La pensée unique et l’Algérie mon amour
Lorsqu'il est question de droits ce concept est toujours accompagné d'obligations ou de
devoirs ; il en est de même de ce qui est qualifié de causes qui s'accompagnent des effets ou des conséquences ... À la suite de la diffusion du documentaire ''Algérie, Mon amour !'' Les réseaux sociaux ont véhiculé des milliers de messages les uns aussi, si ce n’est plus, haineux que les autres ; désobligeants et par endroits odieux et malveillants porteurs d’une intolérance déjà amorcée durant les années ‘’90’’ ; leurs occurrences montrent à l’évidence aussi bien de la méthode et un respect de quelques règles sorties directement de quelques officines structurées pour canaliser la pensée. Une seule pensée. La pensée unique de la stagnation et de la régression.
Mais d’où vient cette attitude démesurée qui caractérise de grands pans de la société d’hommes a qui a été inculquée l’intolérance, le rejet de l’autre, la haine de soi, la haine de la femme qui pourtant se trouve être la mère, la sœur, l’épouse, la fille, la tante, la cousine ? Selon ma lecture, j’ai retenu parmi tant d’autres deux facteurs affligeants : l’instruction dispensée par une école qui endoctrine plus qu’elle n’éduque ; la gouvernance nationale qui sclérose plus qu’elle ne libère
Une petit rappel du cheminement suivi nous renseigne sur quelques éléments d’analyse. Rappelons-nous que mis à part le défunt Président Boudiaf aucun dirigeant Algérien n'a accepté d'initier les principes canons du débat d'idées. Tout a toujours été imposé et j'en sais quelque chose.
À l'époque du parti unique, ou appareil central du parti, héritier de l’exécutif du FLN, les militants des cellules et des kasmate venaient de toutes les professions et comptaient aussi bien des diplômés des universités que des illettrés et des paysans ou des chômeurs … les discussions portaient entre autres sur le prix de la pomme de terre que celui de l'oignon … mais dès qu'il était question de politique les menaces des ''brigadiers'' étaient énoncées dans un langage cru.
Les militants de gauche FFS, PAGS, PRS… étaient clandestins et ne pouvaient militer que dans le parti unique. Ils exprimaient leurs opinions, leurs divergences, leurs pensées de façon intelligente et souvent percutante alors que l'idéologie baathiste faisait des ravages et avançait à pas feutrés. La langue arabe était son cheval de Troie. Elle a fait tellement de dégâts que tenter de récupérer quoi que ce soit était devenu un défi sans commune mesure. Puis, ces baathistes ont été doublés à droite par l'islam politique. Tout était prêt pour récupérer la pensée unique et imposer à tous le parti de dieu ... Je passe sur les autres considérations multiples liées à l'identité, la culture, la société ouverte, le pluralisme politique, la démocratie, la laïcité, etc.
La période de la charte nationale a été une '' récréation '' vite encerclée et empêchée. Un idéal inachevé, un rêve devenu cauchemar pour celles et ceux qui ont été loin dans l’expression de leurs idées et la dénonciation de la corruption naissante, des passes droits, du népotisme, de la bourgeoisie comprador, du régionalisme. Qualifiés de subversifs, beaucoup n’ont jamais été revus. Personne n’en parle… mais une décennie a suffi pour arriver à octobre ‘’88’’.
Pour ne pas perdre le pouvoir, les puissants du système ont déroulé le tapis aux forces de la régression avec comme conséquence majeure une autre génération décimée. Plus instruite et mieux éduquée que celle qui a initié et mené la révolution de novembre 1954 … Aujourd’hui nous observons les effets de l’inconséquence du pouvoir qui ne semble pas avoir compris qu’une nouvelle révolution a bien débuté, celle menée par des jeunes d’une société bridée. L’index pointé sur les mêmes ennemis n’est pas en adéquation avec les aspirations de cette jeunesse qui n’a pas connu la révolution de novembre et n’a pas vécu la guerre menée par les islamistes contre la patrie.
Ferid R Chikhi