28 nov. 2009

Un Numide en Amérique du Nord - 23 -

De ma sœur … à mon père …

Il aurait eu 100 ans aujourd'hui

De cette nuit où la longue Dame voilée de nacre noire était venue me chercher, de cette nuit, le souvenir est ciselé. Elle avait avancé vers moi ses mains froides et transparentes, déposé d'énormes galets dans ma bouche et transformé mes bras en granit dur et morcelé.
Elle voulait m'emporter dans son ascension vertigineuse. Le ciel était à ma portée. Mes trémoussements de fillette fragile hurlèrent non ! 
Mon cri étouffé fut entendu de ma mère, qui réveilla mon père : "elle a encore un cauchemar".
Il se leva, franchit le seuil de ma chambre d'enfant solitaire à moi offerte trop tôt. Il appliqua sa main sur mon front, récita son verset miraculeux.
La longue Dame s'éloigna discrètement, puis disparut dans l'encoignure la plus obscure de ma chambre. Ma mère me prit dans ses bras : "j'avais des cauchemars aussi à ton âge" Elle ne savait pas alors que, comme elle, au même âge, j'allais être orpheline de mon père.
Le corps du père avait remplacé le mien auprès de la froide créature voilée de nacre noire.
"Le verset du trône" m'avait restitué ma navigation morphique jusqu'au matin chargé de sons. La voix de mon père récitant le verset miraculeux ne m'a plus jamais quittée.
Mais j'ai besoin parfois, encore aujourd'hui, de sentir sa main sur mon front.

Beïda Chikhi
Paris, 21 février 2009

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