Occident contre les pays musulmans. Une de leurs activités phare est l’animation d’ateliers de communications interpersonnelles. Ils outillent quelques ‘’dépistés‘’ en techniques de débats pour les émissions de radios, de télévisions et de conférences portant sur le racisme, la discrimination, l’islamophobie et la stigmatisation, non pas et seulement des islamistes mais aussi, des minorités visibles, etc.
Le conditionnement, les espaces et les acteurs de l’enrôlement
L’implantation de l’Islamisme se fonde sur quatre axes porteurs : les liens avec leurs alliés naturels ou conjoncturels ; le conditionnement communautariste et social ; les espaces communautaires et les acteurs de l’enrôlement. À la différence de la France, l’Islam et l’Islamisme en Amérique du Nord sont ‘’jeunes’’. Au Canada et au Québec, la radicalisation semble être traitée comme un effet et non pas comme une cause. Le conditionnement communautariste et social est une étape à peine abordée par les différents observateurs. Un examen rigoureux de ce qui est qualifié de ‘’radicalisation’’, (en Europe et en France… au Canada et au Québec) nous montre que la matrice de l’islamisation des individus et des communautés ne se fait ni sur le même modèle d’organisation ni sur les mêmes profils des intermédiaires et des émissaires.  
La radicalisation diffère aussi par la population d’immigrants considérés comme cibles privilégiées par ‘‘les dépisteurs, les orienteurs et les éveilleurs’’. Elle est aussi spécifique par la violence sociale qu’elle engendre en raison des causes beaucoup plus que de leurs effets. Dans ce contexte le sentiment d’appartenance fait partie des éléments déstabilisants. Ces jeunes égarés par les sociétés d’accueil vivent une perte de sens qui les pousse à nier leur appartenance à une identité en construction. Ils empruntent ainsi les chemins de l’incertitude hors d’une société qui ne les reconnait pas, qu’ils ne reconnaissent pas et dans laquelle ils ne se retrouvent pas.
Selon certains, les mosquées ainsi que des réseaux sociaux auraient perdu leur titre de bassins privilégiés pour le recrutement des sympathisants. Cependant, même si la WebSphere se modifie elle s’adapte très vite aux objectifs des djihadistes. Tous les autres espaces de regroupement et de rassemblement de personnes sont des cibles ordinaires : universités (groupes d’études, lieux et filières d’études), librairies et bibliothèques, stades et salles de sports, cafés, bars/restaurants. Sans omettre les lieux de rétention judiciaire.
Les instruments du conditionnement communautariste et social
À ce qui précède viennent s’ajouter trois instruments de l’endoctrinement :  Le monde de la vidéo subversive qui fait le lien entre les auteurs et les ‘’sympathisants’’. Les chaînes de télévisions satellitaires financées par le Pétrowahhabisme émettant à partir de la Grande Bretagne et des pays du golfe, usent des technologies les plus sophistiquées pour passer leurs messages grâce à des animateurs polyglottes par la pratique. Pas moins de 70% des immigrants en provenance des pays du Moyen Orient et du Maghreb privilégient ces télévisions à ceux de leurs pays d’origine et d’accueil. L’autre outil de communication singulier et incontrôlable, totalement méconnu par les ‘’experts’’ mais qui a fait ses preuves en d’autres périodes et lieux, c’est l’oralité, le téléphone arabe, diront certains, la rumeur, diront d‘autres.
Comment y remédier ? Au-delà des politiques sécuritaires et de ‘’déradicalisation’’, une piste à suivre serait de développer l’appartenance à la société qui les a vu naître ou qui les a accueillis beaucoup plus que communautaire, en mettant en pratique une éducation civique et citoyenne au sein des institutions, des organisations éducatives, des centres communautaires, des groupes sociaux, etc.
