Quels symboles pour l’indépendance du Québec ?
‘’Du poil se sa barbe encense-le
et il te restera fidèle’’
Adage Algérien
Le propos qui suit est un questionnement sur les symboles
de la lutte pour l’indépendance d’un pays. Nous savons, chacun selon son niveau
d’information, que Le Covid19 a des effets toxiques sur les domaines d’activités
(institutionnelles, culturelles, économiques, politiques, sociales, etc.) montrant la
précarité non seulement de la pensée sociétale mais aussi de la gouvernance.
Dans bien des pays et des villes, le déconfinement s’est affirmé
dans une totale incertitude et l’instinct naturel de réappropriation de la
proximité s’est manifesté sans retenu. Je réitère que ce qui suit porte sur les
symboles de la lutte pour l’indépendance. Ceux qu’une société privilégie pour
se rassembler et avancer.
Je me souviens qu’au lendemain de la libération de l’Europe,
une ère de décolonisation avait débuté déroulant le tapis rouge pour celle des
indépendances. C’était le prélude aux reconstructions des pays qui avaient été soumis
à une destruction massive de leurs identités, de leurs cultures, et le pire, de
leurs assises sociétales dans le seul but, disait-on de les civiliser. Pourtant,
malgré cette nouvelle ère, les puissances coloniales ont continué d’œuvrer pour
resserrer leurs griffes sur les richesses énergétiques des pays soumis à l’une
des pires abjections de l’histoire du monde, l’asservissement des peuples. Le néocolonialisme
aussi abjecte et l’impérialisme dépècent les pays du Sud de leurs richesses énergétiques.
Pour y faire face un seul instrument politique, le patriotisme,
sentiment partagé d'appartenance à une même PATRIE. C’est une prise de conscience
qui renforce l'unité sur la base de valeurs communes. Elle conduit à ressentir
de l'amour et de la fierté pour la terre nourricière. Si le nationalisme est
impersonnel, le patriotisme est dévouement pour l’indépendance de son pays, pour
la liberté de ses citoyens et la défense du bien-être de son peuple.
Le contexte est certes différent mais le Québec n’échappe
pas à cette règle, y compris sous le couvert d’une nouvelle forme révolutionnaire
qualifiée de ‘’tranquille’’. En revanche, cette révolution
tranquille maintient le séquestre de la gouvernance provinciale par le Fédéral et
elle génère une aliénation identitaire et culturelle au nom d’une soi-disant souveraineté-association.
La dépendance d’Ottawa se confirme sur des pans entiers de la société Québécoise.
Dans ma culture première un adage populaire nous interpelle et nous invite a
rester en éveil) : ‘’du poil de sa barbe encense-le et il te restera
fidèle’’ (traduction approximative.
C’est dans mes lectures que j’ai appris que la Révolution
Tranquille était une traduction de The Quiet Revolution
qui décrivait le Québec dans un texte d'André Langevin pour le magazine Maclean's
en février 1963, même si elle est antérieure aux années ‘’60’’. Elle
était utilisée par la presse anglophone dans les années ‘’50’’
pour parler des changements politiques dans le monde. A la même période, en
Algérie, le colonialisme français déployait, le plan de Constantine et la
génération Lacoste était promue et portée pour diriger l’Algérie
indépendante mais toujours sous domination coloniale. À ce stade de la réflexion faire le lien avec
ce qui se passait dans le monde impérialiste Britannique et le monde colonial
Français ou Hispanique était une référence.
Je me souviens ! Lorsque
l’absence d’un drapeau met le feu aux poudres…
Qu’en reste-t-il en 2020 ? J’ai l’envie de convoquer
Hubert Aquin dont beaucoup de souverainistes connaissent son essai
percutant ‘’La fatigue culturelle au Canada français’’ réponse à ‘’La
trahison des clercs’’ d’Eliott Trudeau. Mais demandons-nous, la Révolution
Tranquille a-t-elle abouti à quelques situations qui libèrent le Québec et
les Québécois ? Est-elle aussi puissante et dense qu’elle l’était durant les
quatre décennies après son survenance ? Oui ! si nous apprécions le
mouvement souverainiste dans son ensemble, pour certains le résultat est tout à
fait positif mais pour d’autres il reste insuffisant et sans résolution pérenne.
