La liberté
d’expression au Québec, un joyau toujours menacé
Au
Québec, une avancée certaine, en matière de protection de la liberté d’expression
a été opérée grâce à l’écoute de la Ministre de la Justice. Elle a retiré la
partie – I – de son projet de loi 59 portant sur ‘’la prévention et la lutte
contre les discours haineux et les discours incitant à la violence…’’
Le
bon sens a donc primé et l’écoute des personnes, des organisations, des institutions
a fini par ouvrir une ère nouvelle en matière de rapprochement des citoyens.
VCela est d’autant plus important que selon l'article 19 de la Déclaration
universelle des droits de l'homme de 1948 : « Tout individu a droit à la
liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre,
sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit. ». AQNAL a applaudi e se dit soulagée
de cette sage décision. Ci-après le texte de sa déclaration publiée le 30 mai
2016.
Dangereux parallèle entre
radicalisation et islamophobie
La
ministre de la Justice Mme Vallée, vient d’annoncer l’abandon de la partie I du
projet de loi 59 portant sur les discours haineux. Au nom de l’Association
Québécoise des Nord Africains pour la laïcité (AQNAL), nous nous disons soulagés
de cette sage décision. La liberté d’expression est la condition première d’une
démocratie saine, où tous les citoyens peuvent s’exprimer sans crainte de
dénonciations anonymes.
Lors
de notre présentation en commission parlementaire en septembre 2015, nous
avions exprimé notre vive inquiétude face à la censure abusive qu’entrainerait
cette loi, au nom de la lutte au racisme et à l’islamophobie. Cette
inquiétude était justifiée, entre autres, par le contexte choisi de la sortie
de ce projet de loi, coïncidant avec celui de la mise en place du plan
d’action gouvernemental sur la radicalisation au Québec. Ce
plan d’action faisait un dangereux parallèle entre la radicalisation et la
montée de l’islamophobie. Non seulement ce parallèle est non-fondé - les
attentats terroristes ayant lieu dans les pays arabes sont-ils provoqués par l’islamophobie
? – mais surtout il entraine un climat d’autocensure idéal permettant aux
mouvements radicaux d’imposer leurs diktats en toute quiétude.
En restreignant la liberté
d’expression, faute de riposte adéquate, les promoteurs des discours haineux à
référent religieux ont la voie libre pour séduire et leurrer encore plus les
enfants et les jeunes adolescents.
En effet, ce ne
sont pas les citoyens démocrates en accord avec les valeurs progressistes d’un
Québec moderne qui dénoncent les discours haineux, mais bien ces groupes pratiquant
le communautarisme et ces islamistes utilisant les failles de nos lois démocratiques
afin de faire avancer leur agenda politique. En témoigne les poursuites-bâillon
déjà amorcées au Québec contre des militants laïques.
Les pièges de la lutte à l’islamophobie
AQNAL
se réjouit donc que la partie « discours haineux » du projet de loi 59 soit
enfin retirée. Il n’en reste pas moins que les attaques contre la liberté
d’expression au Québec sont nombreuses, et nous appelons les responsables
politiques et la société civile à rester vigilants.
Nous
nous inquiétons tout particulièrement de la récupération politique des notions
de racisme dont l’islamophobie, épouvantail utilisé pour bâillonner les
citoyens, y compris les musulmans, qui oseraient critiquer l’islam. Ces
accusations de racisme relèvent d’un groupe minoritaire au discours victimaire
qui use d’intimidation pour détourner la population des vrais problèmes,
laissant ainsi la voie libre aux extrémistes de tous bords.
Par
cette attitude victimaire, revendicatrice, culpabilisante, ce
sont ces représentants autoproclamés des communautés qui ont fini par créer ce
climat de suspicion et d’antipathie à l’endroit de pans entiers de citoyennes
et de citoyens.
Impact des accommodements religieux
Ce
sont également les demandes incessantes d’accommodements religieux émanant de
groupes d'islamistes, qui entendent imposer leur mode de vie d’un autre temps,
qui causent du tort à tous et compliquent l’insertion professionnelle
d’immigrant-e-s originaires de pays musulmans.
Pourtant,
annoncé le même jour que le projet de loi 59, le projet de loi 62 vise à enchâsser
ces accommodements, dits raisonnables, dans une loi. C’est pourquoi, à la
veille de la reprise des travaux sur le projet de loi 62, nous demandons que
des enquêtes et des études approfondies soient menées afin d’évaluer l’impact réel
des accommodements sur l’insertion socio-professionnelle des immigrants.
Nous
réitérons notre grand soulagement à l’effet que la partie I du projet de loi 59
portant sur les discours haineux soit retirée. Quant à la partie II visant à
favoriser la protection des jeunes, notamment contre les mariages forcés et les
crimes d’honneur, nous la soutenons et appelons à la renforcer, car nous la
jugeons insuffisante et en deçà des besoins des populations à risque.
Nadia El-Mabrouk,
Leila Lesbet,
Ferid Chikhi.