18 nov. 2025

Immigration au Québec : Entre mémoire migrante et avenir citoyen

Combien de temps faut-il à un immigrant au Québec pour devenir Québécois ?


Introduction : Une société en mutation

Le Québec, comme de nombreuses sociétés contemporaines, est confronté à des transformations profondes en ce début du 21e siècle. Parmi ces transformations, l’immigration occupe une place centrale dans les débats politiques et sociaux. Ce texte explore les tensions, les paradoxes et les défis liés à l’intégration des immigrants dans la société québécoise, en mettant en lumière les enjeux culturels, historiques, linguistiques et sociaux.

 

Entre hier et aujourd’hui : une évolution contrastée

Depuis 1995, l’immigration revient régulièrement dans le discours politique québécois, souvent instrumentalisée à des fins électorales. Les immigrants, bien qu’ils se sentent Québécois et Canadiens, sont fréquemment perçus comme des «autres». Le débat public est marqué par des contradictions et des incompréhensions, notamment parce que les politiques tiennent suffisamment compte des besoins réels de la société daccueil et peu ou pas du tout de ceux des communautés ethnoculturelles.

 

Le triptyque sociétal : Famille - Démographie (régionalisation) - Langue française.

 

La famille ne répond pas du tout au profil de la famille québécoise qui depuis les années``60`` s’est totalement transformée. Elle-a évolué devenant un modèle hybride, loin des structures traditionnelles notamment avec les acquis liés à l’égalité des droits entres les femmes et les hommes, l’accès des femmes au monde du travail ainsi que la protection des enfants contre toute forme de violence.

 

La langue française, au sein des communautés ethnoculturelles n’est pas du tout prise en charge dans les réflexions politiques. Elle est fragilisée non seulement par l’influence de l’anglais mais par la diversité linguistique des nouveaux arrivants. Son enseignement aux allophones ne répond plus aux besoins des nouveaux arrivants comme cela fut lorsque ceux-ci arrivaient avec des qualifications de hauts niveaux dans la langue de leurs pays d’origine et une maitrise partielle ou totale de la langue de Molière.

 

Une histoire de l’immigration au Québec

L’immigration au Québec s’est déroulée par vagues successives :

 

·    Du 17e au 18e siècle a vu l’arrivée de communautés chrétiennes européennes (Français, Espagnols, Irlandais, Portugais…).

·    Pendant les années 1930, le profil des nouveaux arrivants a légèrement changé pour voir constater qu’elle était intra-américaines (Allemands, Italiens, Grecs…).

·    Durant les années ``50``et ``60``la poursuite du flux européen a été observé et avec l’arrivée de populations d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient la diversité s’est accrue.

·    Depuis les années 2000 : On voit une augmentation incontrôlée des demandeurs d’asile et des réfugiés, avec une baisse du nombre de résidents permanents qualifiés.

 

Cette évolution a modifié le profil des immigrants : Ils sont moins qualifiés, moins expérimentés, et souvent porteurs de valeurs peu compatibles avec celles de la société québécoise.

 

La famille immigrante : entre confrontation et adaptation

La famille immigrante d’aujourd’hui diffère de celle des précédentes. Les valeurs des immigrants restent souvent ancrées dans celles de leurs pays d’origine, ce qui crée des tensions avec les normes québécoises. Les politiques d’intégration doivent tenir compte de cette réalité, en adoptant une approche cohérente et humaine. La famille immigrante d’où qu’elle vienne répond aux caractéristiques patriarcales et cultuelles. Les valeurs qu’elle apporte avec elle sont fondées sur des repères et des standards qui n’ont plus court ou le sont relativement peu au Québec.

 

Le statut des femmes immigrantes : un enjeu majeur

Les immigrants sont des êtres humains

 

La Révolution tranquille a permis des avancées significatives pour les femmes québécoises, notamment en matière de droits, d’émancipation et de reconnaissance sociale. En revanche, les femmes immigrantes, souvent issues de sociétés patriarcales, n’ont pas bénéficié des mêmes progrès. Leur féminisme est davantage sociopolitique (lutte contre le colonialisme, contre le totalitarisme, la dictature, pour la reconnaissance des droits) que socioculturel.

 

Les défis sont nombreux : La francisation, l’apprentissage du numérique, l’accès à l’emploi, à la santé, au logement, à l’éducation. L’émancipation des femmes immigrantes est essentielle pour éviter leur marginalisation et favoriser leur pleine citoyenneté. Le soutien aux jeunes filles immigrantes est tout aussi crucial pour leur permettre de s’engager activement dans la société québécoise en devenir.

Cependant, l’émancipation des femmes immigrantes en provenance du Sud est freinée par des pratiques patriarcales, des conflits, des violences aussi bien familiales que communautaires, des influences a distance qui deviennent des handicaps. Au Québec, les luttes féminines ont permis des progrès notables depuis les années 1960. Il est donc impératif d’étendre ces actions aux femmes immigrantes, en favorisant leur autonomie économique, leur accès à l’éducation et leur reconnaissance sociale.

 

Jeunes immigrants : entre chocs culturels et résilience

Je suis Québécois mais mon père est d’origine Algérienne

 

Les jeunes immigrants, qu’ils soient nés au Québec ou arrivés récemment, vivent des chocs culturels multiples : Même si le choc du départ, finit par s’estomper au fil du temps celui de l’arrivée se vit sur le plan identitaire. Le statut migratoire des parents influence leur propre intégration. Souvent, les parents perdent leur statut social antérieur, ce qui affecte la cohésion familiale. Malgré ces obstacles, de nombreux jeunes réussissent brillamment dans leurs études, s’engagent dans des activités communautaires et contribuent activement à la société québécoise. Pourtant, ils sont encore perçus comme des immigrants, même s’ils sont nés ici.

Il dit parler en français mais je ne le comprends pas

Apprentissage du français : un levier d’intégration

La maîtrise du français est essentielle pour l’intégration des immigrants. Les cours de francisation doivent être adaptés aux besoins des apprenants, notamment en milieu professionnel. Les contenus actuels sont souvent insuffisants ou inadaptés.

Les immigrants francophones (issus d’anciennes colonies françaises) ont plus de facilité à apprendre le français que ceux venant de pays anglophones ou moyen orientaux. Cela confirme que le capital linguistique francophone étant lui-même en déclin dans certains pays du Sud, les bassins de recrutement devraient être revus avec d’autres critères.

 

Planification et régionalisation : un défi stratégique

La régionalisation de l’immigration ne peut être prescrite sans préparation. Elle nécessite une coordination entre les lieux d’arrivée et les régions d’accueil, une répartition équitable des ressources, et une réduction des délais de traitement des dossiers. Le document de planification triennale 2026-2029 du gouvernement a fait l’objet de critiques avoir seulement ciblé les seuils en occultant les autres paramètres. La quête d’harmonie sociale exige une réflexion approfondie sur les impacts sociaux de l’immigration, tant pour les Québécois que pour les immigrants eux-mêmes.

