Immigration, Exil et
Société d’accueil - 2 -
L’effet des mots … des maux … dans
une société de progrès !
(…) Les personnes victimes des rejets de la part de
leurs environnements humains et vivant des souffrances psychiques cherchent
dans l’histoire des langues les mots appropriés pour se défendre et dénoncer
ces perceptions, ces actes qui les marginalisent ... elles apprennent la victimisation, elles en usent à outrance ...
Afin de préciser ma pensée,
je me dois de confier qu’il m’arrive de faire des temps d’arrêt pour faire le
point de la situation concernant mon implantation en Amérique du Nord, au Canada
au Québec et je me demande en quoi ai-je changé ? Cela se voit-il ?
Mon statut, mes progrès, mes apprentissages, les changements auxquels je suis
confronté sont-ils définitifs ou bien peuvent ils encore être
altérés ?
Je le fait en observant le
fonctionnement de ma nouvelle société d’accueil. Une société que ses
concepteurs et autres chroniqueurs, prosateurs, historiens et sociologues,
décrivent comme étant multiethnique et très diversifiée. Avec des nuances
puisque les uns la veulent multiculturelle les autres interculturelle.
Je continue à apprendre et
à comprendre son fonctionnement, l’évolution avec laquelle elle se transforme,
les résistances et les avancées sociales, culturelles et économiques. J’en
conclus, sans détours, que c’est une société de progrès et de développements sérieux avec des impacts conséquents pour certains, notables
pour d’autres, marquants et utiles pour les individus et toute la société
; d’autres sont constants et majeurs. Ils sont certes ponctuels mais très
structurants.
Même la langue par ses mots
et sa syntaxe se modifie sous l’influence des divers apports en provenance
d’Asie, d’Afrique, d’Europe de l’Est, etc. Elle se transforme, change,
s’adapte, s’ajuste et les technologies de l’information d’un côté accélèrent
ses améliorations et d’autres hâtent la disparition de quelques règles de base
considérées comme désuètes. La langue Française au Québec se métamorphose.
Pourtant, ce sont seulement
des mots, des termes, des vocables, des concepts…en quoi peuvent-ils influencer
les attitudes et les comportements ? Et bien, ils prennent une
signification et un sens particuliers lorsque la façon de les dire ou de les
écrire est porteuse d’arrogance, d’insolence, de suffisance, d’irrespect, de
raillerie…Ils peuvent aussi exposer le mépris et le dédain.
Il est vrai qu’en fonction
des époques, certains de ces substantifs sont sagesse et conscience. Sentiment
d’amour ou perception d’inclusion. Ils motivent. Ils justifient, ils
légitiment, ils innocentent, ils réhabilitent, ils condamnent…Cependant,
souvent ce sont les pires que l’on retient parce qu’ils frappent la conscience.
Leur fonction est de nier l’autre.
À titre indicatif…À la fin
du siècle dernier, un mot, un terme signifiait la violence à l’endroit des
femmes. Il l’est encore de nos jours. Misogynie. Bien entendu, il existe depuis
toujours mais ce sont les Grecs qui nous l’ont concocté sous sa forme et son sens actuels. Il est à la fois
excessif, abusif et précis. Parmi les peurs générées par les violences sociales
la misogynie était répandue sans être totalement généralisée. De nos jours on
n’en parle presque plus. Les gens se sont organisés pour tout réduire à des cas
et des actes isolés. Un soutien psychologique, de défense, de protection et
même de prévention sont offerts aux femmes. La loi s’applique même si parfois
elle l’est de façon restrictive.
Pendant ce temps d’autres individus
sont ciblées. Des fléaux sociaux nouveaux occupent le champ médiatique !? On
vient à en oublier que les séquelles de la misogynie sont encore observées et
des stigmates sont devenues indélébiles chez beaucoup de femmes et par
extension de familles. Pourtant la récurrence est toujours là, aveuglante,
violente et de plus en plus agressante.
Des appels à la fois insidieux
et perfides sont entendus afin de les réduire. ‘’Il faut passer à autre chose’’ entend-on ça et là. Les regards se focalisent sur des événements
sociaux et idéologiques, qui malgré le fait qu’ils soient différents par
leurs formes et leurs contenus, restent singuliers par leur ampleur. Le monde
moderne les redécouvre presque simultanément.
À suivre
Ferid Chikhi