4 mai 2012

Un Numide en Amérique du Nord -150-

Printemps arabes et Printemps de l’érable -2-
La grève des étudiants du Québec - 2012
Cette grève mobilise des professeurs et des leaders politiques. Ils s’impliquent et suivent de plus en plus ce mouvement de contestation. 
Des journalistes questionnent les protagonistes. Des parents soutiennent leurs enfants. Des groupes sociaux prennent le relais par moments. Des travailleurs ayant perdus leurs emplois pour soi-disant des causes économiques s'associent au mouvement. Des personnalités politiques et d’autres éminences appellent au calme et vont de leurs suggestions pour que l’année universitaire ne soit par perdue. Les firmes de sondages affichent leurs enquêtes et tentent d’orienter les uns et les autres.
En fait, la société est partagée. Une partie de la population soutient les étudiants grévistes parce qu’il est question de projet de société en pleine mutation à cause des politiques ultra libérales que connait le Québec depuis une décennie. Une autre partie la dénonce au nom d’une démocratie à sens unique selon laquelle c’est la majorité qui décide pour la minorité. Celle-ci devant plier et accepter même les décisions qui la néantise.  La mondialisation, elle aussi à sa part d’influence ne serait-ce que par la référence à la mobilisation des masses des Printemps arabes. J’observe malgré une similitude entre les évènements des pays arabes et celui du Québec, d’une part, c’est celui de la forte présence policière et d’autre part celui des médias.
Au Québec, cette contestation prend une ampleur telle que des journalistes venant de partout se concentrent sur cet évènement qui finira selon toute vraisemblance par modifier le paysage politique du Québec et aura certainement des répercussions essentielles sur les gouvernants Canadiens. Le gouvernement ne fléchit pas et jusqu’au 03 mai 2012 ne voulait pas négocier.  Les étudiants pour leur part résistent et mènent action après action avec toujours des innovations.
A titre indicatif, au lieu de manifester le jour ils ont appris à le faire le soir pour ne pas bloquer les rues et la circulation. Récemment, encore, le  03 mai 2012, beaucoup d’entre eux se sont partiellement dénudés et ont revendiqué, avec des touches d'humour, plus de transparence de la part du gouvernement libéral.
La ministre de l’éducation a plusieurs fois montré des signes d’irritation et donne l’impression d’être dépassée. A mon avis, les analystes du gouvernement (premier ministère et ministère de l’éducation) ne maîtrisent pas les facteurs de mobilisation et les capacités de réflexion des fédérations estudiantines. Le terrain sur lequel évoluent les étudiants est méconnu par les gens de bureau. La rue est devenue non pas et seulement une salle de cours mais aussi une école de sciences politiques appliquées.
Le parti libéral a délocalisé son conseil général de Montréal vers Victoriaville et les étudiants ont décidé d’investir cette ville en fin de semaine. Pour tenter de désamorcer cette initiative et la mobilisation générale le chef du gouvernement libéral a convoqué pour une séance de travail toutes les fédérations d’étudiants. Cela va t'il aboutir en une reprise de cours et une suspension de la grève ? Ma réponse est négative.
Ferid Chikhi

3 mai 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 149-

Printemps arabes et Printemps de l’érable -1-
La grève des étudiants du Québec - 2012
Des lecteurs d’un Numide en Amérique du Nord m’ont demandé de m’exprimer sur la grève des étudiants du Québec, une grève qui en est à sa douzième semaine, un record de mobilisation citoyenne et un évènement majeur dans la vie politique du pays. A vrai dire j’observe le déroulement des rassemblements et des manifestations organisés par les fédérations des étudiants toutes organisations confondues. J’en parle avec des collègues, avec des amis et je regarde la télé ou j’écoute la radio dés le moment où les journalistes en parlent ou interviewent les protagonistes. Cependant, Je reste méfiant à l’égard de celles et de ceux – exception faite des étudiants des 3 fédérations - à qui sont offerts les micros pour donner leurs avis, que souvent je ne partage pas.
Ce qui a retenu mon attention c’est entre autres qu’un grand nombre d’observateurs a comparé la grève des étudiants du Québec aux Printemps Arabes au point de la qualifier de Printemps des Érables. Mais, si seuls les mots soutiennent la comparaison puisque les raisons fondamentales ne sont pas comparables il est certain que c’est d’avenir qu’il est question pour les deux : Celui des générations futures.
En fait, il faut admettre qu’autant, le printemps arabe est une réaction de la population des pays concernés contre l’oppression et la répression de leurs dirigeants, autant celui des érables est une opposition aux politiques du gouvernement libéral d’augmenter les frais de scolarités avec des effets dévastateurs sur les budgets des futurs gestionnaires du pays. Ce gouvernement ne veut rien entendre des revendications convaincu que les visées vont au-delà de l’attitude inflexible et inébranlable des étudiants. Par leur attitude ceux-ci font la démonstration que leur détermination est orientée vers sa chute.
La dernière proposition d’étaler ces frais de scolarité sur 7 ans au lieu de 5 ans a été rejetée unanimement par les fédérations et accompagnées de contre propositions fort intéressantes dans la mesure où elles demandent l’ouverture du dossier de l’université de façon globale et complète.   
L’argument le plus sensible des étudiants réside dans l’endettement de plus en plus croissant des générations futures et notamment la difficulté d’accès aux études universitaires des moins nantis..   
Ferid Chikhi