Elle devra dérouler des actions d’éclaircissement proactives de communication, de sensibilisation et d’intégration non seulement des jeunes mais aussi des moins jeunes, des femmes et des familles. Il ne s’agit pas seulement de lutter contre le racisme ou la discrimination, il s’agit de tendre la main en allant vers ces immigrants pour les faire participer à la réalisation d’un projet commun d’une société en pleine transformation. Quant aux radicalisés, l’adaptation de certaines démarches de ‘’désintoxication’’ en amont serait appropriée.
 Ferid Chikhi

  1. Terrorisme : pourquoi les musulmans ne parlent pas ? 2. Islam, islamisme et terrorisme : comment réformer, rompre et éradiquer ?) publiés sur le Huffingtonpost Québec depuis le 25 juillet 2016 et le 22 août 2016.

http://quebec.huffingtonpost.ca/ferid-chikhi/islamisme-et-terrorisme_b_11969168.html 

23 août 2016

Un Numide en Amérique du Nord - 266 -

Islam, Islamisme et Terrorisme
Comment réformer, rompre et éradiquer ?
’Le bonheur de l'humanité n'est pas dans l'épée et la violence
Mais dans la plume et la bienveillance’’
Tablit Guerfi Malika
Il y a quelques années de cela, un ami me racontait l’anecdote suivante : ‘’Je me trouvais dans un autobus et trois jeunes se chahutaient et irritaient les autres passagers par leur attitude et comportement provocateurs. A un des arrêts suivants un ami Québécois monte et après quelques minutes me dit ‘’les arabes sont vraiment niaiseux, ils sont impolis et n’ont aucun respect pour les autres’’. Mon regard interrogateur l’amèna à compléter par une phrase qui allait me mettre hors de moi : ‘’ Au moins tu n’es pas comme eux, tu es différent’’. Je m’assume et lui réplique ‘’ils sont moi et en dépit de ce que tu peux penser je suis eux’’. En mon for intérieur je me suis dit, quel que soit ‘’X’’ sa perception étant biaisée je ne saurais lui en vouloir mais le double langage ne fait pas partie de mon expérience. Les trois compères ayant entendu ma réflexion se sont tus et ‘’calmés’’ jusqu’à leur descente de l’autobus’’.
Les musulmans ont le devoir de dénoncer ce qui est fait en leur nom
De nos jours, qui dit terrorisme dit islam et musulmans. Qui dit hijab, djilbab et Burqa dit
musulmanes soumises et islamisme. Qui dit burkini (qui depuis quelques jours défraie la chronique) dit Wahhabisme et recul du progrès et de l’émancipation des femmes musulmanes, oubliant que le processus est le même que celui par lequel le hijab a été imposé. Est-ce vrai ? La réponse, pourrait être lapidaire et ne se décline qu’en un seul mot : Oui ! J’ajoute que c’est révoltant ! C’est blâmable ! C’est répréhensible !
Nous observons tous les jours que le monde est pris au piège de la médiatisation du Wahhabisme et du Salafisme par la Ligue islamiste internationale littéralement financée par les petro-wahhabisme.  À cela s’ajoute qu’à chaque attentat commis par les criminels et autres mercenaires islamistes que ce soit au Moyen Orient, en Afrique subsaharienne ou ailleurs dans le monde, des appels sont adressés aux musulmans pour une introspection et une mise à niveau de leur pratique religieuse. Ces appels les invitent, parfois sèchement, parfois ‘’mielleusement’’ à réformer leur religion et même à rompre avec une partie du message révélé.
La source de ces appels provient essentiellement de pseudo-islamologues et autres politologues en panne de notoriété, de journalistes de droite, etc. Il existe ainsi une diversité de voix qui souvent ne connait que très peu de choses aux religions. Elles sont souvent en rupture de bans avec et s’érigent en donneuses de leçons à des millions de personnes acquises à l’Unicité d’un Dieu avec des valeurs les unes excellentes et compatibles avec celles des autres peuples et d’autres tout à fait en contradiction.