Conclusion : vers une intégration réfléchie

A mon humble avis, la planification de l’immigration devrait anticiper les contraintes identitaires, politiques culturelles, sociales et économiques. Elle devrait promouvoir des solutions adaptées aux besoins des populations. Si certains paramètres plaident pour une augmentation des seuils d’immigration (pénurie de main-d’œuvre, vieillissement démographique), d’autres justifient leur réduction (inadéquation des profils, tensions sociales).

 

Le Québec a tout intérêt à repenser ses politiques d’immigration pour favoriser une intégration réussie, mutuellement avantageuse aussi bien pour la société d’accueil que pour les sociétés immigrantes. Cela implique de reconnaître dès le départ les immigrants comme des citoyens à part entière, capables de contribuer aux transformations futures de la société dans toutes ses composantes.

 

Ferid Racim Chikhi

5 oct. 2025

Québec : Pour une immigration qualitative !

Ce n'est pas le nombre qui compte c'est la qualité des profils

En ce mois d’octobre 2025, au Québec, l'immigration se hisse au sommet des dossiers fortement politisés. Qu’elle soit de date récente ou ancienne l’immigration depuis trois décennies attirent les regards de tous les Québécois.

Depuis les années ‘’90’’ et jusqu’à nos jours, si ce ne sont pas des individus ce sont des communautés entières qui sont pointées du doigt. Les noirs ont été les premiers à faire les frais d’une focalisation exacerbée par des propos les uns aussi indignes que les autres dans un Québec qui se qualifie d’accueillant.

Puis, depuis, la fin des ‘’2000’’ ce sont les musulmans qui ont grimpé au podium et de nos jours tous les demandeurs d’asiles qui seraient la cause de tous les maux de la société québécoise.

Pourtant, tous participent au développement d’une société industrielle, qui voudrait encore progresser mais semble faire du surplace, en raison essentiellement d’une navigation sans vue sociétale des gouvernants.

Depuis ce mois d'octobre 2025, les travaux de la commission des relations avec les citoyens de l’Assemblée nationale planche sur la planification de l’immigration pour la période 2026/2029. Le gouvernement et quelques organisations en charge opérationnelle échangent sur ce dossier qui réduit la tension sur ceux de l'économie, de l'industrie, etc. Période pré électorale oblige. Table de concertation des réfugiés et des immigrants, patronat et autres chambres de commerce, organismes spécialisés dans l'accueil, l'installation et l’emploi des nouveaux arrivants, etc, vont en parler jusqu'à la fin du mois.

Avec plus de 600.000 immigrants (tous statuts confondus) arrivés, depuis 2019, en terre Québécoise, il faut admettre que les conditions de leurs accueil ne sont pas toutes réunies : Logement, emploi, santé, éducation, et bien d'autres affaires qui, si elles (les conditions) sont bien réunies feraient le bonheur de tous. Mais, attention, les services en question craquent sous le poids du nombre... et le pire réside à mon avis dans la demande du monde du travail, tous territoires confondus, qui exige plus d'immigrants pour occuper les milliers de postes vacants et l'IA n'est pas pour répondre aux déficits observés, ici et là, et ceux qui selon certains, émergeront si le nombre de (+)90.000 n'est pas atteint en 2026.
Athmane, un demandeur d’asile ayant fui, non pas seulement, son pays mais le continent entier d’où il vient, me confiait : ‘’Ce n’est pas parce que je suis demandeur d’asile que je n’ai pas de qualifications, d’expériences ou de compétences…pourtant, je ne trouve pas de travail’’.

Pourtant, des milliers sont PAB, commis d’entrepôt, agents d’entretien ménager, commis de plancher, agents techniques (ingénieurs), chauffeurs (médecin, architectes), plongeurs (cuisiniers), etc. Pendant, ce temps la CRC entend des organisations dont quelques-unes ne sont pas toujours au fait des problématiques du terrain.

À méditer …!

https://lnkd.in/ekHiYbqJ

9 févr. 2025

L'Algérie n'est pas une chasse gardée de la France

Voici pourquoi la France est comme un cul-de-jatte sans l’apport de l’Algérie

Février 4, 2025 –

 


Une contribution de Ferid Racim Chikhi(*) – Le président Tebboune a accordé, ce 2 février 2025, un entretien au quotidien libéral français L’Opinion. Le président Macron aurait-il le loisir d’en faire de même dans un média algérien ? Le président algérien a été clair et ses propos en adéquation avec la rupture des relations avec la France. Dans ce qui suit, j’aborde succinctement les changements dans le monde depuis les années 80, le nouveau millénaire et les nouvelles configurations géopolitiques, le dénigrement des Algériens, de l’Algérie et de ses dirigeants, les leçons d’histoire non apprises par une France revancharde et manquant de jugement situationnel.

Des changements majeurs dans le monde

Si l’on observe le cul-de-sac dans lequel se trouve l’Europe après sa contribution industrielle du XVIIe à la formation industrielle du reste du monde, on peut sans conteste souligner que son modèle de gouvernance est arrivé à échéance dès 2022, avec le Brexit. Pendant ce temps, «l’empire US» tente d’imposer son empreinte libérale et égocentrique comme l’ont fait avant lui tous les empires, romain, byzantin, ottoman, etc.

A la fin des années 50 et au début des années 60, les pays colonisés ont arraché leur indépendance avec force résistance et âpres luttes contre les colonialismes. Le géant chinois a progressé à grand pas et affiche avec humilité sa puissance aussi bien industrielle que sociétale. La formation et l’émergence de puissances économiquement indépendantes des «pays industrialisés» se sont accélérées.

Au cours des trois dernières décennies du dernier millénaire, le monde bipolaire a laissé place à une nouvelle configuration qui reste encore de nos jours en gestation et en recherche d’équilibres potentiellement avantageux pour les deux grands blocs et le reste du monde. Les points clés de ce changement ont débuté dans les années 80 avec Solidarnosc en Pologne, la Perestroïka et la Glasnost en URSS et leurs effets sur le démantèlement des Balkans, la chute du mur de Berlin et la réunification de l’Allemagne, l’émergence de nouveaux modes économiques avec les pays du Golfe, sans omettre de souligner les multiples crises générées autour des hydrocarbures, des invasions et de destructions de pays qui n’acceptaient pas la tutelle des pays atlantistes.

Clairvoyance et vision

Le nouveau millénaire voit l’émergence d’un découpage qui montre que les anciens colonisateurs, même s’ils ont cherché à maintenir leur domination directe sur leurs anciennes colonies, ont perdu énormément de leur pouvoir prédateur. Toutes ces transformations comme les ouvertures offertes par la Chine et ses alliés (BRICS) et les pays émergents (Pakistan, Indonésie, Malaisie, etc.) sont devenues, en quelques décennies, un bloc économique et industriel porteur d’espoir.

