7 févr. 2010

Un Numide en Amérique du Nord – 38 –

2010, un autre Québec …
Une information biaisée et erronée … -7-
Peux-tu me dire ce qui à ton avis fausse les données et constitue un risque au point où les manchettes des médias québécois en font régulièrement mention ?’Il y a à mon sens deux registres qu’il faut considérer pour comprendre les différents évènements qui meublent et régulent l’information en la matière. Le premier est celui qui se décode du côté de la communauté d’accueil et le second concerne les communautés immigrantes. C’est une évidence que le premier est beaucoup plus important.
J’ai observé, par exemple, qu’un petit nombre parmi ceux et celles qui sont venus d’ailleurs, soutient mordicus qu’il a le droit au nom de la démocratie et des libertés individuelles de vivre à sa convenance selon les dogmes, les rites, les coutumes, etc. importés de leur pays d’origine.
À contrario et heureusement la grande majorité de la population néo québécoise avertit que ceux qui réclament des accommodements, des arrangements, des ajustements, des adaptations aux règlements préexistants ne s’arrêteront pas dans leurs revendications incessantes d’un plus d’assaisonnement qui leur permettra de mieux transformer la société et la façonner à leur image. Vous leur offrez l’auriculaire ils ingèrent tout le corps avertit de son côtè la majorité silencieuse des néoquébécois.
Certes il n’y a pas le feu dans la cabane mais il y a risque lorsqu’une braise est éjectée hors du brasier. Les plus positifs des québécois disent que les points d’accès aux espaces de travail, sociaux, culturels, etc. sont sous contrôle. Du moins c’est ce qu’ils clament haut et fort. Pourtant des failles géantes existent dans l’édifice socioculturel et socioéconomique.’’
Quelques informations ou des détails. Peux-tu être plus concret ? ’Je vais te parler de certaines causes d’exclusion qui ne devraient pas avoir lieu. Prenons la présence de l’immigrant dans l’audiovisuel. Exceptés quelques cas dans la chanson, et encore, c’est qusiment rare et seulement au troisième niveau que quelques figures célébres issues des communautés apparaissent sur le petit écran. Pour les immigrants ceux qui arrivent à se faire voir ou entendre sont des alibis qui ne représentent qu’eux-mêmes et non les groupes auxquels ils appartiennent. En fait ils ne fréquentent même pas leurs communautés. Ils sont visibles selon les critères et les règles des québécois mais pas selon les leurs.
Mieux encore, j’ai fais une petite observation pour la période 2007 et fin 2009. Sur les trois principales chaînes radio et TV francophones (Radio Canada, TVA et Télé Québec) j’ai compté quinze fois plus d’émissions et d’informations sur les femmes voilées que sur les réussites scolaires, universitaires, professionnelles et socioéconomiques des musulmans.
Cette constatation est encore plus importante dans les médias écrits qui focalisent plus sur les signes extérieurs d’appartenance que sur ce qui peut être d’un intérêt constructif pour tous.’’ 
Ferid Chikhi                                                                                      ....À Suivre

