La langue française et les médias
De quelques effets collatéraux des fermetures d'entreprises !
Aujourd’hui, mon propos,
fait le lien entre l’économie - celle de deux industries que sont les médias et
les transports aériens - et la langue française. Dans mon pays d'origine, j’ai
œuvré pendant plus d’un quart de siècle dans une compagnie aérienne qui a pour
langue de communication et d’administration le Français. Récemment, j’ai crié au
scandale lorsque le ministre Algérien de l’enseignement supérieur a décrété
sans consultations préalables le remplacement du Français par l’Anglais comme
langue des sciences et des technologies. Heureusement que des veilleurs avertis
l’ont fait rappeler à l’ordre.
En cette fin de semaine,
lors du colloque du PQ Capitale Nationale, Chaudière Appalaches, Beauce, qui
s’est tenu à l’Université de Laval, il était question d’indépendance et de
perspectives Identitaire, culturelle, économique… J’ai brièvement pris la
parole pour aborder la question de la disparition des entreprises d’un groupe
de médias et ses effets sur la langue de communication qui est le Français. Ça
ne semblait pas intéresser grand monde parmi les participants qui étaient
plutôt branchés sur d’autres aspects de la refondation du PQ.
Du coup je me suis rappelé
la citation qui suit et dont je ne me rappelle plus l’auteur : « Cette
langue française qui nous fonde et nous soude. Les politiques devraient en
priorité réfléchir à cette force-là. » Je sais aussi que cette
langue, celle de toutes les Québécoises et de tous les Québécois, conserve le
privilège d’être la première langue enseignée en Grande Bretagne et en Irlande
alors qu’ici, au Québec, terre d’identité, de culture et de bien-être commun,
le Français est mis sous l’éteignoir par des multiculturalistes fédéralistes
aussi stupides qu’obtus.
Comme je l’ai dit, le lien
que je fais avec les industries des transports aériens et des médias avec la
langue de Molière réside dans deux évènements majeurs qui se déroulent
actuellement au Québec. Pour les deux premiers seuls les aspects économiques
sont soulevés que ce soit par les principaux concernés (Actionnaires et
employés) par les autres médias, par les parlementaires mais aussi par le grand
public. Pourtant, ce qui m’a interpelé au plus haut point c’est le véhicule de
la langue française que constituent ces deux institutions industrielles
québécoises dont la portée est sans frontières.
Dans le cas des médias
régionaux, leur disparition créerait un grand vide en matière de communication
et de relais en langue française. Ils se rendent dans presque tous les foyers,
les lieux publics, les organisations communautaires, les bibliothèque locales
où se réunissent pour diverses raisons les citoyens de tous les niveaux
sociaux.
Lorsque le Groupe Capitales
Médias s’est placé à l’abri de ses créanciers, la réaction du gouvernement ne
s’est pas faite attendre en consentant 5 millions de dollars pour faire face à
la crise de six quotidiens - La Tribune (Sherbrooke), Nouvelliste
(Trois-Rivières), Soleil (Québec), La Voix de l’Est (Granby) et Quotidien
(Saguenay). Un délai de grâce est donc consenti mais juste sur le plan
économique et pour la préservation des emplois. Je n’ai pas entendu les
parlementaires en ce lundi 26 août 2019 aborder la question des effets de ces
éventuels disparitions sur la langue de travail.
Il en est de même pour Air
Transat, cette compagnie aérienne créée en 1986, principalement par deux
anciens pilotes de Québecair, Yvon Lecavalier et Pierre Ménard, est la
quatrième compagnie au Canada desservant 60 destinations dans 26 pays. Elle a
été classée en 2019, en termes de vacances, meilleure compagnie aérienne. Elle
est la seule entreprise au Canada et dans le reste de l’Amérique du Nord qui
use du français comme langue de communication et de travail dans toutes
ses relations avec ses clients et ses passagers.
Il est vrai que pour Air
Transat, la situation est bien différente parce qu’il ne s’agit ni de mauvaise
gestion ni de déficit, ni de faillite mais bel et bien du changement de mains d’un
des plus beaux fleurons industriels du Québec. Avalée par Air Canada… Le
patrimoine industriel et culturel de cette compagnie Québécoise sera réduit à
sa plus simple expression pour ne pas dire disparaitra dans moins d’une année.
Il faut savoir qu’une
compagnie aérienne n’est pas seulement un transporteur mais aussi un médium
pratiquement au même titre que les quotidiens et autres médias qui usent des
lettres françaises pour communiquer avec ses lecteurs. Air Transat offre les
conditions de mobilité des Québécoises et des Québécois dans le monde mais
aussi de leur identité, de leur culture, d’une partie de leur patrimoine
personnel. Elle déplace des personnes d’un aéroport à un autre et partout où
elle fait escale elle porte en elle la culture spécifique, celle du bien être
Québécois tout en portant le drapeau du pays. Elle est aussi par son caractère
transnational le plus rapide et authentique véhicule de la pensée et de
l’industrie Québécoise française non seulement en Amérique du Nord mais aussi
dans le reste du monde.
Avec la
disparition de ce fleuron ainsi que celles des médias locaux, c’est une
agression contre la langue de Félix Leclerc, de Jules Vigneault, de Gaston
Miron et de bien d’Autres artistes, poètes, auteurs, agression que je qualifie
de violente même si elle est silencieuse et collatérale. Il n’en demeure
pas moins que c’est un coup qu’aucun défenseur de la langue française au Québec
n’a relevé.
Ferid Chikhi