Toutefois, malgré l’onde de choc provoquée par le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (Brexit), ni l’Europe ni la France ne se remettent en question et restent ancrées aux amarres des séquelles de leurs colonialismes. Leur entêtement les conduit à œuvrer pour l’accaparement des richesses des pays et des populations qui ont dit «non à l’asservissement et au pillage».

Le dénigrement systématique de tout ce qui est algérien

En France, les gouvernants de l’équipe Macron assujettis à l’extrême-droite, avec un cadre de références sionistes, constatent que depuis moins d’une décennie, l’Algérie, non seulement est restée fidèle aux principes du non-alignement et à la non-ingérence, mais aussi a bien débuté son redressement tous azimuts, alors que ses institutions fonctionnent tant sur le plan interne qu’au plan international.

Le modèle de gouvernement et d’administration de l’Algérie sied aux Algériens, à leur culture et même à leur identité. Cependant, il constitue pour bien des délinquants de la «boulitique» française une opportunité pour dénigrer à satiété et en continu l’Algérie et les Algériens. Mieux encore, ils ont trouvé des mercenaires qu’ils instrumentalisent pour ajouter à leurs délires, en expliquant leur attitude par un «ce ne sont pas aux Algériens que nous en voulons mais à leurs gouvernants et notamment à leur armée». Par ailleurs, si ce ne sont pas ces derniers qui occupent leur temps, ce sont les seuls otages israéliens libérés en bonne santé qui sont leurs sujets de prédilection. Point de compassion pour les victimes du génocide que subissent les Palestiniens.

La France n’apprend pas de son histoire

En plus de la dictée sioniste, ces détracteurs se réfèrent à des théories sociales d’une autre époque, oubliant que les Algériens ne sont pas des fanatiques mais des résistants qui peuvent être conservateurs face aux intrusions inappropriées. Ils ne sont pas des intégristes au point de s’ostraciser, mais peuvent se référer aux fondements de la religion majoritaire et surtout que les référents de la Révolution de Novembre 1954 en ont fait un pays indépendant depuis plus de 63 ans. Il en ressort que l’État algérien est souverain et que l’ère de la colonisation est bel et bien terminée.

Le plus odieux dans toute cette pièce de théâtre, c’est la référence à l’Etat de droit et à la liberté d’expression qui autorise des acteurs amateurs, en mal de notoriété, de proférer des mensongères en continu. «Géométrie variable», disent des Français sérieux.

Des dates à retenir ? Le 24 juillet 2024, le 4 novembre 2024 et le 16 novembre 2024. Une petite recherche sur Google et apparaissent les causes visibles des agressions systématiques de l’Algérie par la France.

En clair, le plus exécrable du côté français réside dans cette tendance qu’ont certains de leurs influenceurs de pacotilles à considérer l’Algérie comme une chasse gardée de la France et que rien ne doit se faire sans son aval. Au-delà du pillage de ses richesses et particulièrement de ses ressources humaines, ces influenceurs de la dernière heure savent que sans l’apport de l’Algérie, la France est comme un cul-de-jatte : quelque chose lui manque et pourtant, ils persistent à endosser leurs appels à sanctionner l’Algérie avec fermeté en ciblant, depuis plusieurs mois, ses dirigeants.

Dénoncer l’accord de 1968, disent des nostalgiques d’une ère à jamais révolue, sous couvert d’une liberté d’expression qu’ils bafouent toute honte bue. L’histoire et la mémoire ne sont pas des sujets qui intéressent ces pyromanes des temps modernes. Ce qui est curieux, c’est que le gouvernement français ne bouge pas et laisse ses schizophrènes de la politique primaire s’en prendre aux relations entre les deux pays.

Quelques voix positives se font entendre

Heureusement, ici et là, quelques voix se font entendre pour tenter de calmer les esprits et pour dénoncer la rupture annoncée. Or, cette rupture est bel et bien consommée depuis le 24 juillet 2024, date de rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. Ce que ne semble pas avoir compris l’Elysée et le Quai d’Orsay. Question de principes ! L’Algérie a rompu et ne reviendra pas en arrière, parce qu’elle sait que le retour de manivelle qu’elle subira sera plus violent que toutes les diatribes auxquelles elle est confrontée depuis toujours, tant en France qu’en Europe.

Contre toute attente, l’Algérie et les Algériens savent qu’un pays ne se construit pas en une décennie après avoir subi la pire des colonisations de l’histoire de l’humanité. Un pays s’édifie sur plusieurs décennies après avoir longuement travaillé. Or, il n’y a que ceux qui ne travaillent pas qui ne font pas d’erreur. La France macronienne et ses mythomanes l’ont-ils compris ?