Une réforme de l’Islam ou l’éradication de l’Islamisme
Alors, comment faire ? Quelle est la solution ? Emettons quelques hypothèses qui constitueraient un blocage et considérons un des aspects en lien direct ou indirect avec l’Islam. Nous savons que cette religion est traversée par plusieurs courants qui s’emboitent les uns aux autres en fonction du temps et de l’espace de leurs survenances mais toujours autour de cinq principes dont le principal est une exigence incontournable : ‘’L’unicité’’, la foi en un seul Dieu et en son dernier prophète. La panoplie de ces courants va du rigoriste intégriste et conservateur au plus progressiste et ouvert d’esprit acceptant l’innovation et la nouveauté.  Nous savons qu’en général lorsqu’il y a une panne dans la pratique de leur religion les musulmans font appel à l’Ijtihad, c’est-à-dire l’effort sur soi pour trouver le juste milieu.
Or, ce qui est observé depuis quelques décennies c’est que ce travail sur soi qui résulte en un apport à la communauté a été selon les circonstances, le lieu, les sociétés soit invalidé
soit annihilé. Dans bien des situations il a été tout simplement balayé et pulvérisé par l’Idéologie Wahhabo Salafiste qui use non seulement de la terreur, de ses finances incontrôlées et de la corruption des esprits vulnérables et autres laissés pour compte. Dans une telle impasse, les musulmans se sentent enfermés et bâillonnés par cette idéologie même si quelques-uns de leurs penseurs vivant ailleurs que dans les pays musulmans sont à l’œuvre pour tenter de la contrer malgré sa capacité assassine et sa richesse outrageuse.
Des bien-pensants prennent des raccourcis et suggèrent entre autres, d’amputer le Coran de sa partie ‘’mortifère’’, celle qui appelle à tuer tous les autres qui ne sont pas musulmans, les apostats, les athées, les homosexuels, etc. Pour quelles raisons cette question est-elle ainsi posée ? Dans le camp des musulmans, à l’évidence personne ne veut y répondre.  Pour bien d’autres musulmans cette exigence est, non seulement simpliste mais de par sa légèreté qualifiée d’incongrue. Une abrogation, aussi minime soit-elle, exigerait un consensus pratiquement utopique.
Mais de nos jours le terrorisme islamiste est transfrontalier et il remet en question toutes les valeurs universelles partagées. Les musulmans sont les plus visés et les premières victimes. Ils ont par conséquent le devoir de prendre des décisions intelligentes afin d’agir contre ce fléau.  Ils doivent assumer ce qui se fait en leur nom et au moins de dénoncer vigoureusement cette mainmise du Wahhabisme Salafiste sur leur statut de citoyen et de partie prenante de toutes les sociétés qui les ont accueillis de par le monde. Un hadith du Prophète (QLSSSL) le leur intime : ‘’Et si tu réprouves le mal alors que tu restes avec les désobéissants et les gens mauvais et que tu dises : ‘’Je réprouve avec mon cœur’’ alors ceci ne t'est pas permis car s'il y avait dans ton cœur une réprobation du mal tu ne serais pas resté avec eux’’. Il est par conséquent grand temps de passer du silence, qui s’interprète comme de la complicité, à l’expression et à l’action pacifique et participative. 
L’ère des ruptures nous interpelle
Sachant que l’Islam est une des matrices nourricières de l’Islamisme, interrogeons-nous au sujet de l’avenir des deux. Demandons-nous, comment doit-on procéder pour stopper l’islamisme wahhabosalafiste en évitant de porter préjudice à l’Islam et aux musulmans ? Les capacités et l’esprit de discernement sont des conditions sine qua none pour opérer un choix. Celles et ceux qui le savent et l’ont vécu, considèrent que l’éradication de l’Islam politique généré par le Wahhabisme est la réponse la plus appropriée.
