De quelques caractéristiques des Algériens -2-
… L’ignorance d’un patrimoine millénaire et civilisationnel.
Le Numide reprend sa réflexion en mettant en exergue le fait que la problématique de fonds pourrait, après une question, se résumer comme suit : Sais-tu qu’en l’espace de 60 ans il y a eu deux grandes périodes qui ont a vu la disparition de pans entiers de générations en pleine maîtrise de leurs forces ? C’étaient d’abord, celles de la lutte pour la libération nationale, entre 1954 et 1962, des centaines de milliers de jeunes âgés pour certains d’à peine 15 ans, forgés à l’école du patriotisme, ce fut ensuite celles des années ‘’90’’, formées par une école algérienne multidisciplinaire, ouverte sur l’universalité. Multidisciplinaire et surtout démocratique. À t’entendre émettre cette réflexion il ya eu des changements qui ne te conviennent pas !? C’est vrai et je suis convaincu que la majorité des algériens de mon âge pensent comme moi. Ce que nous déplorons le plus c’est qu’en raison des politiques sclérosantes et notamment celle de la généralisation forcenée de la langue arabe, sans analyse préalable, sans plan d’action agencé, sans politique de transition et de remplacement, alors comme le dit l’adage ‘’ils ont fini par jeter le bébé avec l’eau du bain’’. Mais le pire, à mon sens, a été cette volonté idéologique de tout niveler par le bas. Le résultat a été catastrophique. L’utilisation à fortiori consciente de deux vecteurs, à la fois, divergents et contradictoires a mené l’Algérie d’une éducation nationale post indépendance ouverte sur les sciences classiques et modernes, les mathématiques, la philosophie et la littérature, à un semblant d’école d’où la lecture du livre a disparu et n’a même pas été remplacée par l’utilisation basique de l’ordinateur. Cette école algérienne est passée de l’ouverture sur le monde que beaucoup de pays nous enviaient à une institution ‘’chétive et sclérosante’’. Une école qui forme le futur citoyen sans capacité avérée de raisonnement et de réflexion universelle. A l’heure de la mondialisation, c’est encore aujourd’hui une école qui continue de cultiver l’aliénation de la mémoire et n’offre aucune perspective alors que ses tenants prêchent l’ignorance d’un patrimoine millénaire et civilisationnel. L’homme nouveau que les pères fondateurs de la révolution de Novembre et de Frantz Fanon avaient pensé et réfléchi est certes né ; il est là ; mais il n’a pas les contours qu’ils escomptaient pour lui. Quelle en est, selon toi, la conséquence ? Tu veux dire, les conséquences, parce qu’il y en a plusieurs. L’une d’entre elles est la perte de plusieurs niveaux dans le classement international de la recherche, de l’expérimentation, de la prospective, etc. Une autre, et pas des moindres, est la fuite des cerveaux au point où l’intelligentsia s’est soit ‘’cloîtrée’’ soit ‘’aliénée’’ et le résultat premier est qu’il n’y a plus de créativité, pas de création, pas d’innovation, pas de trouvaille, pas d’invention. Ce qui montre on ne peut mieux que la liberté de penser est inexistante. Par conséquent, le changement est un concept qui ne fait plus partie du vocabulaire de l’école et de l’université.
A suivre
Ferid Chikhi
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