F. R.-C.

(*) Analyste senior chez GERMAN

24 déc. 2024

Questions

Les pour et les contre

Les cas Sansal et Daoud, qui, selon toute évidence et, vus sous l’angle des donneurs de leçons qui se sont érigés en juges, n’en font qu’un et il interpelle les Algériens et en particulier tous les intellectuels, qu’ils soient pour ou contre l’un ou l’autre ou encore restent dans l’indécision.
Quand on relève que quelques personnages en vue dans l’Hexagone et ailleurs en Europe émettent une seule hypothèse, celle qui consiste à cibler les gouvernants algériens en les qualifiant, sans ménagement, de dictateurs, on se rend très vite compte qu’il ne s’agit plus d’une polémique soulevée à la suite de la détention de Boualem Sansal, mais bel et bien d’une agression médiatique caractérisée menée tambour battant par les mêmes laudateurs, concepteurs d’une phraséologie périmée et sans effet sur la justice algérienne. Celle-ci suivra son cours normal, et la décision qu’elle prendra apaisera, d’un côté, les consciences des Algériens et, d’un autre côté, éclaboussera les brailleurs de tout bord.
Vu d’Amérique du Nord, quelques exilés algériens, qui se sont fait une place dans le froid canadien, ont abordé la question relative à la posture de ces deux individus, et qu’ils soient du centre, du sud, de l’est ou de l’ouest, ils distinguent globalement le droit à la liberté d’expression et les limites de celle-ci dans un cadre de références établi par chaque Etat et ses institutions législatives.
En fait, nous avons beau être du côté de la liberté de conscience, celui de la liberté de pensée ou, par extension, celui de la liberté d’expression, l’éthique veut que l’on s’interroge sur les motivations profondes de ce branle-bas médiatique qui occulte tout un pan de la problématique.
En France, vu l’uniformisation de l’information exigée par ceux qui ont acquis les médias lourds, les influenceurs, les animateurs des plateaux et les accès autorisés aux sources d’information qui les fabriquent, selon le même schéma suprémaciste, les médias lourds ne se gênent pas de se mettre du côté des politiques, qu’ils soient de droite, du centre ou de gauche et de casser de l’Algérien.
C’est ainsi que des individus et des petits groupes d’approbateurs, de courtisans, d’encenseurs, tous en mal de notoriété, épelant mot à mot ce que leurs mentors leur dictent, tentent d’influencer non pas des gouvernants mais tout l’Etat algérien et, partant, sa justice en invoquant soi-disant l’exigence et la garantie du droit à la liberté d’expression pour tous, même si le cadre de références légales est mis à mal. Alors, à quoi servent les institutions et leurs lois ?
Par ailleurs, le pire dans cette démarche, c’est que ces Algériens devenus nouveaux influenceurs accusent ceux qui n’adhèrent pas à leurs cris effarouchés d’être du côté des dirigeants, des «dictateurs» et du pouvoir algériens ; eux ne le sont pas cependant, ils s’expriment par les médias sociaux sachant que les autres tribunes des médias lourds de leurs pays d’accueil leur sont inaccessibles, y compris pour parler de leurs créations.
Dès lors, et sans aller plus loin, trois questions à un euro «français» se posent :
1) Est-il normal qu’au nom du droit à la liberté d’expression, un écrivain ayant un statut récent de binational soit plus anti-Algérien et arrive à ameuter une horde d’hyènes qui ne cache nullement sa haine de l’Algérie et qui dit s’attaquer non pas à son peuple mais à ses seuls dirigeants, occultant ainsi une réalité fondamentale, essentielle et incontournable, à savoir que l’Algérie est une et indivisible outre qu’elle est un Etat souverain et indépendant ?
2) La liberté d’expression n’est pas à sens unique. Dès lors, l’élite et les intellectuels algériens n’ont-ils pas le droit de soutenir leur Etat, ses gouvernants et leurs pays contre un des leurs, devenu subitement «historien» et dissimulant le principe fondamental consacré par le droit international selon lequel les frontières héritées depuis l’indépendance sont intangibles ?
3) Les négociateurs d’Evian (Algériens et Français) n’avaient-ils pas décidé du territoire algérien, y compris le Sahara, ainsi que, pour une période, Reggane et Mers El-Kebir ?
Sansal ne pouvait pas ignorer ces paramètres, et en y touchant il a déraillé en insultant, non pas seulement l’Algérie et ses citoyens mais aussi ceux qui se sont sacrifiés par vagues et de génération en génération, depuis 1830 pour recouvrer la dignité de tous et le territoire occupé par les forces colonialistes. Malheureusement pour lui, peut-être dans des moments d’aveuglement et sous la dictée de ses mentors, il a confirmé sa distance et son ingratitude à l’endroit de l’Algérie, Etat, gouvernants et peuple. Il a choisi d’emprunter un segment d’histoire qui, s’il venait à être considéré parce qu’énoncé par un «influenceur» bénéficiant du soutien de quelques associations et autres groupes réactionnaires, remettrait en cause toutes les frontières du monde.

Ferid Racim Chikhi
In Algérie Patriotique du 08 décembre 2024.
https://www.algeriepatriotique.com/2024/12/08/questions/ 

29 sept. 2024

Un Numide en Amérique du Nord - 381 -

 Les intellectuels Algériens doivent sortir de l’ombre 


La personnalité créatrice doit penser et juger par elle-même, 

car Le progrès moral de la société dépend exclusivement de son indépendance. 

Albert Einstein (1879 -1955)

 Souvent la question des élites et des intellectuels est posée et l’on se demande qui sont-ils ? Les élites en général et les intellectuels Algériens en particulier, sont-ils connus du grand public ? Répondre à cette problématique semble ardu mais la conjoncture, pleine de changements qui vont des trahisons aux guerres et à la subversion exposée, m’incite à énoncer le propos suivant  même s’il reflète un caractère personnel. Je ne prétends pas apporter des réponses limpides aux multiples facettes de l’interrogation émise, ici et là, mais je me permets de proposer en toute humilité quelques pistes de réflexion pour définir, décrire, nommer et qualifier ce qui aurait dû se faire et qui n’a pas été fait ou ce qui s’est passé mais qui est inconnu de tous et ce qui doit être fait pour éviter encore les dérives d’un passé récent.

Connaissance et savoir ?

Avant d’aller plus loin, reconnaissons que lorsque nous abordons les problématiques relatives aux élite intellectuelles nous ne pouvons ignorer le sens, la signification, la définition de quelques concepts en lien avec les appellations retenues. Par conséquent, même si ‘’savoir et connaissance’’ semblent être des synonymes, en réalité et selon plusieurs encyclopédies et dictionnaires, l’un et l’autre renvoient au moins à deux manières d’apprendre bien différentes, voire opposées.

Selon des érudits, le savoir et la science sont une somme d’informations accumulées ; ils peuvent s’acquérir et se transmettre par un enseignement ou par des livres. La connaissance est la tentative d’accéder à la vérité ultime. C’est une quête de réponses aux grandes questions existentielles que l’Homme se pose ; le savoir est un acquis tandis que la connaissance est un chemin ; le savoir est récitation, la connaissance est compréhension et appropriation ; le savoir est affirmation alors que la connaissance est questionnement ; le savoir est certitude, la connaissance est doute ; le savoir est accumulation, la connaissance est dépouillement.

Spinoza distingue trois niveaux ou « genres » de connaissance : ‘’les perceptions ou « la connaissance par l’expérience vague », soit des idées sans ordre valable, des opinions confuses, de l’imagination… La raison qui serait la pensée ordonnée permet de saisir les propriétés des choses. La Science intuitive est l’appréhension à la fois intuitive et rationnelle des lois fondamentales, menant à la compréhension de l’essence des choses.’’

Quels liens peut-on faire avec un passé récent ?

Comme tous les Algériens de ma génération, adolescent, j'ai vécu, l'indépendance de l’Algérie. Je me disais : à présent les grandes décisions concernant le pays et son peuple se prendront en Algérie et ce sont nos ainés qui feront les choix pour tous et non pas en France, en Europe ou ailleurs dans un pays arabe ou voisin. Le 05 juillet 1962 et les jours suivants, le pays, le peuple - ainés, enfants, femmes, hommes - étaient heureux et tous ensemble allaient décider de leur devenir. C’est ce qui trottait dans ma tête de jeune adolescent nouvellement indépendant. Soixante ans (60) plus tard, mes rêves, et certainement ceux de plusieurs Algériens comme moi, se sont réalisés mais avec bien des changements majeurs et loin de ce qui vagabondait dans ma tête.