Cette idéologie qui s’est construite autour de trois autres vecteurs que sont la philosophie de la Sahwa ou renouveau de l’Islam prêchant le salafisme c’est-à-dire un puritanisme hors espace des temps modernes.  Ensuite en ciblant et en soumettant la femme pour en faire la partie la plus visible de son forfait victimaire pendant que son dernier, le terrorisme s’en prend à des innocents avec un jugement situationnel et machiavélique mais jamais aveugle.
Il existe un autre problème que les gouvernements Occidentaux doivent résoudre c’est celui du soutien au terrorisme qui sévit contre leurs citoyens là où ils se regroupent le plus. C’est à dire l’espace public. Une partie des protagonistes vient des zones à forte concentration de populations vulnérables avec des statuts sociaux du bas de l’échelle. Tous ces jeunes des ‘’communautés d’origine…’’ ont un ‘’destin écrit’’ (Mektoub) que les éveilleurs, les endoctrineurs, les enrôleurs vont chercher et formater pour les pousser vers la radicalisation. 
Les gouvernements Occidentaux doivent aussi se demander comment des associations, soi-disant caritatives, œuvrant sous couvert de centres communautaires islamistes et autres associations culturelles arrivent à recruter des ‘’intervenants et éveilleurs influents‘’ et en même temps réunir des sommes aussi minimes soient elles sans que les services de police et les institutions financières de leurs pays, pourtant habitués à traquer le blanchiment d’argent, n’y voient que du feu ?  
Éradication de l’origine du mal
Ensuite comment des jeunes oisifs, petits délinquants et autres diagnostiqués en santé mentale se portent candidats au suicide ou à l’opposé des étudiants finissants ou doctorants dans des universités ou le débat d’idées fonctionne à plein tube, se trouvent subitement à développer un sentiment d’appartenance à l’Islam politique et sont happés par le Wahhabosalafisme pour devenir des éveilleurs et mentors des futurs radicalisés au lieu de considérer leur appartenance à la société qui les a vu naître ou qui les a accueilli ?
Une troisième interrogation s’énonce comme suit : comment une association de criminels arrive à créer une agence d’information et à diffuser ses messages et ses communiqués via les satellites appartenant à des agences internationales ?  Enfin, une dernière explication doit être fournie au sujet des liens entre ces associations et certaines groupes financiers transnationaux qui offrent ‘’d’excellents placements’’ pour leurs apports financiers?
Quant au terrorisme transnational soutenu par les Pétro Wahhabisme et son idéologie porteuse des gênes de la souffrance de populations innocentes, il ne doit plus être médiatisé au nom des musulmans.  Les médias publics doivent être mandés pour agencer leurs messages afin d’éviter les confusions en parlant par exemple de l’origine des terroristes qui sont pourtant nés dans le pays où ils commettent leurs crimes ou encore évoquer l’islam radical sachant que la radicalisation et le terrorisme sont l’œuvre du wahhabisme salafiste et de la Da’awa Islamia. Il n’est plus question d’intérêts seulement économiques et industriels mais il s’agit surtout de désamorcer une déflagration qui serait hors de contrôle.
Pour terminer cette réflexion, j’emprunte à mon amie, Mme Malika Tablit Guerfi, professeur à l’université d’Alger et poétesse la citation qui suit ‘’Le bonheur de l'humanité n'est pas dans l'épée et la violence mais dans la plume et la bienveillance’’. N’est-ce pas le chemin à suivre pour consolider le rapprochement entre citoyens de toutes les fois, de toutes les obédiences religieuses et de tous les statuts ? Sera-t-il considéré par les gouvernants pour assurer que tous les ressortissants de leurs pays sont des citoyens à part entière ? Le temps nous le dira.
Ferid Chikhi
http://quebec.huffingtonpost.ca/ferid-chikhi/islam-islamisme-et-terrorisme_b_11646970.html 

23 juil. 2016

Un Numide en Amérique du Nord - 265 -

Terrorisme : Pourquoi les musulmans ne parlent pas ?
