Langue française au Québec : Le projet de loi
96 est-il bien ficelé ?
La commission parlementaire de l’Assemblée
nationale poursuit ses travaux d’ajustement du projet de loi 96 sur la langue
officielle et commune du Québec, le français. Ce sont surtout les avis de
juristes et autres constitutionalistes qui sont les plus entendus. Les
sociologues, les enseignants, les écrivains, etc., ne se bous culent pas au
portillon. Loin de combler ce manque le propos qui suit mentionne de manière
succincte quelques aspects et paramètres devenus presqu’invisibles même s’ils
nous heurtent tous les jours.
En 2012, des indicateurs de l’OCDE, soulignent que
la fragilisation de la langue française au Québec est probante. Cette alerte a
été donnée parce que le niveau de compétence en littératie de la population
Québécoise était déjà, à ce moment là, très faible pour un pays faisant partie
du G8. Bien entendu n’importe qui de sensé se poserait des questions aussi
légitimes que celle qui consiste à se demander, entre autres, si la prestation
de l’éducation nationale et de l’enseignement du Québec de l’école primaire au
collégial est qualitative ?
L’analphabétisme, l’arme de destruction massive du Français
Donc, dès 2012, L’OCDE nous dit que ‘’… le Québec
compte 53,2 % de sa population âgée entre 16 et 65 ans qui aurait de graves
problèmes de littératie… La province serait ainsi 9ième au
pays, loin derrière le Yukon (44,4 %), l’Alberta (44,9 %) et
l’Île-du-Prince-Édouard (45,3 %).’’ Loin de se stabiliser ou de s’améliorer la
situation ne ferait qu’empirer. Il est vrai que le gouvernement provincial
tente de colmater les brèches parce qu’il s’agit de la langue nationale
première. En revanche, le gouvernement fédéral place des embûches partout où
cela lui est possible en privilégiant la généralisation de la langue anglaise
en conséquence de quoi c’est toute la société d’expression française qui en
pâtit.
Des agressions multiformes
Comme toutes les langues hégémoniques, l’anglais en
est une qui ne tolère aucune autre langue à côté d’elle, sauf si elles sont
correctement régentées : voir en Belgique ou en Suisse. Le bilinguisme a
toujours été favorable aux langues dominantes.
Dans le champ de la pratique quotidienne le
français est doublement ostracisé d’une part par l’océan anglophone et d’autre
part par les langues minoritaires que le multiculturalisme défend au nom d’une
soi-disant liberté due aux locuteurs allophones. Ces derniers parlent des
langues d’importation qui diminuent l’influence et la pratique du français par
des déformations tout à fait naturelles qu’ils véhiculent (prononciation,
syntaxe, et autres règles grammaticales non respectées).
Une autre infiltration perfide est celle de
l’affichage. En effet, la communication visuelle est souvent suggestive. Les
règles en la matière doivent être bien réfléchies sans quoi ce qui est écrit
dans une autre langue véhicule forcément un message, y compris, idéologique, du
genre : Sushi, Émir, Halal ou Casher, etc. La question est de savoir si
l’affichage peut être autorisé en alphabet Latin et porteur d’un message avec
un signifiant français ou non ? Le tout étant de veiller à ce que
l’affichage en langue étrangère ou en alphabet latin soit contrôlé.
Le Québec une future tour de Babel
Comme souligné plus haut, les langues des
immigrants sont mises de l’avant par un multiculturalisme ghettoïsant, plaçant
les cultures d’importation dans des silos sans risque de communiquer entre
elles et de se mêler les unes aux autres. En poussant au ‘’parcage’’ des
immigrants, dans des quartiers où ils peuvent se retrouver entre eux, on les
éloigne de la société francophone d’accueil et d’une amélioration constante et
permanente du vivre ensemble. Avec de telles pratiques, les langues
d’importation deviennent des langues qui encerclent le français et
l’affaiblissent pour finalement le réduire définitivement. Sous peu, la belle
province deviendra une tour de Babel où chaque individu ne saura plus parler
aux autres.
