2010, un autre Québec
De la Quiet Revolution à une souveraineté ressourcée … -1-
Le Numide, dés ton arrivée au Québec tu t’es intéressé de très près à la souveraineté du Québec. Quel est ton sentiment à l’égard de l’histoire récente du Québec, de ce qui est qualifié de révolution tranquille et de la souveraineté ? ‘‘Oui et c’est très vrai. Je pense que tous les immigrants, qui débarquent à Montréal, soit par ignorance, soit par curiosité, soit par connaissance de l’histoire de ce pays, soit encore parce que tout le monde en parle, s’intéressent à la révolution tranquille et la souveraineté du Québec. Je pense aussi et selon moi qu’il n’y a pas d’histoire récente ou d’histoire ancienne du Québec; il y a l’Histoire du Québec et elle pourrait se subdiviser en plusieurs époques. Celles-ci débutent avec l’arrivée des premiers immigrants et ont progressé tout au long des quatre derniers siècles jusqu’à nos jours c'est-à-dire la formation de ce qu’est le Québec au sein du Canada. Alors de quelle partie voudrais-tu que nous parlions ?’’
De celle du Québec et de sa révolution tranquille, de la société distincte de l’Amérique du Nord. ‘’Le peu de choses que je connaisse de cette période a été initialisé à la fin des années ‘’50’’. Le Québec était, vu de chez nous, comme une colonie du royaume Britannique faisant partie du Canada. Nous parlions du Commonwealth. Au début des années ‘’60’’ des hommes et des femmes conscientisés ont décidé de changer ce statut et de se libérer comme le faisaient déjà d’autres à travers la planète. C’était aussi l’époque de la décolonisation.
Parmi ces hommes il y avait René Levesque, Gilles Grégoire, Pierre Bourgault. Ils avaient créé des organisations politiques avec pour objectif principal la séparation du reste du Canada. La rupture pour utiliser un concept que nous avons utilisé chez nous au cours des ‘’90’’. À ce stade de la réflexion je dirais qu’Il existe quelques similitudes entre les causes de la révolution algérienne et celles de la révolution tranquille. Il est bien entendu que la forme et le fonds qui les constituent sont différents. J’aime citer Mark Twain qui, un jour, a dit ‘’Ceux qui sont pour la liberté sans agitation sont des gens qui veulent la pluie sans orage.’’ Ça existe mais la grande différence entre les deux révolutions pourrait se résumer à cette citation.’’
Mais quelles sont selon toi les causes, les motivations, les raisons pour que cette révolution ait été qualifiée de tranquille ? ‘’ Il faut d’abord savoir que cette appellation est la traduction de l’expression Quiet Revolution qu’un journaliste anglophone du Globe and Mail a utilisé dans un de ses écrits après une élection au début des années ‘’60’’.
Ce qu’il faut aussi retenir c’est que pour les pères de la révolution tranquille il fallait rompre avec le reste du Canada. Leur plateforme politique annonçait dexu aspects à considérer ceux qui avaient un carcactère exogène et ceux qui avaitent un caractère endogène : la séparation de l’église et de l'État, l’initialisation d’une nouvelle identité québécoise avec comme fondement le fait français. Le tout était porté par les facteurs de réorganisation des institutions de l'état dans les domaines notamment de l’éducation, des services sociaux et de l’économie sans négliger les autres aspects.
Pour rassembler les forces politiques en lice il fallut regrouper les organisations les plus en vue de l’époque. Le Parti québécois (PQ), le Mouvement souveraineté association (MSA) et le ralliement national (RN) de Gilles Grégoire tous indépendantistes fusionnent alors que les possibilités de rapprochement avec le Rassemblement pour l’Indépendance nationale (RIN) de Pierre Bourgault se heurtent à plusieurs difficultés telles que celles des orientations sociales qu'il proposait et la place français dans un Québec souverain.
Au Parti Québécois, René Levesque accepte cependant que les militants du RIN adhèrent à titre individuel au nouveau parti politique. Ça te rappelle certainement quelque chose de similaire dans la révolution du 1er novembre 1954 !?
Le Numide, à ce point-ci de tes propos et au-delà de l’adhésion au parti Québécois, quels autres liens fais-tu avec la révolution algérienne ?
‘’En fait parler du Québec sans évoquer l’Algérie c’est passer à côté de quelque chose d’inconvenant tant le lien entre les deux pays est ténu même si de nos jours pas moins de 45.000 algériens sont néo québécois. Les décès, le 25 septembre 2009 du cinéaste et écrivain québécois Pierre Falardeau ou celui il y a quelques années de cela de Pierre Bourgault nous rappellent qu’à un moment de leurs histoires le Québec et l’Algérie ont eu, non pas et seulement un mais, plusieurs points de rencontre.
Sais-tu par exemple que dés le printemps 1967 et encore à la veille de Mai 68, à l’université d’Alger, nous étions étudiants et nous parlions de l’Expo 67 ? L’Algérie n’y avait pas participé mais le discours du général De Gaulle avec son Vive le Québec Libre ressemblait à son Je vous ai compris. Il faut aussi se rappeler qu’à l’époque il n’y avait par Internet et nous avions seulement le transistor, le Monde (diplomatique) et les correspondances épistolaires pour savoir ce qui se passait dans le monde.’’
Ferid Chikhi
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