 « Le silence, c'est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs et
Si tu parles, tu meurs. Alors, dis et meurs ! »
Tahar Djaout
Depuis les attentats de Paris nous ne sommes plus dans le « Je suis Charlie », mais dans « l'après Nice » et le faux coup d'État Turc en passant par Molenbeek et les autres crimes commis contre les civils de Syrie, de Libye, du Yémen, d'Afghanistan et d'ailleurs. En l'espace d'un semestre, le monde a changé. Un changement majeur qui configure les contours d'un nouveau monde et dépasse celui de la seule mondialisation.
Récemment, sur la terrasse d'un restaurant, alors que nous échangions nos commentaires sur ces crimes contre des citoyens innocents, une amie allemande s'est demandé : « À qui le tour ?» Sur le moment, un rictus se fige sur mon visage et très vite, les souvenirs des jours d'enterrements de mes amis assassinés, durant les années 90, remontent à la surface. Je la fixe quelques secondes avant d'exprimer mon anxiété en rappelant que maintes fois nous avons répété cette question et toujours la réponse – un autre assassinat de l’un des nôtres - ne tardait pas à nous parvenir. C'est ce qui s'est passé.  Quelques jours après, c'est Munich ! Encore Munich ! Des morts, des blessés, des familles endeuillées, des peurs exposées...
En Allemagne, des explications mesurées des autorités, et ailleurs, ce sont des spéculations maladives, souvent insensées, des politiques en déphasage total avec la nouvelle réalité d'un monde meurtri par des individus avec lesquels seule la puissance de la force publique est de mise. Le monde a changé. Le monde va encore changer avec l'élection vraisemblable de Donald Trump à la tête des États-Unis. Le monde change avec le pseudo coup d'état en Turquie, alors que de nouvelles victimes s'ajoutent sur la liste des islamistes.
Victimes d'abord anonymes et par la suite connues. Mais encore et toujours bien des citoyens du monde dit « libre » demandent, entre autres : « Pourquoi les musulmans ne dénoncent-ils pas ces attentats commis par leurs coreligionnaires ? »
Nous avons souvent entendu cet énoncé qui nous cible, nous invite, nous interpelle, nous somme de nous exprimer contre ce fléau devenu mondial. Que ce soit en France, au Canada ou ailleurs, c'est le même appel, le même refrain : Pourquoi ne dites-vous rien ? Pourquoi ne dénoncez-vous pas ces actes abjects, ces crimes scandaleux commis par les vôtres ?
Même si tous savent que les premières victimes sont les musulmans. Un grand nombre parmi nous ne trouvant pas quoi répondre assurent : « Non, ce n'est pas cela l'islam. Les musulmans n'agissent pas
ainsi... » Parfois, ils citent maladroitement un verset du Coran qui condamne celui qui tue une vie. Sans plus. Ils ne disent pas la phrase magique. Celle que tous les autres veulent entendre : Oui ! Ils sont des nôtres et nous devons les arrêter, les condamner, les dénoncer. Manifester contre eux.
Des Occidentaux voudraient supprimer le mal à la source en s'en prenant à la matrice coranique et se présentent comme des experts et spécialistes du texte sans tenir compte du contexte, et encore moins de l'époque de sa révélation ou, en fonction de l’époque, de ce que les hommes ont fait de lui.
Pendant ce temps, les médias de masse poursuivent leur quête du sensationnel. Ils ont choisi d'offrir leurs plateaux de télévisions, leurs micros de radios, leurs colonnes de journaux à des militants islamistes et à quelques musulmans conservateurs et activistes de la Sahwa[1], qui ne cachent ni leur proximité ni leur allégeance au salafisme, au wahhabisme et au Tekfirisme, y compris les plus criminels. De toute façon, ils le sont tous si ce n'est pas directement, c'est par une complicité qui valide leur duplicité.
Quand un musulman « normal » - je n'aime pas ce qualificatif, comme je n'aime pas l'autre, le « modéré » parce qu'ils sont tous les deux péjoratifs - parle, « la communauté » est sommée de le contrer. Elle considère que c'est au représentant accrédité par ‘’la tribu’’, par les politiques et leurs médias, de parler au nom de toutes et de tous, y compris celles et ceux qui n'ont jamais accordé leur délégation.
