Québec : Les immigrants et leur employabilité !
La parenthèse du
Covid19 n’est pas encore fermée que trois sujets se révèlent redondants tant
leurs liens sont enchevêtrés et pérennes. Il s’agit des seuils d’immigrations,
de l’employabilité des immigrants et des déficits en main d’œuvre notamment en
régions.
Selon la lecture de quelques
études accessibles au commun des mortels les trois thèmes ne vont pas dans la
même direction. Il apparait clairement qu’ils ont la
même caractéristique,
celle d’être élaborés en silos c’est-à-dire indépendamment les unes des autres,
même s’ils sont cités dans les bibliographies. Par exemple, les études sur la
démographie ignorent celles de l’économie et il en est de même de toutes les
autres. Donc, les recommandations et autres observations ne portent pas vers le
même horizon surtout lorsqu’il s’agit du facteur humain. Celui-ci, suggère que
les approches gagneraient à être interreliées.
Un fil d’Arianne pour sortir du labyrinthe !
Or, toutes les parties concernées
par l’immigration iraient de l’avant si elles considéraient avec intérêt le
fait que la sortie du labyrinthe où elles sont confinées requiert des politiques
en adéquation avec les attentes des uns et des autres. Le gouvernement de la CAQ tente de le faire, mais ses objectifs ne seront atteints que si
les solutions créent des synergies partagées par tous afin que le fil d’Arianne
mène à l’issue espérée.
L’enthousiasme avant l’arrivée et les premiers mois après l’arrivée.
L’immigration,
qu’elle soit volontaire ou non, est un projet qui se vit au jour le jour et en
parallèle de la vie régulière que chaque candidat au changement assume avec les
angoisses, les appréhensions, les frustrations et les peurs probables et
improbables au fur et à mesure que le projet progresse. Que ce soit dans
l’anonymat ou au vu et au su de tous ce projet se vit selon le cadre de
références imposé par le pays d’accueil. Une fois rendu à destination, le
nouvel arrivant poursuit la quête de son bien être en mesurant les multiples
embûches qui parsèment son chemin et l’une des premières est l’emploi.
Vous
n’avez pas d’expérience du Québec !
À
titre indicatif, demandons-nous, quel est l’immigrant en provenance d’Afrique
du Nord, d’Amérique du Sud, d’Asie ou du Moyen Orient à qui il n’a pas été dit
: ‘’vous avez les qualifications et les
compétences requises mais vous n’avez pas d’expérience québécoise’’ ou
encore ‘’vous êtes surqualifié, le poste
ne demande pas autant de compétences. Si un poste qui répond à votre profil se
crée nous vous contacterons’’. Le comble est sans doute l’exigence de
connaitre l’anglais ou l’espagnol pour des emplois d’usine en région, mais
aucun employeur ne voit que bien des immigrants parlent au moins deux langues. C’est dire comment se sentir assis sur une
scie de bûcheron.
Requalification
et reconstruction
Avec le temps, nous
observons que les valeurs professionnelles auxquelles émarge l’immigrant
équivalent en partie celles de l’employé québécois qui est dans son milieu
naturel. Une mise en adéquation pourrait limiter les conséquences en matière
d’attitudes et de comportements. Par ailleurs, parmi les règles imposées celles des ordres professionnels pourraient être
ajustées sachant que le
non-emploi de l’immigrant est une porte ouverte à des effets négatifs dont les
plus significatifs sont l’érosion de son potentiel de travail, la difficulté de
maintenir son niveau de productivité et le pire de tous, les effets sur sa
santé mentale.
La formation comme tremplin !
D’autres solutions sont préconisées.
Il est souvent question de la formation - en plus et hors les nouveaux programmes du MIFI[1] et du ministère de l’Emploi parmi lesquels le PMAT[2] - mais elle concerne surtout la
francisation. C’est à ce niveau qu’une autre option opérationnelle
pourrait être envisagée et ferait que l’entreprise adapte et transforme la période de probation en un cycle court d’apprentissages
de connaissances pratiques sur le plan professionnel. Une formation doit être
envisagée, l’histoire industrielle de la région et celle de l’entreprise dans
le réseau des PME, sa place sur le plan sociétal, dans le tissu industriel et
socioéconomique, son apport à l’environnement, ses perspectives de
développement, en tenant compte de ses réseaux de concurrents et de
fournisseurs. Cela augmenterait pour chaque nouvel arrivant son sentiment d’appartenance
à la culture industrielle du Québec. À cela viendraient s’ajouter des programmes
conjoints entre le ministère de l’emploi, les
associations des gens d’affaires et les chambres de commerce qui sous-traiteraient
ces ateliers de connaissances pour les entreprises de moins de 25 employés.
La régionalisation : Pourquoi pas une voie express ?
La régionalisation est à la mode. La délocalisation des nouveaux arrivants qui débarquent à Montréal qui considèrent que leur objectif est atteint, même si elle se
Alors, pourquoi, les réflexions
concernant l’insertion socioprofessionnelles et l’intégration socioculturelle
se font-elles encore en vase clos ? Le MIFI et le Ministère du Travail,
ont-ils pensé à la mise en oeuvre (en amont et en aval du processus de
sélection) ‘’d’une voie
express avec un guichet d’accueil’’
de l’aéroport vers les employeurs en régions comme cela existe déjà pour
l’agriculture ? Le tout sans porter atteinte à la liberté de mouvement de
l’immigrant. Ce dernier apprécierait une présence plus dynamique et avisée du
MIFI avant et à son arrivée au Québec. C’est ainsi que se bâti le sentiment
d’appartenance.
Ferid R. Chikhi
[1] Ministère de l’immigration, de la francisation et de
l’inclusion
[2] Programme d’apprentissage en milieu de travail