Le Hirak et le système Algérien
Depuis le 22 février 2019, l’Algérie vit
au rythme des marches pacifiques du Hirak. Mouvement citoyen qui s’est érigé
contre la candidature à un 5ième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika.
Un système ne disparait pas mais se
transforme.
Puis voici que le système s’organise et
mobilise ses commis pour organiser des élections présidentielles. Il les qualifie
de libres et convie le peuple et les candidats potentiels à en faire une
réussite pour une Algérie nouvelle. Mais, les Hirakistes les ont rejetées
montrant leur défiance à l’endroit de ceux qui gouvernent le pays, disons-le
sans détours, avec beaucoup de maladresses mais avec une dose ‘’inappropriée’’ d’intelligence
et une subtilité bien assise. Le pouvoir connait très bien la physionomie
sociologique de l’Algérie. Il sait qu’une grand partie du peuple n’est pas acquise
au Hirak et selon ses estimations les élections qu’il organise sont porteuses d’un
renouveau en dépit de la récusation des Hirakistes.
Avant d’aller plus loin, un bilan
sommaire de l’apport et des effets du Hirak sur la gouvernance de l’Algérie montrent
que des objectifs ont été atteints en dix mois de marches et de manifestations tranquilles,
sans heurts mais avec une détermination militante sans accrocs. Du président
malade en passant par les premiers ministres tous acquis au régime en place mais
ayant en majorité bafoué les règles élémentaires de l’intégrité, de l’honnêteté
et de l’engagement envers la nation, sans omettre les ministres véreux et les
électrons voyous, les corrupteurs indéboulonnables, les affairistes corrompus
et les commis de l’État ayant franchi sans gêne la ligne rouge que leur imposaient
leurs fonctions … Bien du monde est tombé, y compris parmi la hiérarchie
militaire, le tout à la demande du Hirak. Il ne faut pas aussi ignorer les initiateurs
du Hirak. Seuls quelques hommes et femmes innocents ont fait les frais de leur enthousiasme
à soutenir le Hirak, pensant peut- être, bénéficier de la protection de leur
intégrité et de leur engagement révolutionnaire. C’est ainsi qu’un Bouregaa ou
un Benhadid constituent des repères non négligeables dans les erreurs que
commet ou peut commettre le pouvoir en place.
Il reste qu’une des demandes capitales des
Hirakistes, celle de voir le système remplacer dans son ensemble n’a pas été
acquise et encore moins accordée, et je doute que l’objectif soit atteint, du
moins pour le moment.
Perspective de changement : les prochaines
élections
Avec la nomination d’Abdelaziz Djerrad,
une autre voie s’ouvre pour sortir de l’impasse et le Hirak, devra en tenir
compte. Il pourrait réfléchir à sa participation dans la préparation des
prochaines élections législatives. Dans un précédent blogue, j’avais écrit que
le Hirak comme tout mouvement citoyen doit aborder le nouveau contexte avec
de la fermeté mais aussi de la flexibilité. Cela semble un paradoxe. Ça l’est,
mais il y a toujours un moment où la militance doit faire place à la politique,
à la diplomatie, au doigté, à la négociation. Le pire serait de laisser la
place des discussions aux ‘’vautours’’ qui se sont fait voir durant les
diverses manifestations populaires et qui dans les faits sont eux-aussi des
relais du régime en place ou des électrons manipulés. L’échange pour des arrangements, des accords et des
engagements citoyens n’est pas l’apanage de tout le monde mais reste celui de
quelques ‘’ esprits libres ’’. L’essentiel étant de procéder à une véritable
rupture et pour ce faire, le temps est venu pour les Hirakistes d’organiser,
pourquoi pas une convention nationale partant de rencontres locales et
régionales, y compris parmi l’émigration. La conférence avec les représentants
du pouvoir peut attendre le printemps et les mardis et vendredis prendront plus
d’ampleur tout au long du processus d’organisation. Les prochaines législatives
seront le point de non-retour : Ou le Hirak persiste à aller de l’avant
sans perspective ou alors il tire son épingle du jeu en se préparant pour participer en force aux légilsatives et une nouvelle Algérie apparaitra
dans le paysage national et international, même si des recyclages seront
nécessaires.
Ferid Chikhi