Certes, le projet de loi 96 ne fait pas l’unanimité
en ce qui à trait aux ajustements nécessaires et suffisants à même de renforcer
la pratique de la langue française. Par exemple, rien n’est dit au sujet de ces
langues mineures et d’importation. Pourtant, elles sont une nouvelle richesse pour
le patrimoine culturel du Québec. Leur imposer des espaces d’expression naturel
serait judicieux et utile pour les communications avec les communautés ethno
culturelles sans compter qu’elles peuvent constituer des barrières de
protection pour le français. Ce qui se fait chez notre voisin du sud serait
intéressant à explorer.
L’enfermement
Un autre aspect de la pratique de la langue
première au Québec est celui de l’enfermement dans lequel elle se trouve.
En fait, l’une des faiblesses observées réside dans l’occultation de
l’enseignement de l’histoire du Québec. Il en résulte que les jeunes
générations ne connaissent pas le rapport de la population à sa propre langue. Dans
un passé récent, quelques leaders politiques se sont fourvoyés en préconisant
une ‘’langue Québécoise’’ bien entendu dérivée du français, malheureusement infiltré
par des expressions anglaises ; certains diront que c’est correct pour la
langue parlée, alors qu'en réalité cela vulnérabilise la langue matrice.
Enfin, la régionalisation de l’immigration sans un
plan stratégique prenant en considération le français dans toutes ses
dimensions est un autre danger dissimulant plusieurs pièges nocifs. Nous savons
que la démographie des régions est dans le creux de la vague, en témoigne la
pénurie multiforme de main d’œuvre. Pour combler les déficits, il est fait
appel à une régionalisation de l’immigration. Ce plan est porteur des germes de
le ‘’défrancisation’’ en ce sens que, d’une part, les seuls immigrants qui vont
dans les régions sont ceux qui sont importés occasionnellement pour
l’agriculture. Ils sont presque à 100% hispanophones. Leur francisation est
partiellement au programme et, que d'autre part, l’immigration économique
orientée vers les régions se situe, à peine, entre 40 et 60% des francophones
accueillis.
Des politiques de francisation et d’éducation sans vision à long terme
Sur le terrain des opérations, le temps des combats
perdus d’avance et l’illusion du budget de la francisation sont perçus différemment
dans le RoC et la Belle Province. Nous savons que toutes les langues ont une
durée de vie : elles naissent, elles croissent, elles vivent, elles
s‘enrichissent puis elles décroissent et finissent soit par sommeiller soit par
être cachées et finalement elles disparaissent. Les exemples du Grec, du Latin
et … bien d’autres langues nous le rappellent constamment.
Dans le RoC le bilinguisme est officiel mais la
langue vraie, la langue officielle est l’anglais et rien n’est fait pour
développer le Français même comme langue seconde. Comme le Québec est une
exception au sein du Canada et de l’Amérique du Nord, une seule langue
officielle doit être institutionnalisée. Le Français. L’anglais ne doit être
enseigné et pratiqué qu’en cas d’un besoin impérieux ou comme langue seconde au
même titre que toutes les autres langues, dans ce cas la justification des
peuples fondateurs doit être nulle et non avenue.
En conclusion
Le gouvernement œuvre pour ajuster les déficits, cependant, l’offre du projet de loi (96) est en deçà des aspirations de la société Québécoise francophone tant que des mécanismes de protection et de développement de la langue de tous et parlée par tous ne sont pas mis en pratique. C’est aussi en développant tous les domaines de l’éducation, la dispense d’apprentissage dans une langue pure ainsi ceux de la culture Québécoise au double plan qualitatif et quantitatif, que l’expression des locuteurs sera appréciée et que la communication s’améliorera.
Ferid Racim Chikhi