Projet de loi 21 : Le bien vivre
ensemble et en bonne intelligence
Voilà, c’est
fait, le rideau est tombé sur la présentation du dernier mémoire relatif au
PL21 et portant laicité de l’état Québécois. Des historiens, des sociologues,
des juristes et bien d’autres spécialistes et organisations se sont exprimés
pour ou contre. Le Rassemblement pour la Laicité a eu le dernier mot dans cette
confrontation entre deux conceptions de la laicité. La première étant celle qui
soutient le projet de loi 21 même s’il ne couvre pas tous les aspects en lien
avec la laicité républicaine et universelle et la seconde qui prône une laicité
ouverte qui s’appliquerait seulement ‘’aux murs’’ et ne concernerait pas les
individus.
Il faut dire,
et c’est notre compréhension de ce qui a été dit ou tu, que les partisans du
‘’NON’’ n’ont pas été convaincants et leurs questionnements sont restés au ras
des pâquerettes. Leurs contradicteurs ont été dans la plupart des situations
plus percutants en offrant des réponses et des arguments clairement énoncés,
validés par leurs pairs, consensuels pour les citoyens et souvent laissant sans
voix les élu-e-s du Parti Libéral du Québec et de Québec solidaire.
AQNAL a
présenté à l’assemblée nationale du Québec son argumentaire, le 7 mai 2019. Il
a été estimé que ce projet de loi propose un contenu rassembleur. Il offre un
minimum de garanties pour aller dans le sens d’une laicité qui permet à l’État
Québécois de poursuivre l’œuvre de sécularisation de la société, oeuvre entamée
depuis un demi-siècle.
Pour mémoire
Rappelons que
depuis une dizaine d’années, ce qui dérange le plus la grande majorité des
citoyens du
Québec c’est que, les forces de l’inertie empêchent la société tout
entière d’évoluer dans la cohésion et l’harmonie alors que le gouvernement
actuel met en œuvre la laicité parmi d’autres instruments institutionnels. Nous
nous sommes demandés pourquoi ces forces de l’inertie veulent empêcher tout un
chacun de vivre sereinement en harmonie avec les autres et loin des dogmes qui
paralysent ? Pour nous la réponse est
évidente, c’est parce que ces groupes minoritaires mais extrémistes dans leur
fonctionnement font de la dissidence leur pitance quotidienne. Ils ne sont pas
seuls, puisqu’ils sont appuyés de quelques intellectuels de salons qui tentent
d’influer sur des questions de gouvernance nationale en mettant en avant des
idées régressives et intolérantes à l’endroit de la société toute entière. Ils abordent la laicité non pas pour la
valider et la renforcer pour le bien de toutes et de tous mais pour empêcher
son application afin de faire avancer une pensée politico-théocratique dont ils
ignorent la teneur. Nous sommes d'avis qu’un gouvernement décide à la majorité
de ses électeurs de voter des lois, celles-ci s’appliquent à toutes et à tous
sans discrimination ni stigmatisation. Toutes celles et tous ceux qui refusent
de s’y conformer qui appellent à la dissidence civile ne sauraient être
qualifiés que de subversifs impénitents.
Du statut de citoyen avant tout
Nous sommes de
celles et de ceux, pour ne pas dire les premiers à avoir souligner et à
souligner encore que les immigrants qui arrivent au Canada et qui résident au
Québec veulent être considérés comme citoyens et non pas comme pratiquants ou
fidèles de leurs religions, appartenant à des groupes ethniques ou communautés
exotiques. Ils affichent leur ferme volonté d’y vivre une citoyenneté à part
entière ainsi que la ferme intention de faire partie de la société d’accueil
selon les valeurs universellement admises et acceptées de part et d’autre.