Questionnements

Mais que se passe t’il en cette décennie ‘’20’’ du second millénaire de l’indépendance? Comment se fait-il que l’Histoire s’écrive dans un autre creuset des évènements au lieu de s’écrire dans celui de la continuité naturelle censée permettre à l'Algérien de renouer avec son passé, sa mémoire enfouie, ses repères ancestraux, ses géants qui ont bâti, construit, édifié, érigé un patrimoine que bien d’autres peuples lui envient ? Que dire aujourd’hui des représentations, des descriptions, des écrits et des observations des prestigieux auteurs que furent Mahiedine Bachtarzi, Rachid Ksentini, Bach Djarah, Mme Keltoum, Ahmed Reda Houhou, Tewfiq El Hakim, Boudjedra, Mouloud Feraoun, Taos Amrouche, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, El Mouhoub Amrouche, Souheil Dib, Malek Haddad, Kateb Yacine, Assia Djebbar, Mustapha Lacheraf, les auteurs des textes de la révolution du 1er novembre 1954, ceux de la plateforme de la Soummam ou encore les contributeurs d’El Moudjahid de la guerre de libération nationale et bien d’autres ? Ils affichaient un vocabulaire châtié, une grammaire normée, des styles des plus limpides, une syntaxe et  une morphologie singulières qui méritent bien des prix. Tout cela était avant, pendant et après l’indépendance. Mais depuis soixante ans, si nous excluons les Alloula, Tahar Djaout, Beida Chikhi, Zoubida Bittari, Abdelhamid Benhadouga, Yamina Mechakra, Ahlam Mostghanemi ou encore Mohamed Aknoun, Kamel Bencheikh, Naila Chikhi/Dakia, Leila Sebbar, quels sont les autres intellectuels, les auteurs, les écrivains, les poètes, les dramaturges, les romanciers qui ont fait preuve de créativité et d’inventivité ? Peut-on statuer que la littérature algérienne d’expression française et arabe s’est appauvrie pour donner de l’importance à des pseudo-écrivains mis de l’avant par des médias pervertis sous d’autres cieux que ceux de l’Algérie ! 

Pour mémoire, dès le 05 juillet 1962, le peuple festoyait, jouissait, jubilait, riait, se réjouissait … imaginait un avenir radieux et lumineux à la suite de périodes sombres vécues pendant plus de dix-huit décennies et une âpre lutte contre une colonisation qu’il n’a jamais voulue et une guerre de libération nationale qui a consacré la vérité de l’autodétermination du peuple. Pour l’heure, les moments d’euphorie et d’émotion commencent à peine à laisser place à la raison et à la réflexion sur le futur comme ce fut un 1er novembre 1954 et un 20 aout 1956. Et ce ne sont pas les militants engagés et déterminés, les quelques-uns de l’époque qui ont tiré la sonnette d’alarme, qui le démentiraient. En fait personne, n’entrevoyait le devenir du pays et de sa population, si ce n’est continuellement vivre sous le joug du colonialisme français. En revanche, qui depuis ces deux dates a interpelé les plus instruits ?

Les nouvelles élites intellectuelles 

D’une manière plus simple, posons-nous la question suivante : Ces instruits, ont-ils été productifs comme le furent quelques-uns qui, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ont mené des actions qui consacrent la libération des peuples ? Depuis l’indépendance des milliers de diplômés Algériens des universités tant en Algérie qu’à l’étranger ont été formés. Ils ont tous, ou presque tous, occupé des emplois à tous les niveaux institutionnels, industriels, commerciaux et agricoles. Leur apport a été conséquent. Le pays a fonctionné et il fonctionne encore malgré l’adversité. Bien de ces diplômés ont géré l’État et ses différents domaines. 

Malgré cela, ces élites ont-elles participé à la gouvernance selon des profils appropriés et en adéquation avec les exigences attendus des ‘’décideurs’’ ? D’aucuns seraient tentés de répondre par l’affirmative puisqu’ils ont été remerciés soit par des promotions soit par des congédiements. Et, c’est là qu’intervient la définition du concept qui navigue confusément entre celui qui est partie prenante de ‘’l’Élite’’ et celui qui fait partie des ‘’Intellectuels’’. De manière générale j’émets l’hypothèse qu’il y a une confusion de fond faite par les deux groupes pour ne pas parler de méconnaissance de ces deux concepts, mais si nous revenons à une définition simple et partagée par beaucoup, l’élite est un groupe plus ou moins minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement. L’élite est constituée des gestionnaires dans les institutions économiques, industrielles, commerciales, etc. En Algérie, ces gestionnaires, au stade actuel du développement du pays, n’ont pas tous le savoir-faire pour créer un groupe ou des groupes avec leurs intérêts propres et influer sur le cours normal de l’évolution et du progrès.

Selon des définitions bien arrêtées, on ne peut ignorer qu’il existe aussi des élites intellectuelles. ‘’Généralement, le terme d'élites intellectuelles désigne d'une part les auteurs d'ouvrages de recherches et de réflexions édités par des maisons d'édition reconnues, d'autre part les professions intellectuelles supérieures : enseignants des cycles supérieurs titulaires du doctorat’’. Néanmoins, ‘’la particularité de ces dernières est d'être difficilement quantifiables en ce sens où être un intellectuel ne nécessite ni un diplôme d'enseignement ni la publication d'ouvrages par une maison d'édition’’. Or, un grand nombre des graduants, des doctorants et autres chercheurs ont soutenu, devant d’éminents professeurs, des thèses de doctorats et des mémoires mais combien ont été édités, promus pour le grand public. Encore, en 2024 existe-t-il une seule publication scientifique et universitaire qui met de l’avant les travaux de recherches ces doctorants ?   

L’Algérie et le reste du monde

Nous ne pouvons ignorer que bien des réponses à des questions qui concernent le commun des mortels résident dans l'apport des intellectuels, leur rôle et leur contribution à l'effort de vulgarisation de la pensée et de l'expression d'idées nouvelles qui sensibilisent à l'indépendance de la société dans tous ses segments et à la libération des idées, de la pensée et de la parole. Les idées et les réflexions des intellectuels sont à même de canaliser cette quête d'indépendance et de liberté qui fluctue en fonction de l'adversité. En laissant le champ libre  à ceux qui sont contre ces libertés, les gouvernants s’approprient des succès qui ne relèvent pas de leurs actions même s’ils si le peuple s’en réjouit. Or, il y aussi des dérives qui ébranlent les fondements de la personnalité, de l'identité et de la culture des Algériens. Et ce faisant, les intellectuels ignorent ou feignent d’ignorer les cultures d'influences qui isolent sur le plan médiatique une Algérie qui conçoit son développement, sa modernité, et ses progrès selon ses propres politiques et à la convenance de ses populations en dépit d’une mobilité de ses ressources humaines imposée parles puissances de ce monde. 