3 févr. 2010

Un Numide en Amérique du Nord – 37 –

2010, un autre Québec
La boite de Pandore … -6-
Faut-il croire qu’au Québec aussi des libertés fondamentales sont en danger ? ‘’Pas à ce point, mais si l’on se réfère aux expériences survenues ailleurs, de l’accommodement raisonnable à caractère juridique à la conciliation sociopolitique sous forme d’adaptation et autres ajustements des habitudes de vie et des relations multiculturelles, je me suis demandé comment répondraient les québécoises et les québécois à certaines questions du genre : Avez-vous le droit de mettre en danger les libertés fondamentales et les valeurs consensuelles acquises de hautes luttes et depuis quarante ans ? N’avez-vous pas le devoir de les préserver par tous les instruments disponibles et/ou à créer ? Ou encore, devez-vous revoir les contours de votre charte des droits et des libertés pour sabrer le cadre qui sert de repères et de source à vos attitudes, vos comportements et vos façons de faire vis-à-vis les uns des autres et mettre en danger toutes les institutions démocratiques ?’’
Penses-tu, comme nous le disons chez nous que c’est une écharde qui s’insère entre l’ongle et la peau… ? «D’abord, pour moi, mon chez moi aujourd’hui et à mon âge, c’est le Québec, ensuite, je te répondrai certainement que c’est une belle image à laquelle tu fais référence, mais ne dit-on pas aussi qui peut ressentir la douleur si ce n’est celui qui est blessé ? Oui, malgré le fait que ce n’est pas d’actualité, j’entrevois une profonde mésentente entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre l’amendement de la charte des droits et libertés.
Les partisans d’une remise à niveau, ou selon certains, d’une mise à jour, arguent de la nécessité de cette ouverture pour mieux serrer les mailles du filet qui empêcheraient les intrus d’utiliser les droits fondamentaux pour faire valoir des pratiques étrangères à la société d’accueil et à même de mettre en danger sa cohésion. En quelques mots « se libérer de la Charte Canadienne ». Il y a ceux qui sont contre et militent plutôt pour un renforcement de la législation en poussant les représentants des citoyens à se jeter dans l’arène.’’
Le Numide, peux-tu me dire de quel côté penche ton sentiment à l’égard de ces deux positions, et pourquoi l’une et pas l’autre ? ‘’Je me demande s’ils savent, s’ils sont conscients qu’il s’agit ni plus ni moins que d’utiliser les droits et libertés reconnus depuis 1988 comme tremplin pour les remettre en question. C’est comme tu le dis une écharde qui s’insère entre l’ongle et la peau. C’est douloureux et insupportable.
Il faut une chirurgie qui, elle aussi, fait très mal. Je conviens que je suis du côté de ces derniers parce que si les québécois sont disposés à faire le pas dans ce sens c’est qu’ils ont soit tort soit qu’ils sont naïfs ou les deux à la fois?
Sous d’autres cieux l’avenir a été hypothéqué au point ou les fondements des institutions ont été fragilisés. Pourquoi sous le ciel du Québec cela échouerait-il ?
Les partisans d’une démarche plus rigoureuse ont, à mon sens, raison. Ils soutiennent que la seule pensée d’une éventuelle révision de son contenu sonnerait le glas de ce contrat social pour lequel une réflexion fondamentale a été menée en temps voulu.
L’objectif initial était que chacun se sente à l’aise dans un pays ouvert à tous et où tous se sentent égaux et bénéficient des mêmes droits ; mais aussi que tous soient soumis aux mêmes obligations.
Je suis convaincu que le fameux concept du consensus, ne fonctionne pas à cet endroit. Il faut, certes légiférer mais ne pas céder aux sirènes de l’abyssale intégration des extrémistes. Le faire c’est ouvrir une vraie boite de Pandore, alors ‘’pas touche’’                                                        À suivre…
Ferid Chikhi

30 janv. 2010

Un Numide en Amérique du Nord – 36 –

2010, un autre Québec
Questions de droits et de devoirs… -5-
Le Numide, avant de revenir à certaines parties de tes dernières réponses, je sais que tu as présenté un témoignage à la commission Bouchard & Taylor et que tu as participé aux travaux organisés par l’Institut du Nouveau Monde. Maintenant que la poussière est retombée veux-tu nous en parler ?
‘’Je suis convaincu que le dossier n’est pas encore clos. Ce que la Commission Bouchard &Taylor a révélé ce sont d’une part les incompréhensions, l’ignorance et la méconnaissance de l’autre et d’autre part que les extrémismes sont prégnants. À ce niveau de la réflexion, j’espère que les québécois ont compris qu’ils ont intérêt à préserver leurs acquis s’ils ne veulent pas vivre des expériences qui ont laissé des séquelles indélébiles ailleurs. Il y a bien des exemples de ces effets visibles sur des immigrants et des exilés qui ont choisi le  Québec comme terre d’accueil.
Ce qu’il faut retenir c’est qu’au-delà de ce que je qualifie de faits divers, survenus entre 2007 et ces dernières semaines, l’inventaire des sujets qui ont alimenté les commentaires de l’opinion publique insidieusement éperonnée par des partisans du NOUS Exclusif démontre le manque de discernement d’une grande partie de la société face aux différences. Certes tout, ou presque, a été dit et commenté.
Et, pourtant les passions sont toujours là, vives et  intenses…les solutions potentielles sont toutes trouvées. Pour certains c’est la stigmatisation, par la majorité, de l’AUTRE, pour les autres c’est la laïcité pour, au moins, préserver les institutions de l’État. Mais est-ce que la problématique est comprise par tous ? La réponse se trouve en partie dans cette option mais elle n’est pas la réponse idoine.’’
Tu m’as parlé d’une guérilla idéologique et d’occupation des espaces de libertés…qu’en est-il dans la pratique quotidienne ? ‘’ Dans les faits, parce-que des groupes d’extrémistes bon chic bon genre, (BCBG) composés de quelques centaines de néo québécois et même d’anciens s’essayent à une guérilla idéologique et d’occupation des espaces de libertés, les québécois se questionnent sur les limites des droits et des libertés chèrement acquis depuis les années ‘’60’’ et après des décennies de colonisation anglaise.
J’ai rencontré des élus, des animateurs d’émissions TV, des journalistes, de simples citoyens…J’ai aussi participé à des discussions radio, à des rencontres avec des groupes de pratiquants des religions monothéistes et extrêmes orientales, etc. Ce que j’en ai déduit c’est qu’il existe deux catégories de personnes et de groupes : ceux qui sont vraiment ignorants des expériences vécues par ceux qui viennent d’ailleurs porteurs de valeurs différentes, d’une culture différente, d’une religion différente, etc. ceux qui feignent d’ignorer les évènements et les expériences des nouveaux arrivants et qui participent de leur hypocrisie à envenimer les perceptions et les relations avec les membres de la société d’accueil. Il se trouve que ce groupe compte un grand nombre de pseudo intellectuels.
A l’évidence il n’est plus nécessaire de revenir sur la fameuse commission  parce qu’elle n’a pas, à mon sens, répondu à toutes les attentes sauf à celles des adeptes d’idéologies qui ont montré leur inhumanité sous d’autres cieux. La prophylaxie sociale qu’attendait d’elle la majorité a été éludée.
Il est aussi vrai que pour certains, elle a été plus favorable aux extrémismes et aux lacunes que génèrent les attitudes conciliantes de ceux qui en toute légitimité acceptent les choix que font les uns et les autres dussent-ils venir d’ailleurs sans pour cela que les conditions d’intégration ne soient réunies.’’                    À suivre…
Ferid Chikhi

