Le
Québec : De
quelques enseignements et effets du Covid19
Ton instituteur
t’apprend à nourrir ton esprit,
Ton médecin soigne
ton corps
démantèlement du Bloc
de l’Est suivi du réagencement des Balkans avec l’émergence de nouvelles
puissances régionales à caractères économiques et politiques ou encore le
raffermissement de l’UE avec l’accueil de quelques pays de l’Est. Ailleurs dans
le monde, le focus a été mis sur les guerres déclenchées par les puissances alliées
pour déstocker leurs armements obsolètes et les remplacer par de nouvelles plus
sophistiquées. C’est ainsi que les paradigmes qui encadraient les relations
internationales ont été remplacés par de plus récents sans que personne ne
puisse anticiper leurs répercussions.
C’est Confucius qui disait, ‘’rien n’est éternel
si ce n’est le changement’’. Nous y voici, les grandes mutations, les
vraies ont débuté non pas en 2000 mais deux décennies plus tard. Quelles sont-elles ?
Personne ne niera que la plus inattendue est la pandémie du Covid19. Ses effets
sont dévastateurs, non seulement pour les institutions gouvernementales mises
au pied du mur ; pour la société avec les consignes contre la
contamination et l’introduction de la distanciation civique et enfin sur le
plan international une autre définition de la cartographie du monde, sans
occulter les dysfonctionnements observés dans la gouvernance fédérale versus la
provinciale. Bien entendu il y a ceux qui crient au complot d’une société
occulte qui impose ses lois à toute l’humanité. Bon, mais là n’est pas mon
propos.
Plus
près de nous, souvenons-nous que le Canada a objecté et continuera à le faire
contre l’espérance d’indépendance du Québec. Venant de loin, j’ai essayé de comprendre
et de mieux connaitre les raisons de cette objection et selon ma lecture de
divers paramètres notamment institutionnels et politiques, il me paraît clair que
l’une de ces principales raisons n’est pas seulement l’héritage et la
préservation de la domination Britannique ou encore l’allégeance à la couronne
mais ce sont aussi les immensités aquatiques et le potentiel hydraulique, ainsi
que la capacité créative et innovante du Québec. Le Canada ne saurait s’en
passer. On pourrait, bien entendu, ajouter la position géostratégique de la Belle
Province avec le Nord et l’Atlantique, sinon, le seul Pacifique ne lui
suffirait pas.
Du point de vue des institutions fédérales et provinciales,
même sans planification et sans gestion du risque, trois objectifs ont toujours
été présents dans l’esprit des gouvernants et des nantis qui les
accompagnent : l’économie et son déficit ‘’0’’ même si la banque du
Canada imprime sans retenu le billet vert sans considération des effets de l’inflation
; l’identité et la culture malgré des budgets rachitiques notamment pour le
Québec ; la portée internationale que le fédéral et le provincial se
disputent - insidieusement - depuis au moins 40 ans. La liste pourrait être
allongée, cependant ces trois problématiques accaparent la réflexion des gouvernants.
Toutefois, depuis quelques semaines ces préoccupation sont rangées pour laisser
la place à la santé et la prise en charge des aînés qui sont malgré tout la
mémoire du pays ; l’éducation et la formation des jeunes qui
constituent la force de travail de l’avenir et, encore l’immigration pour
éviter les déficits humains, sociaux et culturels en ce début de millénaire. À titre de repère, en relisant l’histoire en Europe, l’on
remarquera que la santé publique dans bien des cas la santé de la population, a
été inscrite et renouvelée après chaque apparition d’un mal dévastateur
(Choléra, Typhus, Peste, etc.).
Depuis l’avènement du gouvernement de la
CAQ, un autre dossier monopolise l’attention des partis politiques. Il s’agit de la sensibilisation de
leurs membres et des citoyens à la veille des échéances électorales internes et
externes alors que des pans entiers de la population commençaient à rêver à un été
de loisirs. Le Covid19 ne faisait partie d’aucune de leur équation. Les premières
conséquences apparurent au grand jour, dès le mois de janvier. Le monde est déstabilisé
et ni le Canada ni le Québec n’y échappent.
