Moi, mes souliers racontent
Nous avons été aspirés par la
mondialisation -4-
Et voilà, nous sommes en
avril 2015, à la même époque en 1962 apparurent des ‘’militants’’ qualifiés de ‘’Dizneufmarsistes’’ ; ils n’ont
jamais été au maquis mais semblaient savoir ce qui allait se passer dans les
premières semaines de ce printemps avant l’été de l’indépendance. 52 ans après
la signature des accords d’Évian …. Bien des questions restent posées sur
l’État de cette jeune Nation que d’aucuns vouent à une autre explosion
populaire, durant ce même mois d’avril 2015, tant les paramètres variables
semblent devenir ingérables et que les incertitudes aussi bien nationales,
régionales, qu’internationales se font de plus en plus persistantes. Les ‘’valeurs et autres constantes révolutionnaires’’
ressassées depuis plus d’un demi-siècle n’accrochent presque plus personne.
Récemment encore, je discutais avec des jeunes (35 à
40 ans) d'un épisode de la Guerre de Libération Nationale et je leur disais que
la même attention, le même intérêt, étaient portés par tous les algériens quels
que fussent leurs origines, leurs régions, leurs statuts, exception faite de
ceux qui ont choisi l'autre camp, que ce soit en toute connaissance de cause ou
par ignorance, après 20 minutes d'écoute j'ai cru qu'ils étaient fatigués par
mon discours. Bien au contraire, ils ont
posé d’autres questions et j'ai pour toute réponse plausible mais aussi pour
les rassurer et les mettre en confiance, tirer les trois tomes d'El Moudjahid
de la Révolution. Ils les feuilletèrent en s’arrêtant pour lire des paragraphes
entiers. L’un d’entre-eux me demanda si la révolution avait été faite en arabe
ou dans les deux langues, arabe et français ? Je répondis que les
réflexions, les analyses, les rapports, les chartes, les documents officiels
ont toujours été pensés en Algérien mais leur rédaction s’est faite en français.
Alors, il prit la décision de faire des recherches et de m’emprunter les trois
tomes d’El Moudjahid. Il me dit qu’il allait s’organiser pour organiser une
présentation lors de rencontres avec ses amis québécois. Il pense même
organiser des conférences... qui se tiendraient à Montréal.
Pour aller dans le même sens, récemment encore
quelqu'un me demandait avec sagesse ''Oui Ferid. Il faut être fier de ce qui a été réalisé par les Algériens.
Mais alors pourquoi sommes-nous si nombreux à être partis? C'est comme si
ma réponse était déjà prête. En fait, j'y avais pensé depuis des années, mais
jamais je n'ai pensé que ça serait un compatriote qui me la poserait. Elle
consiste en ces quelques mots : ‘’la
réponse, en ce qui me concerne, réside dans le fait que nous avons été aspirés,
beaucoup plus, par la globalisation que par les effets de la décennie noire ou
encore par la crise morale qui n'a pas été anticipée par les survivants de la
révolution de Novembre 1954 ou tout au moins qui a été entretenue par les faux
héritiers, falsificateurs et autres effaceurs de la mémoire collective...''
En fait, et sur une autre page du même registre,
j’estime qu’au plan institutionnel il existe un vrai problème de fond et rien
ne changera tant que la constitution ne le prend pas en charge. Ce problème réside dans la définition, non
pas et seulement, du PEUPLE ALGÉRIEN… Qui est-il ? D’où vient-il ? Où
va-t-il ? Et Surtout de qui est-il composé ? Mais aussi du CITOYEN : Qui
est-il ce citoyen algérien ? Que veut-on faire de lui ? Où
veut-on le mener ? Et où, par lui-même, va-t-il aller ? Il faut croire que tant que ces questions
n’ont pas trouvé de réponses pertinentes, l’Algérie et les Algériens iront
d’errements en errements au lieu d’aller sur un chemin balisé.
Ferid Chikhi