Mieux encore, pour le faire, la communauté réfléchit et patiente que le « La » soit donné par les pseudo imams, les pseudo leaders, les pseudo représentants. Leur message se résume à quelques mots : « Ils sont contre, mais... »
Le « MOI » et le « JE » sont haïssables, honnis et bannis dans les pays arabo-musulmans
En Occident, si un musulman - pas un islamiste - ose s'exprimer en dehors de ce cadre préétabli, des groupes et leurs porte-voix s'en offusquent et le qualifient de vendu, de traître, de retourné... de moins que rien, qui a renié les références de son groupe et les valeurs de sa communauté. La raison d'une telle attitude est simple : le « MOI » et le « JE » sont haïssables, honnis et bannis dans les pays qui ont plié, non pas et seulement, devant les préceptes religieux, mais aussi devant les cultures venues d'ailleurs portées par l'islam, et étrangères aux us et coutumes des pays arabo-islamisés. Paul Valéry aurait été bienheureux de constater que ce qu'il a dit se vérifie dans un contexte qu'il n'aurait jamais imaginé.
L'appropriation du « ON » et du « NOUS » est soutenue en substance par une phrase qui est inculquée dès le plus jeune âge et se lit comme suit : « Mon Dieu préserve moi du haïssable, aide-moi pour ne pas prononcer le mot " Moi " ou le mot "Je", ils sont détestables. » Et, ça fonctionne.
Le musulman ne doit jamais parler à la première personne du singulier, seul Allah peut le faire. Lui seul peut le dire. Le « JE » est le sien. Le musulman peut s'approprier le « Nous » et le « Il » impersonnels. Mais il ne se citera jamais comme sujet principal. L'estime de soi en prend un coup, tellement il se « désavoue ». Et, si par hasard cela venait à être entendu, les questions de la stigmatisation fuseront automatiquement : comment oses-tu parler en ton nom alors que tu es avec « NOUS » ? Si tu le fais, c'est que tu les as rejoints, « EUX », pas nos adversaires, mais « EUX », nos ennemis. « Te prends-tu pour Dieu alors que tu n'es que poussière !? » La boucle est ainsi bouclée.
Les islamistes - je préfère ce qualificatif parce qu'il est idéologique - et les intégristes et/ou les fondamentalistes qui s'accrochent mordicus aux dogmes et aux pratiques religieuses d'une autre ère - parlent du « NOUS » inclusif, contre ceux d'en face. Il m'est arrivé, plus d'une fois, de sursauter lorsque j'entends certains Québécois parler d'inclusion. Je me demande s'ils entendent ce concept comme le comprennent les islamistes qu'ils privilégient ? Pourtant, entre eux ils (les islamistes) les qualifient de mécréants, d'athées, d'impies, d'infidèles, etc.
L'histoire le démontre, ils se referrent à une ère, une époque, un contexte à jamais révolus, lorsque tout était tribal et qu'il fallait dans ce désert d'Arabie survivre et se protéger contre tout ce qui n'était pas similaire et semblable. Alors, de nos jours, au lieu de se fondre dans la société qui les a accueillis, comme le font des milliers de musulmans venus chercher une citoyenneté complète, ils choisissent de s'ostraciser, se ghettoïser et occuper la marge avec la bénédiction des multiculturalistes.
Seuls les islamistes et leurs alliés naturels crient à l'islamophobie
Au Québec, la menace islamiste existe bel et bien, dans les faits et les actes. Nous savons, même ceux qui font semblant de ne pas le savoir, qu'il est important de distinguer la bonne graine de l'ivraie et comprendre que tous les musulmans ne sont pas islamistes, mais que tous les islamistes sont musulmans. Alors se pose la seule et vraie question, à savoir : comment faire pour les distinguer et éviter la stigmatisation, le ciblage, « le racisme », le mépris, le dédain, le rejet... des autres, de toute la grande masse de citoyens de confession musulmane ?