L’État laïc n’est pas l’État athée
Le moule du
multiculturalisme Canadien fragmente la société en groupes et préconise une
inclusion fondée sur l’exotisme, tout en définissant les citoyens comme des
individus de petites communautés cultuelles, ethniques, racisées ou dans bien
des cas des communautés culturelles. Il offre à ces communautés un faux
réconfort dans l’idée qu’elles possèdent leurs propres pratiques religieuses,
leurs cuisines aux senteurs épicées, leurs chansons et leurs rythmes
particuliers et toutes sortes de dispositions qui leurs sont familières et par
conséquent elles peuvent se ghettoïser.
http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/archives-parlementaires/travaux-commissions/AudioVideo-80271.html?fbclid=IwAR0EGQderRnI_V72LwS6JvjDw5WYtiHJDiY4pHbg7CLBrj_M2wKIYMKQphU
La pluralité religieuse est-elle compatible avec la laïcité ?
Dans une
société multiculturelle il est préconisé que chacun reste dans son groupe et ne
va pas plus loin que l’espace consenti. Dans les sociétés en voie de
sécularisation, des paradigmes bien installés ont été ébranlé par l’arrivée de
nouveaux comportements, de nouvelles attitudes et politiques, de nouvelles
idéologies, de nouvelles tendances suprématistes ... Lorsque l’État est
sécularisé, la liberté de croyance et de culte est garantie, et les croyances
sont égales entre elles. Dans une
société sécularisée les libertés individuelles sont normalisées par des codes
adoptés par les élus. Dans une société laïque ce sont les codes législatifs
(code civil, code pénal et autres lois disposant des libertés individuelles
dans les limites des intégrités collectives …) qui régulent les relations entre
citoyens dans des espaces communs publics ou privés dans un cadre de références
établies en conformité avec la laïcité.
L’Islamisme travaille contre les musulmans [1].
Au Québec, il
y a ceux qui parlent de fanatisme et d’extrémisme musulmans, un raccourci que
n’empruntent que quelques ignorants. En fait, le mal est plus profond parce que
les musulmans fanatiques sont des islamistes œuvrant selon leurs propres cadres
de références fondées sur des dogmes extrémistes et expansionnistes empruntés
au Wahhabisme, et au Salafisme. Les musulmans les ciblent et les indexent mais
ne vont pas plus loin. Ils ne ciblent
pas toutes celles et tous ceux qui une fois arrivés au Québec continuent leur
activisme débuté dans leurs pays d’origine. D’autres se délestent de leur
identité initiale et institutionnelle afin de se fabriquer une nouvelle par
référence à ce qui les démarque des citoyens de la société d’accueil. Ces
groupes de personnes sont plus nuisibles à l’islam que les extrémistes de
droite. Un troisième groupe apparait dans tous les pays occidentaux. Il s’agit
de ceux et de celles qui sont endoctriné-e-s avant de se convertir non pas à
l’Islam mais au Wahhabisme.
Dans un
précédent article, il a été souligné que Le PL21 par la clause grand père donne
la possibilité aux femmes islamistes de garder le hijab qu’elles portent durant
l’exercice de leur profession, avec cependant le risque de perdre ‘’ce droit’’
si elles quittent cet emploi pour un autre. (Article 6 du PL 21). Pourtant, autoriser le port du voile, hijab,
etc. dans les institutions publiques et para publiques c’est autoriser le port
de signes et/ou de symboles soit religieux soit politique. Si cela est assimilé
au religieux pourquoi ne pas ré-autoriser les sœurs religieuses catholiques à
porter de nouveau leurs coiffes… ? Cela est valable pour les signes et symboles
portés par les hommes. Si cela est assimilé au politique, pourquoi ne pas
autoriser les membres des partis politiques à porter les leurs ?
L’État du Québec doit être laïque.
Au Québec, la
question de la laicité a été, est et sera pour longtemps controversée, si
l'État ne prend pas rapidement et clairement position en faveur des valeurs
fondamentales du pays tout en les priorisant. Le gouvernement de la CAQ
s’inscrit dans cette voie. Il ne doit pas hésiter et en raison de
considérations conjoncturelles aller à contrecourant de ce que la société
attend de lui. La laicité est le seul dispositif, le seul mécanisme, la seule
construction institutionnelle qui aide à la conjugaison positive des
convergences citoyennes. Le projet de loi 21 doit être adopté parce qu’il
s’applique sans discrimination à tous les citoyens.
Ferid Chikhi
[1] Muhammad Said Al-Ashmawy