Immigration et Laicité au
Québec.
Au
Québec, en cette fin de l’hiver 2019 et bientôt le début du printemps se
dessinent en toile de fonds de chauds débats qui accaparent déjà aussi bien les
gens des médias que les observateurs et autres analystes de la scène politique
et socioculturelle, plusieurs groupes de militants toutes obédiences
confondues. Deux thèmes majeurs, parmi tant d’autres, du programme du
gouvernement Legault, l’immigration, la laicité et leurs prolongements dans
l’école, constituent des tests de passage à réussir afin d’éviter que les
émotions prennent le dessus sur la raison.
Au
Québec, depuis un peu plus d‘une décennie, ont été observés des changements de
fonds qui touchent particulièrement les relations entre la société d’accueil et
des immigrants musulmans venus des pays arabo-musulmans, de quelques pays
européens et particulièrement de France. Parmi ces derniers, beaucoup se
réclament d’origine diverses et quelques-uns revendiquent leur appartenance à
de nouvelles idéologies (colonialité et décolonialité, ‘’indigénat’’,
racialisation, Islamisme, etc.) en questionnement, sans occulter des embrigadés
‘’sélectionnés’’ selon des critères généraux et généreux qui leur permettent
d’arriver en sol Québécois, sans craintes d’être repérés. Ils mettent de
l’avant leur identité plus idéologique sous couvertreligieux et exigent que
des dispositions réglementaires leurs soient accordées pour que leur liberté d’action
soit préservée. Au même moment, au
Canada, le fédéral est interpelé par les mercenaires de Daech qui
veulent
revenir au pays, à présent que leur mission s’est achevée avec fracas contre le
mur de la bêtise humaine échafaudé par ceux qui les ont embrigadés. Il
n’est pas nécessaire de revenir sur la complexité du dossier de l’immigration sachant
que le gouvernement Legault est arrivé avec des promesses électorales avec un
seul paramètre, celui de la réduction à 40.000 sélectionnés au lieu de 50.000
et ce malgré l’abondance d’emplois notamment en région. Mais très vite il a
provoqué une onde de choc en invitant 18.000 requérants, soit environ 45.000
personnes, à reformuler leurs demandes. Le
bon sens nous intime de demander comment une équipe constituée de gestionnaires
avertis a pu s’engager dans un chemin aussi périlleux même s’il s’agit de l’héritage
‘’vicié’’ de la gouvernance libérale ? Il y comme un non-sens qui ne s’explique
pas, sauf par le fait que la gestion des ressources humaines a été ‘’un
détail’’ chez les agents du Ministère. À l’évidence, malgré sa verve, le jeune
ministre Simon Jolin-Barrette semble avoir été piégé et devra naviguer à
contre-courant pour s’en sortir.
La vraie laicité dans la charte
Le
second dossier chaud, celui de la laicité, s’annonce plein de rebondissements
au vu des réactions qu’il suscite dans les rangs des groupuscules radicaux de
gauche et leurs alliés conservateurs et islamistes ainsi que des
multiculturalistes enragés. Le simple fait de parler de ce sujet et voici que
des ligues de propagandistes’’ s’insurgent. Quelques-uns de leurs nouveaux
prophètes et de leurs courants, prétextant l’offense et la stigmatisation,
lancent des attaques perfides associées à la victimisation. Leurs cibles
privilégiées sont les nouveaux élu-e-s du gouvernement du Québec ainsi que les
partisans de la laïcité. Toutefois, ils n’hésitent pas à accuser les Québécois
et leur gouvernement d’être racistes, xénophobes et la cerise sur la tarte, ils
les culpabilisent d’être des semeurs de troubles en configurant deux sociétés,
celle identitaire et l’autre. Ils n’hésitent pas à rejeter
le blâme qu’ils
subissent et refusent que les futures lois qui réduiraient leurs libertés
idéologico-religieuses soient adoptées. En fait, au Québec, ‘’ces
ligues de propagandistes’’ s’insurgent contre la laïcité qui doit être l’énergie
du contrat social en déployant l’égalité de tous les citoyens devant
la loi, la solidarité entre individus et groupes sociaux sans que la religion ne
soit mise de l’avant. Ils sont pour une laicité à sens unique est seulement portée
par la neutralité de l’Etat. Ils
ne veulent pas comprendre que vouloir s’approprier la lutte contre les
discriminations et le racisme est antinomique avec la laicité, que s‘accaparer
de cette lutte en raison de de leur origine, de la couleur de leur peau, de
leur orientation sexuelle, de leur religion est en soi une discrimination
envers de pans entiers de la société, sachant que cibler toute forme de discrimination
à raison de l’identité de la personne est tout sauf
inclusif.
La réforme de l’école
Dans
le prolongement des deux dossiers ci-dessus mentionnés, celui de l’école avec
le projet de maternelle, la suppression du cours ECR et pourquoi pas une refonte
de l’administration pour la mettre au diapason des besoins du Québec, il existe
quelques éléments qui pourraient faire réfléchir autrement sur les sujets en
question. Par exemple, celles et ceux qui considèrent qu’entre les jeunes le
bon vivre ensemble est probant, ils oublient que la désignation par la
communauté d’origine n’aide pas du tout à l’inclusion dans une nation homogène.
Ils refusent d’admettre que les libertés citoyennes ne sont viables que si leurs
limites dans une société en mutation depuis fort longtemps ne sont pas assurées
par un enseignement approprié. Des
gardes fous doivent être mis en place pour juguler les clivages observés au
sein des groupes ethniques et entre les communautés de la métropole
Montréalaise et celles des régions. Bien des signes de divergences sur les
valeurs sociales sont visibles et palpables en raison surtout d’un manque
flagrant d’un enseignement de l’histoire du Québec à laquelle tout se rattache.
Une pédagogie pour une convergence citoyenne
Pour
clore cette réflexion, le sens commun au Québec voudrait que le gouvernement de
la CAQ maintienne et consolide sa position en faveur de la sauvegarde et de la
consolidation de l’identité Québécoise, des valeurs fondamentales du pays
(partage, soutien aux plus vulnérables, accueil et ouverture d’esprit … égalité
et équité) ainsi que de leur priorisation, de l’intégration des immigrants,
etc. Il sait que seule la vraie laicité
inscrite dans la charte des droits et libertés évitera la fragilisation des
assises démocratiques de la Province que tant de générations - y compris
libérales - ont contribué à bâtir. Pour atteindre cet objectif, le seul moyen
est d’assurer une travail pédagogique que les autres formations politiques
n’ont pas su initier. Ce travail consiste en la formalisation d’une politique
de convergence citoyenne pour un vivre ensemble et en bonne intelligence loin
des chapelles religieuses, idéologiques et politiques. Celles et ceux qui
défendent les libertés individuelles contre les risques, les incertitudes et
les menaces qui pèsent sur elles savent qu’un pays est stable seulement si
toutes et tous vont dans la même direction et qu’ils/elles soient mu-e-s par
les mêmes sentiments de progrès, de développement individuel et collectif et
loin des prédicateurs de mauvais aloi et leurs alliés circonstanciels.
Ferid Chikhi