Au cours du dernier trimestre de 2019, deux autres questions
occupaient les esprits et peu de personnes anticipaient la pandémie et ses
effets sur les citoyens. La première était portée par des actions agressives contre
le gouvernement pour faire abroger la loi 21 portant laïcité face à ceux qui
ont opté pour sa défense. La seconde était la recherche de solutions à la
profusion des emplois et des difficultés rencontrées par les employeurs à trouver
la main d’œuvre appropriée. Avec un focus sur la numérisation et l’automatisation,
la formation et les modifications organisationnelles ainsi que sur l’inadéquation
du profil des immigrants versus les exigences des employeurs. Tant de domaines de
réflexion en chantier.
En quelques-mots, la problématique de l’immigration
tourne à la farce tant les perceptions et les visions sont divergentes. Pourquoi,
parce qu’il me semble que la mobilité des
populations, étant l’enjeu central des libertés individuelles, elle est par
conséquent un paramètre sensible que ce soit pour la démographie ou le bien
être général.
Ce qui m’a interpellé, c’est que la politique de recrutement tournée seulement
vers l’international sans considération pour le Reste du Canada, pourtant, l’arrivée
et le départ intra Canada est occultée parmi les indicateurs de base même en ce
qui concerne les francophones du Canada. Ces personnes ne sont pas considérées
comme immigrantes au moment où sur le plan international, la venue d’étudiants,
de réfugiés, et autres demandeurs d’asiles (humanitaire, politique, sécuritaire,
etc.) est pratiquement exigée par les faiseurs d’opinions.
Il y a de cela quelques années j’avais émis des réserves sur la politique
de l’Immigration des libéraux. Au-delà des sempiternelles idées redondantes, ce
sont les mêmes dérives depuis plus d’un quart de siècle : nombre d’immigrants,
origines (bassins), qualifications et expériences, enfants, etc. Ma réflexion n’était
pas axée sur la seule force de travail des personnes sélectionnées pour venir
au Québec, mais sur leur apport notamment aux multiples plans culturel,
artistique, éducatif, social et, surtout de partage des valeurs fondamentales de
la société d’accueil. En fait, je suggérais que les ‘’spécialistes’’ du
ministère œuvrent à la modification des paradigmes de sélection et de les concevoir
selon la réponse aux deux questions suivantes :
1) Quels sont les activités humaines dans
lesquels ces nouveaux arrivants pourraient être potentiellement productifs et
créer des synergies avec la société d’accueil ?
2) Comment ces nouveaux arrivants pouvaient s’investir
et participer à l’amélioration du bien-être sociétal du Québec et notamment au
double plan professionnel et culturel dès leur installation concrétisée ?
Dans la même trajectoire que dire de la
problématique du déficit en main d’œuvre et son rapport à l’immigration ?
Aucun parti indépendantiste, ni les intellectuels qui soutiennent le processus n’ont
préconisé l’organisation, par exemple, d’états généraux sur l’immigration à l’horizon
2050. Il est vrai que le dossier a tellement été manipulé par les administrations
libérales successives, qu’il serait hasardeux de l’ouvrir seulement à l’interne.
Cependant, il reste que des états généraux sur l’immigration permettraient de
mieux appréhender l’avenir ?
Globalement, si le processus qui mène
à l’indépendance du Québec appelle à une réflexion pour une nouvelle politique
de l’immigration en adéquation avec les besoins sociétaux du Québec, comment ne
pas s’y engager pour créer des ancrages avec la
future gouvernance et selon les exigences d’un Québec indépendant ? Dans une
première phase les prémices pourraient constituer la plateforme de réponses aux
difficultés rencontrées, ici et là, que ce soit en régions ou à Montréal. Le Parti Québécois est-il
capable d’opérer une telle prise en charge ? Ce dernier, au moment où il ouvre ses
portes pour convenir de sa nouvelle stratégie à l’horizon 2025, gagnerait à
initier une réflexion aussi large que possible pour dynamiser l’apport de l’immigration
au devenir global du pays. Mais pour ce faire, le courage politique pour un ressourcement de l’idéal
indépendantiste ne devrait-il pas être une exigence des
rendez-vous de la course à la chefferie ?
Ferid Chikhi