29 avr. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 148 -

Cinquantenaire 1962-2012
Indépendance et liberté(s)
Les expériences, les pratiques idéologiques et les vécus du citoyen ont été qualifiés d’hérésie, de blasphème, de mécréance. Ils ont été déclinés par la négation de la personnalité et de l’identité premières de l’Algérien. Ils ont été à l’origine de la mutilation et de la défiguration de l’indépendance et des libertés citoyennes.
Pis encore, pendant que dans les autres pays les citoyens s’identifient les uns à leurs héros, les autres a leurs philosophes et à leurs esprits visionnaires … En Algérie, les usurpateurs au pouvoir se sont appropriés celui de décideurs uniques. Ils ont fini par imposer des inconnus, ignorants non seulement l’histoire de l’Algérie mais aussi son apport aux civilisations méditerranéenne et africaine.
Pourtant, des héroïnes et des héros, des penseurs et des idéologues et même des visionnaires, il en a existé, il en existe et il en existera dans ce pays qui a vu naître Massinissa, St Augustin et St Donat, Tin Hinan et Dihya, Cléopâtre Séléné et Kateb Yacine, Abane Ramdane et Boukhobza, Boudiaf et Tahar Djaout, Saïd Mekbel, Liabes et Belkhenchir, … et toujours la même litanie, la même complainte, la même souffrance collatérale.
Ce sont les meilleurs qui sont assassinés, dit-on. Ce sont les meilleurs qui sont contraints à l’exil et bien entendu ce sont les meilleurs qui restés au pays sont soumis, ostracisés, et pour reprendre la réflexion de l’un d’entre eux : ‘’… comme des enfants dans leurs lits, tenus de fermer les yeux pour dormir et bordés par l’autorité pour ne pas tomber … ’’. C’est fait pour couper net un éventuel glissement ou progression, amélioration ou performance menant vers un futur meilleur.
Pendant que les gouvernants prescrivaient et convoquaient des figures emblématiques des autres mondes, les nôtres étaient exilés, emprisonnés, torturés, bâillonnés, retournés ou au final effacés pour ne pas dire assassinés.
Si ce n’était pas au lendemain de l’indépendance, c’était au moment où le monde parlait d’amour et de paix ; si ce n’était pas au moment de la révolution industrielle c’était juste après. Ceux qui ont échappé aux trois premières décennies ont été liquidés durant la décennie noire.  Ceux qui résistent encore, à défauts de fuir sont exclus, s’auto-excluent ou s’ostracisent. 
Ferid Chikhi

24 avr. 2012

Un Numide en Amérique du Nord - 147 -

Cinquantenaire 1962-2012
Des idéologies à la religiosité …
L’aboutissement, l’issue ou encore pour reprendre un terme révolutionnaire les acquis de la gouvernance de l’Algérie en ces temps de commémoration du cinquantenaire de l’indépendance sont connus. Ils sont triomphalistes pour les gouvernants et catastrophiques, immérités ou tout simplement déplaisants pour le citoyen.
Les recommandations, les résolutions et les conseils de ceux qui ont imposé la référence au peuple en ‘’toute démocratie’’ n’ont pas été respectés alors que c’était de mise durant les 50 dernières années du 20ième siècle. ‘’Un seul héros, le Peuple’’, nous disait-on, outrageant ainsi le sacrifice des vrais héros et des vraies héroïnes, ceux et celles qui ont donné leurs vies pour que vive la patrie. A t’on encore ce sentiment lorsque tous s’accordent à dire que c’est un véritable gâchis qu’ont commis ces politiques ?
Alors et de nouveau comment ressent-on, comment perçoit-on le lien de cette prescription de la déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique lorsque nous la paraphrasons comme suit : ‘’Nous, le Peuple d’Algérie, en vue de former une UNION plus parfaite, d'établir la justice, de faire régner la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour l’Algérie indépendante’’ ? 
Comment ressent t’on, comment perçoit-on cette obligation selon laquelle il existe une liberté collective sous jacente aux libertés individuelles notamment lorsque sans elle, l’avenir, le futur et la destinée des jeunes générations sont menacés ? Ou alors, doit-on penser que ce qui est valable pour un pays où la citoyenneté est un des fondements de l’organisation sociale ne vaut pas pour les autres pays ?
Après avoir perçu et ressenti les effets de la médiocrité politique de ceux qui sont censés parler du présent et du futur sans ignorer le passé, ma sentence est définitive : Les figurants et non pas les acteurs de l’été 1962- parce que les vrais acteurs se sont retirés aussitôt le départ du colonialisme validé – et les suivants ont aliéné le bien commun des algériens, c'est-à-dire sa personnalité et son identité, à leurs émules sans valeurs éducatives. C’est ainsi qu’ils ont fait passer le pays - de Massinissa, de Fathma N’Soumer, de Boudiaf, de Abane et de leurs compagnons – simultanément de l’idéologie socialiste et panarabiste sans omettre celle du non-alignement à une religiosité islamiste régressive, obscurantiste et déficiente.
Ferid Chikhi

Un Numide en Amérique du Nord -380 -

  La France et le RN : des questions presque existentielles ! Demain, la République française sera confrontée à une incertitude que ni le RN...