Un monde en ébullition 

D'un point de vue général, le monde et l’Algérie sont deux espaces intrinsèquement liés. Depuis la fin du dernier millénaire, les deux ont vécu des mutations marquantes et significatives. Des changements tectoniques impactent les politiques domestiques de tous les pays. En Europe de l'Est, les Balkans ont retrouvé leur géographie initiale contre celle tracée par les Nations unies. L'Union européenne s'est  fragilisée depuis le Brexit et la montée des nationalismes contre la mobilité internationale. La problématique des conséquences de la Covid-19 a remis en question tous les programmes de santé publique, mettant à mal les institutions supranationales. Bruxelles tremble à la pensée que l’Ukraine ne flanche malgré le soutiens de  l’OTAN et que la RUSSIE ne se rénove alors que les séquelles héritées du ‘’bloc de l'Est’’ figent la pensée européenne. À ce moment précis, la Chine et ses alliés consolident leurs assises. Au même moment, les changements climatiques fragilisent encore plus le monde des moins nantis et que l’Intelligence Artificielle ne semble pas être la panacée. 

Cela fait trente-cinq ans que l'Allemagne s'est réunifiée et voit la montée des extrêmes droites. Les pays baltes se sont libérés de l'emprise de leur voisin de l'Est. L'Asie moderne émerge sur l'échiquier mondial. Le Moyen-Orient est dépecé et redécoupé. Les guerres menées par les É.-U. et leurs alliés jettent à la mer ou sur les chemins de l'incertitude des millions de réfugiés d'Asie, du Moyen-Orient et d'Afrique. L'Amérique latine se rebiffe et l'Islamisme et son terrorisme ne sont toujours pas vaincus mais restent encore financés par les pouvoir occidentaux et manipulés par le Sionisme. La Palestine, Gaza et le Sud Liban sont agressés par un génocidaire des temps modernes et les populations sont décimées alors que l’ONU continue de palabrer sans trouver la bonne solution.

Qu’a donc enfanté le Hirak ?

En Algérie, le Hirak a, certes, libéré des énergies, cependant, c’était sans compter sur les capacités de transformation d’un système conçu pour survivre aux hommes et aux évènements selon la fameuse for mule du défunt président Houari Boumediene. L’Économie hybride héritée des années ‘’70’’ ne s’est pas renouvelée et cherche encore un port d’attache par des alliances tel que la régénérescence du non-alignement, l’Europe, la Chine, les pays arabes, les faiblesses perfides des voisins, etc… Le tout toujours à l'affût de quelques milliards de dollars provenant de la cession des barils de pétrole ou de mètres cubes de gaz. Le monde change et les leaders de ce monde, par pays, font appel à toutes leurs intelligences. En est-il de même pour ceux de l’Algérie ?

Le gouvernement mené par le Président Tebboune a rebondi sur le Hirak et tente de redresser la trajectoire du navire au moment où quelques esprits malins ayant trouvé une écoute manœuvrière chez des influenceurs néfastes font dans la subversion au nom de l’indépendance, de l’identité, de la langue,…avec caprices, et déraison, comme si les millions d’autres Algériens n’avaient rien compris à leur avenir. Qu’on le veuille ou non, une alerte à la remise en question de soi, des institutions, des grands axes de développement de la société, un appel à la raison retentit fort et rappelle à l'ordre tout le monde. Le Président, malgré son âge avancé, trouvera-t-il l’énergie nécessaire et suffisante pour anticiper les mouvements contradictoires. aussi bien endogènes qu’exogènes et saura t’il mobiliser les intelligence Algériennes ?

Ferid Racim Chikhi

Analyste Senior

GERMAN




10 juil. 2024

Un Numide en Amérique du Nord -380 -

 La France et le RN : des questions presque existentielles !

Demain, la République française sera confrontée à une incertitude que ni le RN, ni les forces de gauche, ni la MP et encore moins le commun des mortels français ne saura décrypter pendant au moins quelques mois.

Si, le RN prend les rênes de la gouvernance comme le signalent les sondages, tout en complétant la montée des extrêmes droites en Europe, malgré le retour de la Grande-Bretagne à gauche, saura-t-il, et pourra-t-il, faire abstraction de la moitié du peuple qui ne lui accorde pas sa confiance et même si le « macronisme » l’a ignorée, snobée, négligée ?

Le Rassemblement national aura-t-il la marge de manœuvre suffisante pour imposer ses visions souvent hors contexte ? Environ 70% du peuple français laisseront ils faire ou accepteront-t-ils les politiques qui vont les réduire encore plus ?

Le RN pourrait-il s’adapter à la real politique tant au plan domestique qu’international ? Que feront les chancelleries à Paris et leurs gouvernements qui sont des partenaires certains de la France ? (gaz, pétrole, construction automobile, etc.).

Le 14 Juillet est aux portes d’un changement de gouvernance que beaucoup n’ont pas anticipé, comment se tiendra-t-il ? 

Et les Jeux olympiques, deux semaines plus tard, du vendredi 26 juillet 2024 au dimanche 11 août 2024 ? Quels risques ? Quelles attentes ? Peut-on faire une analogie avec ceux de Berlin de 1936 si le RN arrive en première place et en fera-t-il un tremplin pour sa politique ?

A toutes ces problématiques, des réponses ont été avancées par des influenceurs favorables à l’extrême droite ; des journalistes ont posé des questions auxquelles ils répondaient avec la crainte que cette extrême droite ne soit pas élue et ne changera pas le destin de la France ; même s’ils le veulent sans ambiguïtés ; d’autres ont énoncé leurs idées, pensées, leurs avis, leurs éditoriaux parfois avec des nuances mais souvent directs et dans un langage cru et pas forcément les leurs.

Et les Franco-Algériens dans tout ça ? Certes, ils constituent une force indéniable mais elle est compartimentée, désunie, fragmentée, parcellaire… Une partie est dans l’enthousiasme, une autre est dans le confort acquis depuis fort longtemps, une autre encore est dans l’agitation craignant les retombées des politiques extrémistes du RN ; cependant, presque toutes sont dans l’appréhension d’une ère qui ne sera pas forcément lucide.

Chacun a ses réponses ou des réponses. Les unes plus vraisemblables que les autres et comme dit l’adage : «Chacun voit l’heure à son horloge.»

Ferid Racim Chikhi

9 juin 2024

Un Numide en Amérique du Nord - 379 -

 L’émotion vient avant la raison

Lorsque les auteurs écrivent ils ont auparavant longuement réfléchi.

Lorsque les auteurs écrivent ils puisent en eux le bon et le mauvais et ils l'expriment par écrit.

Lorsqu’un individu s’exprime tout dépend de sa culture d’origine. S’il vient d’une culture d’oralité souvent l’émotion précède ce qu’il dit et lorsqu’il est issu d’une culture de l’écrit souvent la raison précède l’expression de sa pensée.