Pour tenter de trouver quelques pistes de réponses, faisons parler quelques indicateurs : il existe au Canada environ 700 000 musulmans d'origines diverses, ces personnes viennent aussi bien des pays musulmans du Moyen Orient, d’Asie que des pays européens, africains, etc. Au seul Québec ils avoisinent les 200 000 (femmes et enfants compris). 
Il existe une très faible proportion de fondamentalistes, d’intégristes, de conservateurs et d’islamistes - la ligne de démarcation entre les deux premiers groupes et le dernier est mince - les militants islamistes engagés, purs et durs ainsi que les sympathisants de cette mouvance au Québec avoisinent les 1500.
Pendant ce temps, la masse critique des pratiquants (respect total ou partiel des cinq piliers : foi en un Dieu unique et en son dernier prophète, prière, jeune, aumône, pèlerinage) s'intègre bien et ne sollicite aucun accommodement religieux. Elle voudrait s'exprimer et participer au débat. Elle n'est ni entendue ni audible pendant que les relais médiatiques l'évitent lui préférant les représentants autoproclamés et soutenus par les militants actifs. À force de « comparaitre », ils ont appris à maîtriser l'art de la victimisation et celui de la culpabiliser tous les autres citoyens, y compris ceux qui valident leur inclusion.
Le grand mal vient d'eux. Ils crient à l'islamophobie, à la marginalisation, à la discrimination et même au racisme, lorsque ce n'est pas à la xénophobie. Leurs chantres - ils sont, de nos jours, hommes et femmes publiques, intellectuels, universitaires, bien-pensants - n'hésitent pas à marquer leur territoire et leurs espaces de communication en exigeant que leur religion - entendez par là leur idéologie - soit respectée chaque fois que leurs demandes déraisonnables, contraires aux principes de «l'islam du Juste Milieu», sont ignorées parce qu'elles mettent à mal le bon vivre d'abord avec les musulmans ensuite avec les Canadiens en général, les Québécois en particulier et un nombre de plus en plus croissant d'immigrants de provenances diverses.
Bien des individus vont crier au scandale en répétant que le Coran, la Charia, les Hadiths - et j'en passe - portent en eux les germes de la violence, de l'agressivité de la provocation ostentatoire. Le bon sens veut que personne ne puisse le nier, mais les musulmans n'en font pas cas.
Pire encore, ils ne sont même pas en mesure d'expliquer que ces « versets » s'appliquaient à une époque où l'implantation et l'expansion de l'islam se faisaient par le sabre de la domination d'une ou plusieurs tribus sur d'autres.
S'ils le font, ils remettraient en cause tout le contenu de la révélation, et ça, c'est tabou. À l'époque, le modus operandi se fondait sur deux éléments : les alliances avec les femmes comme tribut et le « ou vous vous intégrez à nous ou vous êtes contre nous ».
Comment faire pour stopper l'islamisation ?
Dans les pays occidentaux, tant que les bien-pensants, les intellectuels, les femmes et hommes politiques ne comprennent pas le sens de la Sahwa islamique - idéologie et instruments de guerre de l'Alliance conjoncturelle Wahhabite et de la confrérie des Frères musulmans - tous les efforts pour préserver les vies humaines seront vains.
Tant que les relations diplomatiques et de partenariat avec l'Arabie Saoudite et le Qatar ne sont pas révisées, le mal islamiste se répandra de plus en plus et sans possibilité de l'annihiler.  Tant que certains circuits commerciaux sont pollués par des pratiques « islamistes », le financement des activistes se poursuivra.
Par ailleurs, une issue serait intéressante à emprunter dans le très court terme c'est celle de la formalisation du renforcement des libertés fondamentales, celles de la pensée, de l'expression, de l'opinion et de la critique citoyenne qui garantissent la place de toutes et de tous sans discrimination légale, sans stigmatisation et sans singularisation. Cela ne va pas sans le bon sens commun qui se fonde sur un vrai consensus social.