S’en souvenir une fois l’an, le jour de la fête nationale ou de la Saint Jean
Baptiste, n’est-ce pas une forme de reniement ? En fait l’histoire m’a appris qu’un
peuple qui veut se libérer du colonialisme, de l’asservissement se tient debout
tout le temps, tous les jours et fait de l’idéal d’indépendance sa quête quotidienne.
Alors, comment devient-on nationaliste, patriote, ou tout
simplement Québécois en amour avec le Québec, son identité, sa culture, son image ?
Comment transmettre ces arguments aux nouveaux arrivants lorsqu’ils
entendent qu’il existe des Québécois de souche et les autres ? Comment, après
coup, doit-on réagir parce que le Fleurdelysé n'a pas été visible lors de la
fête nationale ?
L’indépendance d’un pays, la libération de son peuple, l’autonomie
et tous les autres attributs de la lutte pour l’autodétermination, se conçoivent
sur une symbolique qui rappelle que les empreintes de la sensibilisation et de
la mobilisation existent pour canaliser et rassembler les volontés de celles et
ceux qui résistent à l’aliénation tout autant identitaire que culturelle. Pourquoi n’y a-t-il pas d’hymne national du Québec ?
Comme
bien des immigrants, j’ai pris sur moi de m’adapter et de prendre fait et acte
pour un Québec qui se qualifie de société distincte en Amérique du Nord avec le
français comme langue première. Je me rends compte au fil du temps que si l’identité
n’est pas définie, la culture est plus Nord-américaine que francophone. Le
français classique perd de son poids, de sa densité, de son agencement ; il
est remplacé par une langue hybride, un ‘’argot’’ sans
construction particulière qui ne consolide pas le lien avec les cultures francophones.
‘’Nous sommes Québécois. Nous ne sommes pas européens et encore moins
français parce que nous sommes Nord-Américains’’. M’a-t-on
dit.
Et, je me suis demandé si le Québec en quête de son
indépendance pourquoi n’y a-t-il pas de symboles qui reflètent la lutte menée
par les descendants des Canadiens français, des patriotes et de ceux qui ont
été intégrés malgré eux au Canada Anglais. La réponse a été mais ce sont le fleurdelisé,
la devise « Je me souviens », la langue française. Le Patriote apparait deux
fois par an le jour de son anniversaire et le 24 juin couvert de son bonnet et portant
son fusil. Des amis, m’ont dit, il
y a eu une période où ‘’les écrivains, les chanteurs,
les artistes de toutes sortes, les compositeurs, etc. se sont mis à exprimer ce
désir de liberté.’’ Mais, c’est surtout du business.
Ayant
baigné dans la Révolution Algérienne de Novembre 1954 qui a mené à
l’indépendance de mon pays d’origine, il m’a paru bizarre qu’au Québec, la sensibilisation
et la mobilisation des Québécois se fait l’été lors des festivals durant
lesquels quelques chanteurs animent le parterre de présents. Personne parmi mes
proches ne connait l’hymne national du Québec. De quels échos il résonne. Sur quel
rythme il renforce le fait Québécois ? Tous savent qu’il n’existe pas. Même si quelques-uns m’ont
cité Gilles Vigneault et sa chanson qui nous invite à ‘’nous parler
d’amour ou mon pays c’est la neige’’. Les Catalans ; les
Kurdes … ont en un.
Les
symboles ont pour rôle de rappeler aux Québécois, que ce sont essentiellement les
valeurs qui les rassemblent, qui les unissent par la même histoire et les mêmes
traditions, le même pays, qui a accueilli leurs ancêtres et qui continue à
ouvrir ses bras à bien du monde. C’est le rôle des leaders et des
animateurs du mouvement national de dessiner les contours des symboles d’une
nation.
Ces
symboles singuliers sont des balises placées sur un oriflamme ou un drapeau, dans
un hymne, un poème ou un chant patriotique. Ce sont des couleurs, des images de
résistants en lutte contre le colonialiste et autres indus occupants. Ils
invitent à nous souvenir que des hommes et des femmes ont lutté pour que le
Québec soit une société distincte avec ses propres attributs.