Un jour un de mes prof d'arabe au lycée m'avait expliqué qu'entre l'écriture en français et celle en arabe la pensée ne suit pas les mêmes les pistes, les mêmes chemins, les mêmes voies par lesquelles elle éclot ; elle le fait en choisissant deux outils d'expression soit l'écrit soit la parole. Le cheminement le plus incertain c’est lorsque la même personne a une langue maternelle

différente de l’arabe ou le français, dans notre cas c’est Tamazight (Chaoui, Kabyle, Cheliht, Targui, Mzabi…). Ce qui se passe à ce moment précis c’est que la traduction instantanée se fait sans que le locuteur ne le sache. Le résultat c’est que ce qui est dit diffère de ce qui est perçu ou compris.

Alors, essayons de suivre ce qui est insulté et ciblé par des individus dont le niveau de connaissance et de savoir est insignifiant. Ne dit-on pas que celui qui insulte est dans l’émotion et ce n’est que plus tard qu’il l’apprend à ses dépens.

L’auteur stigmatisé par cette chaine d’incultes qui se sentent de leur côté insultés par ses propos sont piégés dans une manipulation sordide par quelques idiots utiles qui opposent leur Kabylité obtuse à l’Algérianité des autres qu’ils qualifient d’Arabes et d’Islamistes. Or, entre ce qu’écrit cet auteur prolifique et qui a fait le tour du monde et ce qu’il dit dans un contexte déterminé et limité dans l’espace et dans le temps est scruté à la loupe et sort de l’ordinaire.

Ça me rappelle d’éminents auteurs Algériens nommés Mohammed Arkoun, Rachid Boudjedra, Tahar Ouettar que les uns aiment et que d’autres détestent mais qui restent les meilleurs fils de l’Algérie.

Ferid Racim Chikhi

08 juin 2024


4 avr. 2024

Un Numide en Amérique du Nord - 378

 Pour un Québec émancipé et indépendant !

La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !?

Depuis quelques mois, les discussions vont bon train pour un Québec indépendant. Elles sont par moment déconcertantes et parfois surprenantes. Pourtant, selon bien des observateurs, les auteurs de ces échanges, notamment parmi les indépendantistes tenaces et les communautés ethnoculturelles, rares sont ceux qui abordent le type d’institutions du futur Québec ; il n’est jamais question des personnes qui seront concernées par les textes législatifs ; d’aucun ne parle point de la question du syndrome Parizeau . Par ailleurs au sein du Parti Québécois il existe selon les publications accessibles au public deux co-porte-paroles issus de la diversité, alors une question de bon sens se pose : pourquoi deux et pas un ou trois ou encore un par communauté ? Et, pourquoi un porte-parole de la diversité ? Ci-après, une opinion succincte et des questionnements pour un Québec intégrateur et pluriethnique et un projet de société. Quelques pistes de réflexion aideraient à aborder les différentes questions.

Déconcertant et surprenant

Lorsque le 4 septembre 2012, La Première du Québec a été ciblée par un attentat politique terroriste au Métropolis, la tendance était à la banalisation du crime et à la censure de l’information afin que cela ne fasse pas tache d’huile et cela se passait au Canada, plus précisément au Québec. Ce silence imposé pourrait avoir encouragé l’auteur de la menace qui a visée Paul St Pierre Plamondon, élu à l’Assemblée nationale du Québec et chef du parti Québécois. Cependant, signe des temps, plus personne n’en parle!

Comme tout le monde, souvent interpelé par les attentats terroristes il m’arrive de réfléchir et d’analyser apostériori ces évènements. Je sais que des attentats arrivent tous les jours aux USA et ailleurs dans des pays ciblés par les manipulateurs de l’ombre, mais jamais en cette terre d’accueil de milliers d’immigrants constitués de résidents permanents, de réfugiés et de demandeurs d’asile ayant fui leurs pays d’origine traversés par des coups d’État, des guerres, les corruptions multiformes, etc... Quand je chemine le long de mes examens de conscience et que j’estime être en désaccord avec une personne donnée c’est dans un cadre de références bien structurées que nous mettons à plat nos divergences avec un objectif, celui de trouver des axes de convergences.

Durant mes réflexions j’imagine que la menace pour dissuader une personne de ne plus s’exprimer n’existe pas au Québec, un pays démocratique avec un État de droit et les libertés consacrées, malgré quelques insuffisances, par la charte des droits et des libertés... Il est vrai que parmi nous il en existe qui savent qu’une charte des droits et des libertés avec une constitution qui n’a pas été signée par les élus du peuple Québécois n’est pas en adéquation avec les aspirations du peuple, même si elle reste la loi. 

Parfois, je me demande ce que vaudraient cette charte et les autres textes de lois que le Fédéral peut remettre en question par ses juges et des textes d’applications qui changent au gré du temps et des gouvernements successifs depuis les années ‘’80’’, si cela se passait dans notre pays devenu indépendant ?

Quelles institutions voudrions-nous avoir ?

Et si, le citoyen Québécois, convient de son avenir en optant pour un Québec indépendant ? Le droit lui appartiendrait aussi d’opter pour une fédération comme les autres pays d’Amérique du Nord ou pour une République pour se différencier des deux autres voisins continentaux. 

Dans sa plateforme de projet national le Parti Québécois évoque une seule fois l’option républicaine. Il n’est nulle part question du projet de société qui la sous-tend. Il n’y a aucune mention du découpage territorial et de l’organisation institutionnelle d’un Québec indépendant. À mon avis ce projet ne saurait être le point d’initiation d’un projet de société qui convient aux ambitions des Québécois et à celles de ses communautés aussi diversifiées qu’elles le sont en ce moment. Il y a certes les grandes lignes de ce qui sera fait en matière de langue, d’éducation, d’écologie, etc. … mais les grands axes d’un vrai projet de société sont absents comme le sont les textes fondateurs du Québec indépendant. Je tiens à souligner que les autres organisations qui se qualifient d’indépendantistes ne font pas mieux.

Qui sont concernés par ces textes

En ce qui concerne la future citoyenneté, dont personne ne parle, malgré une entité en charge au Parti Québécois, tous les textes conçus et publiés n’évoquent que très peu les immigrants. Parfois, il est question de ceux qui sont au Québec depuis plusieurs décennies mais ce sont surtout ceux venus d’Europe dont il est question. Presque jamais ceux qui viennent d’Afrique, d‘Asie, des Caraïbes, du Moyen Orient ou d’Afrique du Nord. Les textes et la documentation politiques s’adressent tous aux Québécois de souche…

Le Syndrome Parizeau 

De ma culture d’origine, j’ai appris à ne jamais évoquer ceux qui sont partis. Mais leurs idées, bonnes ou mauvaises, leurs pensées, leur appartenance et leur posture politique peuvent faire l’objet d’avis, de commentaires, de discussions et des éclaircissements afin d’éviter les interprétations souvent tendancieuses. 