Les récalcitrants, les fanatisés pour ne pas dire les endoctrinés et les radicalisés doivent être débusqués, contraints par la législation en vigueur, et éloignés de la société. Même si je sais que cela ne fonctionnera pas, des actes pédagogiques pourraient être mis en œuvre pour celles et ceux qui voudraient être réadmis au sein de la société. Les autres seront maintenus hors du cadre social généralement accepté par toutes et par tous.
Chez le musulman « le silence » est une compétence à déconstruire
Avant d'arriver au Québec, bien des musulmans ne parlaient pas, ne pouvaient pas agir et encore moins se plaindre, malgré le fait qu'ils font partie de la grande communauté, la Oumma musulmane. Ils étaient en minorité parce qu'ils étaient partisans et favorables à la laïcité. Ils étaient aussi considérés comme athées, mécréants et donc apostats. Ils ont choisi de se taire pour éviter leur stigmatisation, leur marginalisation ou tout simplement leur mort.  
Le silence était une de leurs principales caractéristiques. Arrivés au Canada, au Québec ou partis ailleurs « cette compétence » leur colle à la peau. Ils n'arrivent pas, pour le moment, à s'en défaire. Ils voudraient bien, mais personne, pour l'heure, n'ose la déconstruire.
En Algérie, pour nous alerter et nous réveiller, il a fallu que le regretté Tahar Djaout, dramaturge et écrivain de renom, nous interpelle et nous rappelle à l'ordre avec son fameux « Le silence, c'est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs et si tu parles, tu meurs. Alors, dis et meurs ! ».  Beaucoup de libres penseurs, de laïcs, de contradicteurs, d'objecteurs de conscience ont osé le pari. Ils se sont retrouvés face à une barre de fer, un sabre, une chaîne de vélo et même un Kalachnikov. Ils décidèrent de s'exiler. Ils sont partis en France, en Allemagne, en Amérique du Nord et même en Australie... L'âme en peine et sans espoir de retour.
Arrivés dans leur pays d'accueil, ils découvrent à leurs dépens, qu'ici et ailleurs, cela peut être comme chez eux, mais en plus raffiné. Les islamistes, les égorgeurs... les kamikazes, salafistes, wahhabites et autres tekfiristes les avaient devancés.  S'ils parlent, ils sont contrés avec « l'instrumentalisation des concepts ». Des concepts qui intimident ; ils sont stigmatisants : racistes, intolérants, islamophobes, extrémistes, fauteurs de troubles sociaux, empêcheurs de « multiculturaliser », ennemis de la liberté religieuse, irrespectueux des cultures minoritaires et des communautés, y compris celles dont ils sont issus, etc.
Alors, ils se fondent dans la grande foule, deviennent invisibles et restent inaudibles. Ils ont choisi de laisser l'espace, tout l'espace à celles et ceux qui parmi les Canadiens et les Québécois au nom de leur générosité, de leur tolérance, de leur magnanimité leur ont préféré les islamistes. Mais ils savent au plus profond de leur être que leur société d'accueil ne frappe pas celui qui est venu en ami et qui est à terre. Ils savent que le moment voulu les Québécois en particulier sauront à qui accorder leur satisfecit.
Ferid Chikhi


[1] L’éveil, le réveil islamique. Mouvement initié à la fin des années ‘’70’’ en même temps que le Khomeynisme et au début des années ‘’80’’ quand les Saoudiens ont décidé de ne plus avoir d’accointance avec les frères musulmans sans pour autant les renier complètement, se laissant une porte ouverte au cas oû ….
Publié sur le HuffingtonPost Québec
http://quebec.huffingtonpost.ca/ferid-chikhi/terrorisme-pourquoi-les-musulmans-ne-parlent-pas_b_11178132.html 

Un Numide en Amérique du Nord - 381 -

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