Du Canada et
du Québec
Abrégé d’un état des lieux…
La rencontre du G 7 (6+1) vient de se terminer
par une déclaration de principes portant sur des décisions symboliques par
conséquent sans grand effets sur le reste du monde. Une fois ce constat fait, je
me suis demandé ce qu’il y a de commun entre les bouleversements que connait le
monde de nos jours c’est-à-dire d’une part les tentatives européennes de
maintenir la cohésion globale face aux incohérences de Trump, à
l’expansionnisme tranquille de l'organisation de coopération de Shanghai (OCS*),
qui outre la Chine et la Russie compte l'Inde, le Pakistan et plusieurs pays
d'Asie centrale, s’est réunie cette fin de semaine à Qingdao (Chine) et d’autre
part ce qui se passe au Québec en matière d’identité ?
Des changements de fonds
La réponse pourrait paraitre simple,
mais la complexité de trouver les éléments communs et les différences réside
dans les modes de gouvernance qui s'accomplissent sur le plan mondial et ceux
qui s’observent au Canada en général et au Québec en particulier. Le monde est, donc, en pleine
transformation. Il devient de plus en plus multipolaire du fait que plusieurs
blocs se construisent en fonction des intérêts des uns et des autres. Des
changements majeurs et profonds ont été générés par des initiés – croyant
détenir toutes les cartes - et ils sont observés depuis au moins deux décennies
par des libres penseurs émérites et bien d’autres témoins lucides qui n’ont
prêté aucune allégeance à qui que ce soit.
Tous sont en accord avec quelques
lectures du genre : Il y a ceux (les changements de fonds) qui sont
provoqués par les forces de la cupidité et de l’argent. Jusqu’à présent ils
n’ont généré que des désastres humains ; leurs entreprises sont
fondamentalement corruptrices et dépravantes. Elles polluent l’humanité.
Il y a aussi les changements qui sont
provoqués par les effets des déclarations intempestives de quelques chefs
d’États incommodés par leurs égos, tels que le Président actuel des USA. Il n’arrête
pas de brasser ses cartes pour remplacer au-devant de la scène mondiale celui
de la Corée du Nord, alors que d’autre puissances sachant faire face aux
incertitudes, aux risques et aux contraintes que connaissent leurs pays, y vont
d’un pas paisible.
Il y a ceux plus profonds et
structurant qui sont générés par l’expansion des pays comme la Chine, l’Inde et
la mobilité subie ou provoquée de millions d’êtres humains allant du Sud vers
le Nord. Bien entendu, les petits pays pris en étau par leurs anciens occupants
sont de simples spectateurs des jeux et des enjeux… mais leur poids
démographique ne saurait être passé sous silence. Alors, le chaos, peut-il être
éviter ? Certainement, et ce, grâce aux discussions qui se tiennent, ici
et là, en fonction des avancées diplomatiques et des menaces de répression
contre les éventuels utilisateurs d’armes nucléaires mais aussi des pressions
des uns et des autres sur les uns et les autres.
La situation, au pays, est différente
mais retenons que le contexte global a des effets sensibles et pesants sur le
statut d’occupant d’un strapontin dans l’échiquier mondial. Si au Québec le
citoyen semble être au fait de ce qui se passe dans les arcanes politiques de
sa Province, il en est de même pour le citoyen des autres provinces. Cependant,
il existe bel et bien une différence factuelle qui réside dans le mode de
gouvernance des provinces attachées au multiculturalisme et au discours du
reste du Canada avec ceux des politiques néolibérales qui sont au service de quelques
magnats. Ceux-ci usent et abusent du respect qu’ont les citoyens en leurs
dirigeants et en la démocratie du silence entre deux élections.
Pourtant, les maîtres mots restent les
mêmes : corruption, langue de bois,
austérité pour les plus démunis et les plus vulnérables, restrictions pour les
classes moyennes et abondance pour les plus riches et les plus nantis. Au Québec, province à l’évidence très
distincte des autres, la culture politique a beau tenter d’être et de se
préserver, elle subit les effets des contrecoups que lui assènent les
fédéralistes et de leurs alliés affirmés du Québec qui veulent gouverner en
dépit de leur inaptitude à agir comme de vrais politiques porteurs de vrais
projets de sociétés. Cela se confirme tous les jours en ce qui a trait à la
cohésion de la gouvernance - libérale et – néolibérale, depuis presque deux
décennies.
Plus le temps passe plus le projet
indépendantiste est creusé au marteau piqueur par les fédéralistes, les
provincialistes nationalistes et les pseudo-partitionnistes de gauche.
La problématique pourrait se lire sur
une seule facette de l’état des lieux en matière d’identité et de culture en
contexte de gouvernance libérale ainsi que sur les postures et les prises de
position envers la laïcité et la soi-disant politique d’inclusion pour le vivre
ensemble sont sans équivoques des leurres qui creusent l’écart entre d’une part
les citoyens et leurs gouvernants et d’autres part au sein même de la société
civile qui considère que la neutralité religieuse prônait par les libéraux
freine le progrès et l’adaptation de la société aux multiples changements que
connait le monde puis au moins trois décennies.
La raison, selon un grand nombre de
citoyens, réside dans le fait que le multiculturalisme est un des fondements de
la discrimination et de la marginalisation de pans entiers de la société
Québécoise. Ainsi, la seule vraie politique dans
laquelle excellent les libéraux, qui se succèdent depuis deux décennies, c’est celle qui amoindrit l’identité
Québécoise et au lieu de l’enrichir par les valeurs partagées de toutes les
parties de la société, immigrants compris, ils ne font pas mieux que de la
réduire, la parcelliser, la vulnérabiliser et la diaboliser.
Mieux
encore, lorsqu’il s’agit de ‘’réajuster’’
et de ‘’se maintenir’’ au pouvoir ils
ne trouvent pas mieux que d’aller chercher des ‘’converti-e-s’’ parmi les minorités pour les déléguer afin de
parler de
l’état des lieux en matière économique, de pénurie de main d’œuvre, de
régionalisation de l’immigration… de mettre entre leurs mains des indicateurs
économiques qui sont la démonstration de leurs échecs et avancent de nouveaux
plans d’intégration complètement inopérants.
Or,
personne n’ignore que ces options, celles des gouvernements libéraux,
constituent, ni plus ni moins qu’un suicide sociétal. Pour y faire face seule la
sociale démocratie est l’organisation la plus pertinente. Néanmoins, elle n’est
pas compatible avec le néolibéralisme. Pour
un grand nombre d’immigrants, parmi lesquels ceux venus des pays du bassin
méditerranéen, les gouvernements libéraux qu’ils soient ceux du municipal, du provincial
ou du fédéral n’ont aucune considération pour le vécu qu’ils avaient avant leur
arrivée à Montréal.
Pire
encore ils ignorent ce que beaucoup ressentent depuis leur installation, en
raison des valses hésitations et des politiques de retournement autour de
l’inclusion et du vivre ensemble et qui par les temps qui courent deviennent ni
plus ni moins que des errements dont les conséquences les drainent en marge de
la société d’accueil et ils ne deviennent visibles qu’à l’approche des
échéances électorales. Aujourd’hui, ils sont instruits et le 1er
octobre prochain les dés seront jetés.
Ferid Chikhi