Le Québec : L’indépendance d’un pays et la libération de
ses citoyens -III-
Seuls
les peuples qui ont soif de liberté, ceux qui savent ce que l'aliénation
identitaire veut dire, seuls ces peuples savent puiser dans leurs entrailles la
volonté d'offrir aux générations futures un pays indépendant.
Québécoises ! Québécois ! Levez-vous ! Unissez-vous ! Assumez-vous !
Depuis, la dernière victoire - avril
2014 - sans appel des libéraux, beaucoup de citoyens, de politiques, de
militants de tout bord, considèrent que l'économie mène tout et mène à tout.
Tous se sont laissés séduire par cette conception qui voudrait qu’un pays
fonctionne si son économie fonctionne. Or personne ne l’ignore, elle mène tout
droit au mur.
Cette économie qui est présentée comme
l’épine dorsale des sociétés développées enrichit quelques-uns au détriment de
pans entiers de la population. C’est le nouvel instrument de domination
mondiale des ultras libéraux et leurs petits frères libéraux tentent de s’en
servir pour modeler une société rampante, aux ordres des plus nantis, acceptant
de se soumettre au diktat de prédateurs de la finance internationale sans savoir
ou cela peut mener et comment en sortir. À un moment ou à un autre la carte de
crédit, elle aussi, ne vaudra rien.
Selon bien des analystes et des
observateurs avertis, ce qui est le plus effrayant, c’est que l’éducation, la
santé, la culture, le social et l’environnement ont été positionnés comme
dépendant directement de l’économie au point où le citoyen n’a plus
l’instruction et le savoir-faire rationnel qui le préparent à comprendre ce que
ses gouvernants lui font faire ; il n’a plus la santé qui le renforce et le
consolide pour faire face aux maladies, aux épidémies et autres
pandémies ; il ne sait plus comment agir face aux dérives de la met
navigation à vue de la mauvaise gouvernance, que plus personne ne contient et
il ne sait plus quoi penser d’un budget social qui se déprécie de plus en plus au
lieu de l’inviter à se solidariser et à vivre avec ses semblables dans un
bien-être approprié et dans un monde qui fragilise la terre nourricière soit
par son exploitation outrancière soit par un laisser-aller dans le pillage
inconsidéré de ressources naturelles qui une fois extraite fragilise encore
plus un environnement qui n’a pas encore réagi pour se défendre.
C’est là que la conception et l’énoncé
clairs d’une plateforme d'idées rassembleuses avec des principes et des
objectifs bien réfléchis et bien définis deviennent une nécessité vitale pour
ceux qui veulent libérer un pays, lui donner son indépendance et lui octroyer
la plénitude d’une gouvernance tant rêvée.
C’est connu, d’autres peuples l’ont
vécu : plus ils se résolvent à vivre dans le confort matériel que l’aliénation
identitaire et culturelle leur confère, plus ils se dispersent et se divisent.
Plus ils tardent à décider de leur devenir, plus leur émiettement et leur
atomisation se matérialisent. Afin d’y remédier l’essentiel est d’initier et de
formaliser la sensibilisation aux objectifs assignés pour réaliser le futur
pays et définir le profil du nouveau citoyen dans un monde en devenir.
Même
si la liberté n'est pas totale, c'est la nôtre et le pays est devenu le nôtre
Le Québec, les Québécoises et les
Québécois pures laines, de souche ou les nouveaux venus d’ailleurs, doivent
méditer le parcours et le chemin suivi par des pays qui ont été pendant des
décennies si ce n'est des siècles soumis au joug colonialiste : Le Viet Nam
(ancienne Indochine) et l'Algérie sont des exemples à revisiter.
Je viens de ce dernier pays.
Lorsqu'après 132 ans d'occupation, d'aliénation culturelle et identitaire - je
suis né colonisé et il m’a été enseigné que mes ancêtres étaient les Gaulois - lorsqu’un
groupe de jeunes militants - moyenne d’âge 25 ans - a décidé de mettre à la
porte le colonialisme français tout est devenu possible, j’étais encore gamin.
Mais, à 5 ans, un enfant ne l’est plus lorsqu’il entend ses aînés parler
d’indépendance, de libération, de lutte, de bataille, de combat, de
militantisme. À cinq ans, un enfant est conscient que quelque chose de nouveau prend
place dans l’environnement familial, le voisinage, la rue. Le reste, il le
découvre au fur et à mesure que le temps passe.
Le temps est passé et une fois chassé
et dépossédé de ce qu’il s’était octroyé indûment, le colonialisme a laissé un
pays exsangue, des caisses vides, un peuple presque sans culture et sans
identité mais avec une mémoire. La joie, l’euphorie, la détermination, la résolution,
la volonté et l’énergie impulsées par l’objectif final atteint comme de rigueur
ont rassemblé des jeunes (avec à peine le niveau du secondaire V pour la plupart
et quelques diplômés de niveau collégial et universitaires) de reprendre le
flambeau. Le résultat ultime est un pays libéré et indépendant. Le Québec est
dans une meilleure posture par ses intelligences. Bien entendu, d'aucuns diront mais
alors qu'en avez-vous fait ? La réponse est simple même si la liberté n'est pas
totale, c'est la nôtre et le pays est le nôtre. Nous en faisons ce que nous en
voulons et plus personne ne nous imposera de faire autrement que ce que nous
voulons faire, mal ou bien, ce sont les générations futures qui nous jugerons,
qui le prendront en charge et en ils en feront ce qu’elles voudront.
Certes, l’ère des révolutions armées n’a
plus cours. Ces révolutions ont été portées par des militants déterminés à
réaliser les indépendances. Ils ont pris sur eux de se parler pour s’unir, de se
rassembler et de sacrifier corps et âmes pour l’indépendance de leurs pays et
la libération de leurs peuples. Ce sont nos martyrs. Oui ! La situation au
Québec est bien différente. La Belle Province a réinventé et mis à jour la ‘’Révolution
Tranquille’’ mais une question subsiste : jusqu’où ses militants sont-ils prêts
à aller pour l’habiller de la belle étoffe de l’émancipation ?
Les générations futures seront sans
pitié lorsqu’elles constateront que le potentiel d’indépendance a été dévié de
sa trajectoire au point ou la libération du pays n’a jamais été effective, que
les libertés ont été restreintes et brimées, que les valeurs sociétales ont été
dévoyées, que la culture des ancêtres a disparu et qu’elle a été remplacée par
de nouvelles qui sont régressives, que l’identité originelle n’est plus que
l’ombre d’elle-même, que la langue n’a pas été préservée, que les valeurs
d’entraide et de partage qui ont été, depuis plus de 400 ans, le ciment entre
les individus et y compris avec les autochtones ont été remplacées par celles
de l’argent et du confort individuel et personnel.
Il reste à espérer que s’il est vrai
que le Québec est comme un caillou dans la chaussure du Canada, il appartient
aux Canadiens de s’en débarrasser et si ce n’est pas le cas, alors aux
Québécoises et Québécois, Levez-vous ! Unissez-vous !
Assumez-vous !
Ferid
Chikhi