Élection présidentielle
Algérienne : Le rideau est tombé - II- !
Les partis traditionnels désavoués
Que nous révèle l’élection du 12
décembre 2019 ? D’abord, quels sont les effets du Hirak sur la vie
politique, sociale et économique de l’Algérie, sans ignorer les conséquences sur
le plan identitaire, l’unité nationale malgré les maintes tentatives de division
et de stigmatisation de la Kabylie ? Ensuite est-ce la fin des
associations politiques traditionnelles et les dégâts observés, ici et là, dans
leurs liens avec la population ? Oui ! La réponse est positive à tous
ces questionnements. Un autre fait indéniable est celui qui a fait que les salafistes
ont répondu à l’appel qui leur est parvenu pour voter en faveur du candidats de
sud-ouest. Les partis FLN, FFS – Hamas, ayant des obédiences conservatrices et islamistes ainsi
que ceux qui se réclament des pseudo gauches ou de la socialdémocratie ont été
laminés alors qu’il en est de même des petites organisations résiduelles d’avant
1990 et les nouvelles sans emprise sociale, culturelle ou identitaire. Toutes
étaient financées directement ou indirectement par les gouvernements successifs.
L’échiquier politique de l’Algérie a fondamentalement changé et ce changement
majeur se poursuivra tant que les revendications de base de la grande majorité
de la population ne sont pas entendues. Si la constitution est ouverte la
réflexion devra porter notamment sur la mise au placard de tous ces partis,
organisations et groupuscules longtemps maintenus à flots grâce aux subsides avantageux
qu’ils recevaient pour parasiter l’ambiance politique. Aujourd'hui, il est temps que les visages politiques d'avant le 22 février 2019 soient tous placés au musée de l'Histoire et que de nouvelles têtes émergent.
L’investiture du nouveau président !
L’article 89 de la constitution sera mis
en application ce jeudi 19 décembre 2019. Le Président de la République, prêtera
serment devant le peuple et en présence de toutes les hautes instances de la
Nation. Dans la semaine qui suit son élection il entre en fonction aussitôt
après sa prestation de serment. En remportant la course à la présidentielle
avec des proportions ‘’officielles’’ loin de la réalité soit 58,15% des
suffrages exprimés, montre à l’évidence que les chiffres ne veulent rien dire. Pour
les autres candidats, le scénario de 1995 a été maintenu comme pour calmer le
jeu des islamistes affiliés à leur fraternité. Pour l’heure, il ne sert à rien
d’évoquer les recours des candidats battus par le système. Ils ne peuvent que s’en
vouloir d’avoir joué aux trouble-faites. Le Conseil constitutionnel n’a pas
attendu trop longtemps pour proclamer les résultats définitifs du scrutins.
L’une des premières décisions du nouveau
président devrait être celle d’accepter la démission du gouvernement et dans la
suite du processus nommer un premier ministre qui lui proposera des candidats
qui formeront le gouvernement. Selon, bien des observateurs ayant accès aux
relais du pouvoir il doit initier un dialogue national avec des membres choisis
parmi des personnalités en vue !! Cela ressemble à une feuille de route
préétablie avec laquelle il aura à composer même si le Hirak reste sur ses
positions. À l’évidence, les revendications du mouvement sont de plus en plus difficiles
à modifier. L’une des principales étant la libération des détenus d’opinion. C’est
là que le bâts blesse. Le pouvoir semble perpétuer ses pratiques et des deux
côtés la défiance est totale. Les hommes du système ne cèdent pas un iota de leur
pouvoir et continuent de gouverner comme par le passé en appliquant des méthodes
de résolution de problèmes militaires à un contexte civil et politique. Alors,
jusqu’où, l’armée détentrice du pouvoir réel acceptera-t-elle de lâcher du lest
et répondre aux revendications de la population ?
Une convention nationale !?
Si cela n’a pas été réfléchie avant le
12/12/2019, il est temps d’apprécier la situation différemment de celle d'il y a quelques semaines. Le Hirak comme tout mouvement citoyen doit aborder le nouveau contexte
avec de la fermeté mais aussi de la flexibilité. Cela semble un paradoxe. Ça l’est,
mais il y a toujours un moment où la militance doit faire place à la politique,
à la diplomatie, au doigté, à la négociation. Le pire serait de laisser la
place des discussions aux ‘’vautours’’ qui se sont fait voir durant les
diverses manifestations populaires et qui dans les faits sont eux-aussi des
relais du régime en place ou s'y accroche alors qu'il n'en veut pas. Il faut cependant, considérer, avec une attention particulière, le fait que l’échange, la concertation, la discussion pour des arrangements, des accords et des engagements
citoyens ne sont pas l’apanage de tout le monde mais restent ceux de quelques ‘’ esprits
libres engagés et dûment mandatés’’. L’essentiel étant de procéder à une véritable rupture avec les pratiques anciennes et à jamais révolues. Pour ce
faire, c’est le temps pour les Hirakistes d’organiser, pourquoi pas une convention
nationale partant de rencontres locales et régionales, y compris parmi l’émigration.
La conférence avec les représentants du pouvoir peut attendre le printemps pendant que les mardis et vendredis prendront plus d’ampleur tout au long du processus d’organisation.
Ferid
Chikhi