Contestation de la loi 21 : Des bâtisseurs aux destructeurs …
Peut-on tolérer
l'intolérable ? C'est là une question, qui au Québec, n’a pas de réponse
spontanée. Pourtant, elle devrait être simple et sans équivoque parce que
personne ne doit se laisser dire et imposer n'importe quoi par n'importe qui, sachant
que seule la voix de la majorité s'impose. Mais, soyons réaliste et disons que c’est
l’impression qui se dégage depuis que les audiences sur la loi 21 portant
laicité de l’État Québécois sont terminées et qu’elles ont été révélatrices de
dysfonctionnements divers et fondamentaux en ce qui a trait à la justice en
particulier et à des médias du Québec.
Pour les médias,
qui disent avoir le devoir d’informer, il s’avère que si les anglophones prennent
position pour le multiculturalisme et les soi-disant minorités victimes des
lois du Québec, les francophones, à quelques exceptions près, en font de même en
évitant d’informer sur les positions des parties qui soutiennent la loi 21.
Ce qui a été
observé, c’est le manque visible d’impartialité dont devrait faire preuve le
magistrat en charge de ce dossier. Il montre un parti pris visible en faveur de
plaignants connus pour leur activisme contre tout ce qui est la législation du
Québec. Il en fait de même en faveur des avocats dont l’un a été ignominieux.
Le magistrat en question n’a émis ni réserve, ni rappelé à l’ordre de ce ‘’professionnel’’
de la défense des causes outrancières.
Le 18 décembre
2018, j’ai commis une réflexion publiée par le Huffington post Québec, sous l’intitulé
‘’Le Québec entre le sécularisme et la laïcité [1]’’,
j’y mentionnais entre autres que ‘’Même si le multiculturalisme est
fortement remis en question en Europe, celui du Canada n’est pas conciliable
avec la laïcité, alors qu’il l’est avec le sécularisme’’.
Une identité et des valeurs stables
Je soutiens que
dès le début de mes pérégrinations au Québec, j'ai été impressionné par les
noms des saints donnés aux rues ainsi que par le nombre d'églises éparpillées,
ici et là, comme le sont les milliers de mosquées en Algérie ou ailleurs dans
le monde arabo-musulmans. Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces
églises sont vides. J'ai cherché à comprendre et la réponse a été globalement
la suivante : depuis la Révolution tranquille, la religion a été « tassée
», pour reprendre une expression bien québécoise qui veut dire poussée dans ses
derniers retranchement. Le taux de pratique est presque nul.
Je poursuivais
qu’une déconfessionnalisation inachevée n'est pas la laïcité, j'ai
évoqué brièvement des aspects de l'histoire du Québec en rapport avec l'Église.
J'ai appuyé le fait que, selon ma perception, la Révolution Tranquille
avait été le creuset de la construction d'une nouvelle identité nationale
québécoise et une rupture décisive entre l'Église et l'État. Mais, si
l'identité et les valeurs sont, à quelques exceptions près, assez stables, il
n'en demeure pas moins que des remises en question récurrentes se font
entendre. Elles fissurent l'édifice fragile de la laïcité naissante et une
idéologie mortifère en pleine expansion tente de la requalifier.
Je me suis
souvenu de mon cours de sociologie et cet énoncé avec lequel j’ai conclu un de
mes exposés en cours : l'étude d'une société n'est pas seulement une
problématique avec des hypothèses, mais un champ d'observations avec des
évolutions et des stagnations sociales et aussi des ancrages à des dogmes qui
souvent sont des freins à sa progression. Il y a aussi et surtout des acteurs
politiques, culturels et sociaux, et plus ils sont libres dans l'expression de
leurs pensées et de leurs actes, plus cette société est harmonieuse, mais
lorsque les acteurs cultuels sortent de leurs champs d'intervention ...
apparaissent des contingences qui en perturbent et amoindrissent la
modernisation.
Leur but est d’ébranler la cohésion sociétale
Selon mon
constat, au Québec, si le Christianisme a été réduit, trois valeurs sociales
forment un héritage bien ancré dans la population : la solidarité, la
générosité et le partage, y compris celui du territoire. Venant d'ailleurs,
j'ai compris qu'ils répondent à d'autres schémas de lecture que les miens. Il
est aussi avéré qu’en raison d'un multiculturalisme imposé, la place des autres
religions et à leurs pratiquants venus d'Amérique Latine, d'Asie, d'Afrique et
du Moyen-Orient sont fortement encouragés par le Canada. Malheureusement, il y
a aussi une brèche par laquelle s'invitent subrepticement des activistes
fanatisés, qui pour se rendre visibles, n'hésitent pas à judiciariser leurs
relations avec la société d'accueil, arguant des libertés individuelles au
point d'ébranler la cohésion sociétale.
J'ai pris le résolution
de revisiter les thèmes en lien avec la religion, avec la laïcité et d'échanger
avec mes amis Québécois et j'en ai conclu que si le sécularisme et la laïcité
sont presque antagoniques, l'interculturalisme Québécois est compatible avec la
laïcité, ce qui n’est pas le cas pour le sécularisme. Dans le même processus de
réflexion, une question m'est venue à l'esprit : Est-ce que les Québécois
font la distinction entre le sécularisme et la laïcité ou au contraire,
sont-ils dans la confusion ? Il me semble que jusqu'à nos jours, la réponse
est teintée d'un amalgame généré par la rectitude politique, c'est-à-dire
éviter toute formulation pouvant heurter certains groupes communautaires.
Cependant, trois paramètres viennent remettre en question ce consensus : les
risques de la désagrégation de l’identité collective, celle de la langue française
ou encore celle de l’unité francophone partagée.
À vrai dire,
hormis quelques intellectuels, les membres et les sympathisants du Mouvement
Laïque Québécois (MLQ), de l'Association des Humanistes du Québec et des Libres
Penseurs et Athées …, qui distinguent la nuance entre les différents concepts,
les autres ne semblent pas en avoir pris conscience.
Le sécularisme (anglicisme) est un synonyme d'athéisme
Bien entendu, la
laïcité est une forme de sécularité. Elle prétend réguler au nom de
l'universalisme. Mais, nous disent des philosophes, il ne faut pas la confondre avec le sécularisme (anglicisme) qui est un synonyme d'athéisme.
Dans leurs
démarches multiformes, des illusionnés religieux, profitant de l'entrisme et de
l'activisme des islamistes, s'érigent à réduire l'égalité des droits entre les
hommes et les femmes, à revisiter la mixité, à refonder les programmes
scolaires ... à adapter le système de sélection des candidats par les
institutions et les entreprises, et finalement à assortir à leur seule
conception les relations sociales et bien d'autres aspects du vivre ensemble.
En fait, ils ciblent tout ce qui fait la singularité de la société québécoise,
c'est-à-dire la nation, la citoyenneté, le développement social harmonieux
initié depuis début de la Révolution tranquille.
Au Québec, en
particulier là où le rôle de l'Église a été « éloignée » pour des raisons
historiques telle que l'immixtion généralisée dans la vie privée des citoyens,
la déconfessionnalisation a fait son cheminement, mais n'a pas atteint tous les
objectifs assignés par la Révolution tranquille, notamment la formalisation de
la laicité, cette laicité que les nouveaux prédicateurs agressent sans
ménagement. Le juge Blanchard leur donnera t’il raison ? La réponse en
février 2021.
Ferid
Racim Chikhi