À titre indicatif, j’ai vu, par exemple, le Bloc Québécois (je sais ce n’est pas le PQ) réunir des nouveaux arrivants de quelques communautés ethniques, j’ai applaudi. Toutefois, parmi ces personnes présentes quelques-unes m’ont dit, explicitement : c’est toujours la même chose, ils réunissent quelques personnes. Ça dure quelques minutes et ils en font une tartine… ce sont des images qui frappent mais elles sont vites oubliées. 

C’est là, que le fameux énoncé de Parizeau intervient. Il a dit vrai en ciblant ‘’… des communautés …’’. Or, les communautés en 1995 ne sont pas celles de 2020 ; à cette époque, elles étaient presque toutes d’origine européenne et venaient parfois des États-Unis, exception faite des boat people Vietnamiens ou ceux venus du Chili. mais dans l'esprit de tous ce sont toutes les communautés d’immigrants y compris celles arrivées depuis les années ‘’00’’ qui étaient concernées et les adversaires jouent sur la nuance.  C'est pour cela que je parle du Syndrome Parizeau. Aujourd'hui presque tous les immigrants pensent que le PQ ne veut pas d’eux, entre autres à cause de cette tirade et la manière dont elle avait été traitée  par les adversaires et certains influenceurs, y compris au sein du PQ. À cela vient s’ajouter la période des accommodements raisonnables qui a mis de l’avant les partisans et a cacher les pourfendeurs de l’ombre. Alors, je me suis demandé, depuis sa désignation à la chefferie du Parti Québécois, Paul Saint Pierre Plamondon, a-t-il une seule fois accueilli des nouveaux arrivants ? A-t-il une seule fois réuni des immigrants, même choisis pour échanger avec eux ?

Dans les faits, si hier le Parti Québécois s’est concerté avec quelques communautés, l’a-t-il fait depuis la dernière décennie ? De nos jours il y a quelques groupes avec lesquels des membres s’affichent mais ce n'est pas généralisé et mis à part quelques personnes qui apparaissent plus comme des ''alibis'', elles sont ainsi perçues de l'extérieur de l’organisation alors que la diversité est représentée par deux Co-porte-paroles très loin des autres.

Et pourquoi deux porte-paroles issus de la diversité au PQ ?

Comme au Parti Québécois (il existe les Québécois et les autres, les immigrants), il existe aussi pour la diversité deux Co-porte-paroles. A Montréal, je croise tous les jours le chemin de deux sociétés éloignées l’une de l’autre : La société Québécoise et la Société des immigrants. En raison du multiculturalisme qui non seulement ostracise ces derniers mais les éloigne de la société d’accueil et sépare les communautés les unes des autres. Le pire c’est lorsque des bien-pensants, individus et partisans, évoquent l’inclusion, ignorant que l’étymologie du concept est latine - inclusio (enfermement) - s’agissant de compromission, d’emprisonnement, de réclusion … et le pire, c’est que tous ceux qui s’occupent de la diversité sont des immigrants, à qui aucune chance n’est donnée pour s’impliquer autrement.

Pour un Québec intégrateur et pluriethnique :

Pour ma part, c’est dans la perspective d’une intégration intensive que :

J’applaudirais si une Déclaration ayant pour Objectifs l’Indépendance du Québec et pour disposition la concrétisation d’une République Sociale-Démocrate venait à être conçue et vulgarisée;

 J’applaudirais le jour où je verrai un Projet de Société regroupant tous les grands agrégats d’un rassemblement des Québécois de quelques origines que ce soit;

J’applaudirais le jour où je verrai une véritable définition de ce que sera le citoyen Québécois dans une république Québécoise.

J’applaudirais le jour où je verrai la mise en œuvre d’un Plan de Communication s’adressant à toute la population (comprenant celle qui est d’une autre obédience politique, etc…).

Projet de société du Québec 

En fait la question à laquelle nous revenons systématiquement est la suivante : Veut-on faire du Québec une fédération ou veut-on en faire une république ? Une république de citoyens qui parle plus aux immigrants ou une fédération de sujets qui les laissera de pierre. Pourquoi une république et pas une fédération ? Parce que pour motiver, sensibiliser et mobiliser les immigrants à faire partie du projet de société à venir, les concepts politiques doivent leur parler. Les mots ont leur importance disent les anthropologues, les linguistes, les sociologues, etc… Alors, tant que le parti Québécois, tant que ses membres, tant que les indépendantistes n’ajustent pas leur langage pour parler aux immigrants … j’imagine l’éloignement de ces derniers du projet indépendantiste.

Le Québec que j'ai en tête

En fait, un Québec moderne devrait être édifier autour de quelques paramètres qui ne sauraient occulter les suivants : ainsi le Québec que j’ai en tête

1. C’est celui des héritiers des révolutionnaires tranquilles qui ont tracé le chemin vers l’indépendance, malgré une adversité significative et persistante depuis plus d’un demi-siècle;

2. C’est celui des agriculteurs qui produisent de quoi alimenter non seulement les Québécois mais aussi une partie de l'Amérique du Nord;

3.C’est celui des bâtisseurs qui ont édifié l’industrie et le commerce du Québec moderne;

4. C’est celui des chercheurs des universités et des intellectuels qui accompagnent le citoyen dans sa quête d’un bien être toujours renouvelé; 

5. C’est celui des femmes qui ont rejoint le monde du travail et qui ont transformé une société religieuse en une autre moderne, de développement et de progrès...!

6.C’est celui de ces enfants de deuxième, troisième, quatrième générations et leurs héritiers intégrés à une société ouverte pour faire une place à tous.

Le Parti Québécois doit sortir de sa bulle

Mon questionnement vient de ce que j'entends et vois sur le terrain avec les communautés ethniques et je n'en reviens pas de l'éloignement du Parti Québécois de ces ‘’sociétés immigrantes’’. Je dis bien sociétés immigrantes parce qu’elles sont coupées de la société d'accueil. À mon avis le Parti Québécois pourrait créer l'évènement à condition qu'il se départisse du syndrome de Jacques Parizeau, qu’il sorte de sa bulle et qu'il initie une véritable politique d'intégration des immigrants. Il doit changer la donne pour que les immigrants se rapprochent de lui et éviter que même s'ils sont indépendantistes dans l'âme beaucoup d’entre eux se soient éloignés de lui.

Ferid Racim Chikhi


Immigration au Québec : Entre mémoire migrante et avenir citoyen

Combien de temps faut-il à un immigrant au Québec pour devenir Québécois ? Introduction : Une société en mutation Le Québec, comme de nombre...