26 janv. 2010

Un Numide en Amérique du Nord – 35 –

Ne perds pas cet instant…
Le Numide, avant de poursuivre et comme interlude ou digression à notre dialogue, je sais que la poésie fait partie de tes centres d’intérêts, quels vers, quels poèmes, quels poètes peux-tu nous citer ? ’’C’est vrai, la poésie est une des formes les meilleures de l’expression du monde qui est en nous. Elle nous permet de nous imaginer et de vivre des instants de bonheur. C'est d'autant plus important lorsque l'exil t'habite et que tu habites l'exil. Quelques parts, nous sommes tous des poètes. Il y a ceux qui divulguent ce qu’ils ressentent avec une telle conviction que les mots qu’ils utilisent soignent les maux que chacun porte en lui. Il y a ceux qui restent incompris mais qui n’hésitent pas à versifier. Il ya ceux qui ne font pas l’effort de parler du royaume qui les habite mais savent dire le mot juste pour le formuler. Il y a ceux qui par leur poésie savent retenir l’attention et se promener dans le cœur de ceux qui les comprennent.’’
Et toi quels sont les poètes qui t’accrochent ou que tu préfères ? ‘’ J’ai envie de te répondre par la voix du grand poète du soufisme Jaleleddine Erroumi : Une amoureuse demanda à son amant : "O mon ami ! Tu as visité beaucoup de villes lorsque tu étais seul. Dis-moi celle que tu préfères parmi toutes."  Et l'amoureux répondit : "C'est la ville où habite ma bien-aimée. Bien qu'elle soit petite, elle nous semble la plus vaste!"

''En fait tout dépend du thème abordé par le poète. Mes préférences sont variées. Mais mes faveurs vont entre autres pour Omar Khayam. Écoutes, ces vers : Ne perds pas cet instant… ''

Aujourd'hui sur demain tu ne peux avoir prise.
Penser au lendemain, c'est être d'humeur grise. 
Ne perds pas cet instant, si ton cœur n'est pas noir
Car nul ne sait comment nos demains se déguisent.
Entre la foi et l'incrédulité, un souffle ;
Entre la certitude et le doute, un souffle.
Sois joyeux dans ce souffle présent où tu vis,
Car la vie elle-même est dans le souffle qui passe. 
Ou encore La voie…
‘’Une multitude d'hommes réfléchissent sur les croyances, sur les religions;
D’autres sont dans la stupéfaction entre le doute et la certitude.
Tout à coup, celui qui est à l'affût criera : "ô ignorants ! La voie que vous cherchez n'est ni là, ni là".
‘’ Ces nombreux grands seigneurs, si fiers de leurs titres, sont tellement rongés par les soucis et le chagrin que l'existence leur est à la charge.
Ce qu'il y a de plus plaisant, c'est qu'ils ne daignent pas appeler du nom d'hommes ceux qui ne sont point comme eux esclaves des passions’’.
J’aime bien ce que tu déclames mais pourquoi en particulier ces poètes ? ‘’Je te l’ai dis, ça dépend du thème et par conséquent des mots et de la manière dont ils viennent te chercher au plus profond de ton être.’’ Le Numide se tait, puis reprend la parole pour m’inviter à revenir à l’histoire du Québec. N’est ce pas l’Amérique du Nord qui nous intéresse pour le moment ? Me dit-il.
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord - 381 -

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